« Pas de négociation, dégagez ! », c’est le cris de colère des membres de la Société Civile Kinoise qui ont battu le pavé vendredi 18 novembre 2022 avec en tête les confessions religieuses et des anonymes pour dire « NON » à la « balkanisation » programmée et le « complot » de la communauté internationale contre la RDC. Chefs religieux, imams, pasteurs avec leurs fidèles, des militants et anonymes étaient dans la rue pour protester contre le rebelles terroristes supplétifs de l’armée rwandaise (RDF) laconiquement baptisés du label M23.
Commencée devant le Stade des Martyrs à un pas de l’Assemblée nationale, cette marche passée par l’Avenue des Huileries s’était terminée à l’entrée de la commune de Gombe, le centre administratif du pays déclarée « Zone neutre » où la police a stoppé la progression des protestataires : « Nous devons continuer la marche. Nous devons délivrer le message aux ambassadeurs (Occidentaux NDLR) », comme insistait un des manifestants.
Ce qui n’avait pas empêché un comité restreint de déposer à la mission des Nations unies un mémorandum qui réclame notamment des sanctions contre le Rwanda et que « la communauté internationale entende notre voix », selon le pasteur Dodo Kamba, responsable des Eglises Evangéliques de Réveil du Congo.
« Nous sommes prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que le Rwanda puisse être sérieusement condamné et jusqu’à ce que le M23 quitte ses positions et que la paix revienne dans notre pays », estimait pour sa part Danny Banza, de la Société Civile.
Triste anniversaire…
Il y a 10 ans, le 20 novembre 2012 ; le M23 (Mouvement du 23 mars) né sous les cendres de la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie RCD-Goma et le CNDP de Laurent Nkunda Batware prenait le contrôle de Goma. 10 ans plus tard, ces mêmes rebelles devenus terroristes à nouveau aux portes de la ville avec une fallacieuse revendication de la « défense de la communauté tutsis du Congo ».
En effet, cette date anniversaire qui résonne aujourd’hui avec l’actualité et le nouveau conflit en cours dans l’Est de la RDC coïncide avec la prise et le contrôle de Goma le 20 novembre 2012 sous le nez et la barbe des casques bleus de la Monusco sans aucune réaction. Et l’on découvrait ce jour-là du 20 novembre 2012 se pavanait à la mi-journée, le chef militaire du M23, Sultani Makenga, dans les rues de la ville.
Les attaques des rebelles entamée en juillet 2012 avec les prises de Bunagana et de Rutshuru en passant par Kibumba, en moins de deux semaines ; avait contraint les forces armées loyalistes du pays des FARDC à se replier sur Sake pendant que les casques bleus restaient cantonnés dans leurs camps et à l’aéroport de Goma.
L’ancien président de la République Joseph Kabila qui insistait sur « la participation de toute la population à la défense de notre souveraineté », s’envolait pour Kampala où il retrouvait Yoweri Museveni et Paul Kagame pour un sommet de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIGRL). Ils demanderont le lendemain au M23 de quitter la ville qui prendra plus d’une semaine pour que son retrait se concrétise.
Cette fois-ci, la situation n’est plus la même avec la résistance de l’armée loyaliste des FARDC et la présence tampon de l’armée kenyane déployée dans le cadre de la force conjointe Est-Africaine. Ce qui n’empêche la continuité des efforts diplomatiques déployés sous l’égide de la Communauté Est-Africaine sous l’égide de son facilitateur, Uhuru Kenyatta, l’ancien président du Kenya. Son remplaçant et nouveau chef de l’Etat Kényan William Ruto étant annoncé à Kinshasa, la capitale congolaise la semaine prochaine.
Et pour la première fois après plusieurs années de négation, le dictateur rwandais Paul Kagame a tacitement reconnue l’implication de son pays dans ce conflit en acceptant d’aider à « exhorter le M23 au cessez-le-feu et au retrait des territoires occupés ». La pression sur le M23 s’accentuant officiellement et tacitement sur le Rwanda, le mouvement rebelle a été qualifié le vendredi 18 novembre 2022 de « groupe armé illégal » dans un communiqué commun signé par les États-Unis, la Belgique, la France et le Royaume-Uni. Ces mêmes pays rappelant aussi que le M23 est sous sanctions des Nations unies et que « tout soutien extérieur des acteurs armés non étatiques, dont le M23, doit cesser ». Le Conseil de sécurité de l’ONU qui n’a jamais officiellement condamné le Rwanda pour son soutien au M23 entre également dans la danse, ses délégués ayant rencontré, samedi 19 novembre 2022, le président ougandais Yoweri Museveni.
La pression diplomatique de Kinshasa s’est poursuivie à Djerba, en Tunisie, où le Premier ministre Sama Lukonde, représentant Félix Tshisekedi au 18ème Sommet de la Francophonie s’est abstenu de paraitre sur la même photo de famille avec Paul Kagame. La RDC comptant profiter de sa position dans l’organisation en tant que plus grand pays francophone du monde pour demander, une fois de plus, au Rwanda de cesser de soutenir le M23.
Un bémol pourtant, la position mi-figue mi-raisin du président français Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec les présidents du Burundi Ndayishimiye et du Rwanda Kagame en marge du sommet de la Francophonie où il a déclaré : « Il faut le retrait des forces, la stabilisation par des forces africaines sous mandat de l’ONU et un processus politique inclusif qui doit être lancé dans les meilleurs délais pour que toutes les parties prenantes puissent sortir de ce moment de tension ». La position congolaise est connue de tous : ni négociation, ni brassage, ni intégration des rebelles terroristes et armés au sein des forces armées, de la police et sécuritaires du pays.
Cependant, les autorités congolaises se montrent prudentes vis-à-vis du Rwanda. « On n’aura la paix dans l’Est que si la RDC renverse à son avantage le rapport de force avec Kigali. On attend de voir Paul Kagame respecter pour une fois sa promesse », commente JL M., un journaliste congolais de Kinshasa sur son mur Facebook.
Pour un « mur de séparation »
L’idée d’un mur de séparation sur la courte frontière entre les deux pays fait son chemin dans l’opinion générale congolaise où l’on exige carrément « l’érection » d’un grand et haut ouvrage comme à l’époque dans la ville de Berlin divisée en Allemagne ou récemment encore entre l’Etat d’Israël et certains territoires palestiniens.
Il faut le rappeler que c’est dans la semaine du 25 au 30 août 2014 que la RDC et le Rwanda s’étaient accordent sur leur frontière commune. Une équipe d’experts civils et militaires ainsi que des représentants des autorités locales avaient mener une délicate mission : matérialiser un peu plus de 200 km de frontière commune entre la RDC et le Rwanda. Une frontière à la fois terrestre (de Goma à Gisenyi aujourd’hui Rubavu), lacustre (à travers le Lac Kivu) et fluviale (le long de la rivière Ruzizi), marquée par de multiples tensions et exactions depuis des années.
Un travail matérialisé avec la pose des bornes sur la partie terrestre et par des bouées au niveau du Lac Kivu même si cela n’a jamais été source de discorde entre les deux pays Les délégués des ministères congolais et rwandais de l’Intérieur ainsi que les membres de la commission permanente des frontières Rwanda–RDC se sont facilement mis d’accord en se basant sur la carte coloniale dressée en 1911, entre la Belgique (le premier colonisateur du Congo)et l’Allemagne (le second colonisateur du Rwanda).
A lire aussi : RDC-FRANCOPHONIE : Sama Lukonde refuse de s’afficher avec Kagame sur la photo officielle de Djerba https://www.afriwave.com/2022/11/19/rdc-francophonie-sama-lukonde-refuse-de-safficher-avec-kagame-sur-la-photo-officielle-de-djerba/
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