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EST DE LA RDC : Sommet de la dernière chance pour la paix de Luanda en Angola

La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC demeure toujours préoccupante alors que les affrontements armés entre les forces loyalistes des FARDC et les supplétifs rebelles terroristes de l’armée rwandaise connus sous l’acronyme du M23 se poursuivent depuis fin octobre 2022.

Le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a participé, hier mercredi 23 novembre 2022, au Mini-sommet de Luanda sur la Paix et la Sécurité dans la région Est de la RDC. A ses côtés, l’hôte angolais João Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine et le burundais Evariste Ndayishimiye. Pourtant initialement annoncé, le rwandais Paul Kagame a préféré snober ses collègues pour se faire représenter par son ministre des Affaires Etrangères Vincent Biruta.

De ces assises en présence du facilitateur désigné par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est, l’ancien président Kenyan Uhuru Muigai Kenyatta, le but recherché était de donner un nouveau souffle au processus de médiation de Luanda, relancer les discussions entre Congolais et Rwandais afin de parvenir à une « désescalade » entre les deux pays à travers « le plan de paix pour l’Est de la RDC ».

Les assises de Luanda ont débouché sur les résolutions suivantes :  

  • Un accord de cessez-le-feu imposé aux rebelles terroristes supplétifs rwandais du M23 à dater du vendredi 25 novembre 2022 à 18 heures avec un repli dans leurs positions initiales ;
  • Un retrait du même M23 des zones occupées en RDC à dater du dimanche 27 novembre 2022
  • L’intervention de la Force Régionale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est contre le M23 en cas d’un refus de cesser les hostilités et de se retirer des territoires occupés ;
  • La cessation de tout soutien politico-militaire au M23 et à tous les autres groupes armés (locaux et/ou étrangers) opérant dans l’Est de la RDC.

Ces résolutions et recommandations seront évaluées prochainement, lors d’une rencontre des Chefs d’État à Bujumbura au Burundi.

Si un accord a été trouvé pour un « cessez-le-feu immédiat » dès vendredi soir comme l’a annoncé le ministre angolais des Affaires étrangères Tete Antonio, sur le terrain au Nord-Kivu ; un calme précaire règne sur les différentes lignes de front entre l’armée congolaise et les rebelles. Ladite rencontre intervient aussi au moment où se déploie les armées des pays membres de l’AEC dans l’Est de la RDC alors qu’à Nairobi devra reprendre le 27 novembre 2022 une nouvelle session de discussion avec les groupes armés où le M23 est exclu pour avoir repris les hostilités armées.

Kagame, le nœud du problème

Alors qu’on l’avait vu courir à Bali en Indonésie pour le Sommet du G20 et à Sharm El-Sheikh en Egypte à la conférence de l’ONU sur le climat de la COP 27, le Sommet de Luanda sur la situation dans l’Est de la RDC s’est déroulé sans le président rwandais Paul Kagame. Etant le nœud du problème par son soutien affiché au M23, il serait « difficile de faire la paix sans la présence des deux principaux protagonistes, Tshisekedi et Kagame qui ne se sont plus parlés depuis le mois de juillet ».

Ne comprenant que le langage de la violence qu’il impose à son peuple depuis le 7 avril 1994 et qu’il exporte en RDC depuis plus de 27 ans dans une guerre d’occupation et de pillage des ressources de son géant voisin, le dictateur rwandais n’a plus Paul Kagame n’a plus non plus beaucoup de marge depuis qu’il a reconnu son forfait. De même pour le Président Tshisekedi dont le rapport des forces sur terrain ne lui laisse que peu de marge de manœuvre, les FARDC rencontrant certaines difficultés en ne maitrisant pas une fois pour toute les rebelles soutenus par l’armée rwandaise.

Faudrait-il finalement oui ou non négocier avec le M23, à quelles conditions et surtout à quel prix alors qu’ils sont actuellement exclus du processus de Nairobi ? Kinshasa a toujours affirmé qu’il était « hors de question » de discuter avec les rebelles du M23 avant leur retrait des zones qu’ils occupent dans l’Est du pays.  Le cessez-le-feu conclu en juillet 2022 à Luanda étant resté lettre morte, l’accord conclu entre Tshisekedi et Kagame ayant été immédiatement violé sur le terrain.

L’engagement de contingents kényans, au sein de la force de la Communauté d’Afrique de l’Est et dans le secteur d’activité du M23, pourrait constituer une solution. Mais ceux-ci n’envisagent aucune intervention directe contre les rebelles, du moins pour le moment.

Il faut rappeler que l’Est de la RDC est en proie depuis près de trente ans aux violences de groupes armés, pour beaucoup héritées de guerres qui ont ensanglanté la région dans le sillage du génocide rwandais de 1994.

Après une accalmie, la région connaît un regain de tensions depuis fin octobre. Les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars), ancienne rébellion tutsi née sur les cendres du CNDP de Laurent Nkunda Batware et soutenue par le Rwanda qui a repris les armes fin 2021, reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation de ses combattants, ont pris du terrain en avançant sur Goma. De son côté, Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir cette rébellion, ce que Kigali conteste systématiquement.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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