Le 26 mai 2022 dernier, la cinéaste congolaise Monique Mbeka Phoba animait au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles une « masterclass » consacrée à « la place des femmes dans la rumba congolaise », cette musique qui berce les deux rives du majestueux Fleuve Congo inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis le 14 décembre 2021 par l’Unesco.
Avec une histoire déjà très riche, cette musique qui a traversé siècles et frontières tout en se modernisant est une consécration que les Congolais des deux côtés du fleuve attendaient depuis des années. Son impact aujourd’hui dépasse le seul cadre musical : elle est au cœur même de la vie congolaise, que ce soit en République Démocratique du Congo (RDC, Kinshasa) ou en République du Congo (Brazzaville) d’en face.
À toutes les occasions, elle résonne dans les deux capitales. La rumba est une véritable identité nationale sur les deux rives du fleuve Congo.
« Elle est considérée comme une partie essentielle et représentative de l’identité du peuple congolais et de ses populations de la diaspora. Elle permet également la transmission de valeurs sociales et culturelles de la région, mais aussi la promotion d’une cohésion sociale, intergénérationnelle et solidaire », peut-on lire sur le site de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
Avec sa « masterclass » de Bruxelles de mai dernier, Monique Mbeka Phoba voulait mettre en relief la place des femmes dans cette musique. Un évènement certes important pour les deux Congo mais aussi pour les diasporas congolaises et particulièrement pour la communauté congolaise de Belgique.
Car si l’on nomme spontanément, à propos de la rumba, de nombreux noms masculins comme Kabasele Tshiamala, Franco Luambo Makiadi, Tabu Ley, Papa Wemba, Koffi Olomide ou Fally Ipupa ; les femmes sont à peine mises en lumière.
Pourtant, il y a eu non seulement des chanteuses adulées et de renommées, à l’instar de Lucie Eyenga Moseka, Abeti Masikini, Mpongo Love ou Mbilia Bel, mais aussi des femmes puissantes, qui, dans l’ombre, ont initié nombre de carrières d’icônes masculines de la musique congolaise.
« Les chanteuses Sylvie Nawasadio, Mama Wiva et Queen Makoma ont accepté de reprendre sur la scène de Bozar des chansons iconiques, pour illustrer la richesse du répertoire des femmes dans la rumba » souligne l’animatrice du jour. A leur côté et sous la direction de Philip Kanza avec sa guitare basse, Andie Kasongo, Costa Pinto Mbunda à la guitare et Cédrick Buya Musa aux percussions.
Cinéaste, journaliste, écrivaine, Monique Mbeka Phoba est autrice d’une dizaine de documentaires. Elle a notamment initié une masterclass sur la colonisation dans le cinéma belge.
Un clin d’œil pourtant, dans son documentaire « Revue en Vrac », co-réalisé avec feu Fred Mongu, en 1991 sur les premiers temps de la démocratisation politique au Zaïre après que Mobutu ait accepté la fin du régime du parti unique en 1990, Monique Mbeka Phoba m’accorde une apparition.
De ma rédaction au siège du Quotidien UMOJA sise Avenue Bukeye n° 29 à Matonge dans la commune de Kalamu, elle me suit dans la Salle du Zoo dans la commune de Barumbu où les opposants de l’Union Sacrée de l’opposition radicale (USORAL) sont réunis en congrès. Ce film sur les soubresauts d’une presse libre en pleine naissance sera diffusé sur les antennes de la Radiotélévision belge de la Communauté Française (RTBF) et sur TV5 Monde-Afrique. Un souvenir inoubliable !
Roger DIKU à Bruxelles
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