Le Kenya et le Rwanda ont demandé au soir du vendredi 18 novembre 2022 l’arrêt des hostilités entre les forces loyalistes des FARDC et les supplétifs rwandais terroristes du M23. Cela sous-entend un cessez-le-feu immédiat avec le retrait des positions conquises dans l’Est de la RDC en province du Nord-Kivu.
Cette demande commune du médiateur Kenyan après sa tournée en RDC, l’ancien président Uhuru Kenyatta est soutenu par le dictateur rwandais Paul Kagame qui a toujours pourtant nié la présence de son armée aux cotés de ses supplétifs terroristes du M23. Elle intervient alors que les troupes loyalistes des FARDC semblent prendre le dessus sur les rebelles du M23 après avoir repris le contrôle de la ville de Kiwanja à côté de Rutshuru, à 70 kilomètres de la ville de Goma.
Alors que les @FARDC_off semblent prendre le dessus, le Kenya et le Rwanda demandent ce soir un cessez-le-feu et le retrait du M23 de l’Est de la RDC. Une demande a ne pas accepter pour le pays @fatshi13
— Roger DIKU (@Cwambuyi) November 18, 2022
La question qui reste est celle de savoir où iront ces terroristes rebelles.
Des combats à l’arme lourde ont fait rage à Kibumba dans le territoire de Nyiragongo, dernier verrou sécuritaire au Nord avant la ville de Goma ; l’intervention de deux avions des combats Sukhoi 25 congolais par des bombardements a fait reculer l’ennemis.
Pendant ce temps, la Monusco et l’armée congolaise multiplient des initiatives pour contrôler et surveiller les routes menant à Goma. Des patrouilles conjointes sont organisées particulièrement sur deux axes : celui qui va de Goma en direction de Sake, à l’Ouest, et celui qui relie Goma à Kibumba, au Nord. L’enjeu étant de stopper toute progression des combattants terroristes et de maintenir le dernier verrou sécuritaire qui leur permettrait d’atteindre Goma.
La guerre d’occupation et d’exploitation imposée par le Rwanda à la RDC depuis plus de 27 ans n’a pas encore dit son dernier mot que l’envahisseur demande un cessez-le-feu. Et l’on se demande pour quelle raison en ce moment précis au moment où les troupes de la Communauté de l’Afrique de l’Est se déploient dans le Nord-Kivu ?
Outres les dégâts matériels importants, les affrontements ont également provoqué des mouvements massifs de population, selon les derniers chiffres de Ocha. Le Bureau de la coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies évoquant un chiffre de plus de 262 000 déplacés dans le Nord-Kivu depuis le mois de mars dernier.
Toute chose restant égale par ailleurs, il serait du devoir du gouvernement congolais de refuser cette option en menant la contre-offensive pour « ramener la guerre » d’où elle venue, c’est-à-dire jusqu’au Rwanda s’il le faut. C’était la prédilection du feu le Colonel Moustafa Mamadou Ndala d’heureuse mémoire avant son assassinat dans la région de Beni le 02 janvier 2014 sur une route de forêt en province du Nord-Kivu vers un théâtre d’opération.
Acculé et en perte de vitesse, les terroristes supplétifs de Rwandan Defense Forces (RDF) du M23 disent réitérer leur « engagement à un dialogue direct avec le gouvernement congolais pour une paix durable dans notre pays ». Une option catégoriquement refusé par le Président de la République Félix Tshisekedi et Kinshasa qui ne veulent plus ni de brassage, ni encore moins d’intégration des infiltrés au sein de l’armée, la police et les forces de sécurité.
Du reste, à la séance plénière du mardi 08 novembre 2022, l’Assemblée nationale avait adopté la « recommandation portant interdiction d’intégration, brassage et mixage des rebelles au sein des FARDC et sécurité de la RDC ».
Pour l’analyste Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya, « La prétendue volonté des terroristes rwandais du M23 de vouloir négocier pour une paix durable est une manœuvre dilatoire. C’est une vieille technique bien rodée de l’ex-rébellion du Front Patriotique Rwandais (FPR) aujourd’hui au pouvoir à Kigali depuis plus de 27 ans qui consistait à engager des négociations avec la Minuar (Mission des Nations Unies au Rwanda) et le gouvernement rwandais tout en continuant les combats. C’est la fameuse technique du « fight and talk ». Le M23 voudrait obtenir un temps de répit pour se réorganiser et attaquer de plus belle. En ce moment, il est débordé par la puissance de feu des FARDC ».
Et de poursuivre « Paul Kagame commence à se rendre compte que plus l’offensive des FARDC est virulente, plus la société rwandaise se pose des questions sur les causes réelles des décès des soldats rwandais alors que le pays est censé être en paix. Cette situation montre à la société rwandaise quel est le vrai visage du leader rwandais. La société rwandaise se rend de plus en plus compte que malmener la RDCongo pendant plus de 25 ans a un prix à payer. Reste à savoir si elle est prête pour cela ». Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya conclut que « La riposte dure et sans pitié des FARDC montre au monde la détermination des nouvelles autorités congolaises à en finir une fois pour toute avec les terroristes. Partout en Occident le leitmotiv est qu’on ne négocie pas avec les terroristes. Pourquoi Kinshasa ferait-il exception ? Il y a un précédent sur lequel il s’appuie pour justifier son action. La RDCongo se défend et défend son territoire injustement attaqué et dont les populations de l’Est de sa République sont victimes d’exactions les plus graves depuis plus de 25 ans sous les yeux de la Monuc devenue Monusco. Le président Tshisekedi a pris le problème à bras le corps et donne une réponse musclée à Kigali qui ne s’attendait pas à une telle détermination de la part des autorités congolaises. Les FARDC doivent continuer à libérer leurs territoires occupés illégalement et pourquoi pas être ouvert à un échange avec divers émissaires. Kinshasa a également aujourd’hui compris la technique du fight and talk ».
Faut-il le rappeler que les relations demeurent très tendues entre le Rwanda et la RDC depuis la résurgence du M23 (Mouvement du 23 mars) qui, selon Kinshasa et tous les rapports internationaux, bénéficie du soutien de Kigali. La RDC ayant même expulsé fin octobre l’ambassadeur du Rwanda Vincent Karega depuis le 31 octobre 2022 dernier.
Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi