Par : Paulina Zidi
Il y a 25 ans cette semaine, le 7 septembre 2022, Joseph-Désiré Mobutu décédait au Maroc où il était depuis quelques mois en exil. L’ancien président congolais, qui s’appelait donc à l’époque de Zaïre, avait été chassé du pouvoir quelques mois auparavant après 32 ans à la tête du pays. Une période sombre de l’histoire du Congo marquée par un déclin économique, mais aussi une véritable brutalité. Un quart de siècle après sa disparition, que reste-il au Congo de celui qui s’était autoproclamé maréchal ? Élément de réponse avec Isidore Ndaywel, historien congolais, au micro de Paulina Zidi.
RFI : Le 7 septembre 1997, Joseph-Désiré Mobutu décédait en exil au Maroc, 25 ans après sa mort, que reste-t-il au Congo de l’homme qui a régné sans partage sur le pays pendant 32 ans ?
Isidore Ndaywel : Il reste bien sûr des souvenirs extrêmement précis, toute l’insistance sur l’unité du pays, sur le civisme, sur la fierté nationale, reste un héritage très fort de Mobutu. D’autre part, il y a l’insistance sur ce qu’il appelait l’authenticité, c’est-à-dire la prise en charge de soi-même, la valorisation de la culture locale reste également un acquis extrêmement important de Mobutu.
À quel point ces deux acquis ont été importants pour le Congo mais aussi pour l’Afrique de ces années 1960-1970 ?
Pour le Congo, c’est extrêmement important parce qu’on retrouvait là des éléments dont l’ancrage était plus ancien, qui revient, qui a déjà été porté par les théologiens catholiques, notamment par le cardinal Malula qui a insisté longtemps sur ce qu’ils ont appelé « l’inculturation », l’effort de considérer tous les éléments culturels du dehors à partir d’un regard local. C’est ce courant qui, finalement, a pris une tournure politique d’une certaine manière avec Mobutu, sous la sémantique de l’authenticité.
Mobutu a été chassé du pouvoir peu avant sa mort, en mai 1997. On le disait déjà malade à l’époque. Est-ce que cette maladie a été l’une des causes de sa chute ?
Oui, je pense que ça a été une des causes, mais pas l’unique. D’abord, le régime était devenu véritablement moribond. S’il a traîné, s’il a voulu jusqu’au bout rester au pouvoir, je soupçonne que c’était parce qu’il ne voulait pas laisser l’État congolais, zaïrois à l’époque, dans l’état où il était. Et il n’a pas été suffisamment conscient du fait que lui-même était un élément du problème.
Est-ce qu’il a aussi pris conscience avec la chute du mur de Berlin qu’il n’avait plus vraiment d’utilité pour les Américains qui étaient son principal soutien, et qu’ils risquaient de le lâcher ?
Oui et non. Tout de suite après dans les années 1990, il a inauguré ce qu’il appelait les consultations au cours desquelles il a aboli par lui-même le parti État. Mais par contre, il n’a pas pris conscience du fait que le lâchage était véritablement complet, et qu’on n’avait plus besoin de lui. Parce que vers la fin, il espérait encore que les Américains, et même la France du président, Chirac pouvaient lui venir en aide.
La période Mobutu a été marquée par des événements très violents, en 1966, il y a la pendaison publique de plusieurs ministres, la mort de Pierre Mulele en 1968. C’est ce qu’on retient aujourd’hui principalement de ces années Mobutu, cette brutalité, cette violence ?
Dans la mesure où nous avons eu une évolution de violence et de violence encore plus importante après avec toute la guerre que nous avons à l’Est, avec toutes les images macabres qu’on a depuis 1997, ces éléments-là sont quelque peu entrés en sourdine. Pour le moment, les Congolais sont davantage portés à dénoncer ce que vous savez très bien, ce qui s’est passé, ce qui se passe à l’Est, notamment tout le contenu du Rapport Mapping dont on parle moins sur le plan international.
Vingt-cinq ans après sa mort, finalement qu’est-ce que les Congolais retiennent de Mobutu, de quoi on a parlé ce 7 septembre 2022 lors des 25 ans de son décès ?
Sur l’anniversaire, on a très peu évoqué le fait de sa disparition 25 ans après, encore que le chef de l’État Tshisekedi a envoyé une délégation au Maroc, et qu’on ait reparlé au niveau des médias de la nécessité de rapatrier son corps. Mais le souvenir des Congolais, est qu’il a été un grand président du pays, dans la mesure où sur les 60 ans de la période postcoloniale, il y a eu quand même 30 ans du régime de Mobutu et ça ne s’efface pas ainsi dans la mémoire des gens, et on cherche même à faire en sorte que la RDC d’aujourd’hui retrouve l’envergure qu’avait à l’époque le Zaïre.
Article à lire sur : Isidore Ndaywel (historien congolais): «L’unité du pays, le civisme, la fierté nationale restent un héritage très fort de Mobutu» https://www.rfi.fr/fr/podcasts/invite-afrique/20220911-isidore-ndaywel-historien-congolais-l-unite-du-pays-le-civisme-la-fierte-nationale-restent-un-heritage-tres-fort-de-mobutu
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