Alors que la pression monte et que les lignes commencent à bouger de partout après le nième massacre de Kishishe en territoire de Rutshuru attribué aux supplétifs de l’armée rwandaise dit le M23 et qui aurait fait près de 300 victimes, les rebelles terroristes envisageraient pour la première fois leur retrait des positions occupées depuis plus de trois mois dans l’Est du pays en province du Nord-Kivu, notamment Bunagana.
Dans un communiqué publié mardi 06 décembre 2022, le M23 se dit « prêt à amorcer un désengagement et à se retirer même s’il n’était pas représenté au mini-sommet de Luanda d’il y a deux semaines » et continue d’affirmer qu’il respecte le cessez-le-feu, même si les combats n’ont jamais vraiment cessé dans le territoire du Rutshuru ».
Ces terroristes réitèrent également leur demande d’un « dialogue direct avec le gouvernement congolais pour trouver une solution durable aux causes du conflit dans l’est de la RDC », une chose impossible pour le moment ; tout en souhaitant une réunion avec la force régionale d’Afrique de l’Est ainsi que le médiateur désigné de l’Union Africaine (UA), le président angolais João Lourenço.
La question qui demeure est celle de savoir où iront-ils après leur désengagement, car 10 ans après leur défaite de 2012, ils s’étaient repliés dans des camps en Ouganda et au Rwanda qui les ont réarmés pour attaquer de nouveau la RDC.
Complicité de Kagame et mensonges dévoilés
Absent volontier du sommet de Luanda en Angola de mercredi 23 novembre comme pour snober ses pairs réunis pour la « Paix dans l’Est de la RDC », Paul Kagame s’était précipité vendredi 25 novembre 2022 à Niamey où se tenait un double sommet extraordinaire de l’Union Africaine (UA) sur l’industrialisation, la diversification économique en Afrique et une session sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
La présence remarquée de Kagame au Niger le jour même où les supplétifs de son armée de Rwanda Defense Forces (RDF), les terroristes du M23 continuaient de semer la terreur en lieu et place de déposer les armes et entamer leur retrait des « zones occupées » n’étonne plus personne. Elle traduit le « mépris » du dictateur rwandais au pouvoir depuis bientôt près de 30 ans après les odieux assassinats dans l’attentat contre leur avion des présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira.
Se disant toujours « non concernés » par toutes les discussions sur un cessez-le-feu suivi d’un retrait, les groupe terroriste du M23-Rwanda sortait son faux « alibi mensonger » des tutsis congolais en arguant que « le gouvernement congolais serait entrain de planifier et exécuter un génocide [imaginaire] en cours contre ses populations » ; une matière qui cache bien la main de Kagame aujourd’hui acculé et épuisé malgré son arrogance.
« Le M23 sollicite une rencontre avec le médiateur et le facilitateur afin de discuter sur des points qui le concernent dans ledit communiqué en vue de rétablir une paix durable dans notre pays. Le M23 condamne catégoriquement le génocide en cours planifié par le Gouvernement de Kinshasa et exécuté par ses alliés de la coalition FARDC/FDLR/NYATURA/ACPLS/CODECO/MAI-MAI. Par conséquent, notre Mouvement ne croisera pas les bras pendant que des citoyens congolais se font massacrer » pouvait-on lire dans ce communiqué.
Nul n’en doute aujourd’hui que les positions ambiguës de l’EAC, de l’Union Africaine, et de la Communauté internationale par leur silence notoire dans le conflit qui oppose les rebelles terroristes du M23 aux forces de défense de la RDC est un complot ourdi de longue date.
« La communauté internationale est complice parce que nous ne comprenons pas, quand il y a des rebelles qui se disent congolais et demandent des négociations directes avec le gouvernement congolais, c’est le Rwanda et l’Ouganda qui les représentent. Le dernier incident de Nairobi avec les micros truqués vers le Rwanda en est l’exemple frappant » estime en voix « off » un négociateur du gouvernement.
« La seule demande valable aujourd’hui à la communauté internationale dans son ensemble reste d’obliger aux chefs d’Etat rwandais et ougandais de retirer d’urgence leurs combattants camouflés sous l’étiquette M23/RDF/UPDF (groupes rebelles) ; de sanctionner le Rwanda et l’Ouganda pour l’agression contre la RDC depuis plus de 25 ans. Après près de décennies d’échec, même la présence des forces de l’EAC fait craindre aux Congolais qu’elles ne soient juges et parties dans cette impasse, se livrant à une guerre par procuration pour leurs intérêts, notamment en occupant et pillant encore davantage les ressources de notre pays » explique un autre négociateur du gouvernement.
Quid d’une dissidence au sein du M23 ?
C’est depuis le 23 novembre 2022 qu’un nouveau mouvement appelé « Résistants patriotes congolais/Force de frappe » (Pareco/FF) est annoncé avec à sa tête un ancien membre influent du Bureau Politique du M23 au nom bien dit Sendugu Museveni.
Cette dissidence se voudrait un groupe d’autodéfense dont l’objectif affiché est de combattre les groupes terroristes, notamment le M23 et les ADF-MTN pour défendre le territoire congolais ; se situerait dans le Masisi, en province du Nord-Kivu. Elle accuse le M23 de violer, de tuer et de s’approprier le sol congolais sous l’œil impuissant de la communauté internationale.
Disant se conformer à l’article 63 de la Constitution de la RDC qui confère à tout citoyen le droit et le devoir de défendre le pays et son intégrité territoriale face à une menace ou à une agression extérieure ; le Pareco/FF en appelle à toutes les forces d’autodéfense des communautés congolaises, à s’unir pour « mettre hors d’état de nuire l’ennemi de la paix en RDC afin de soutenir le gouvernement congolais dans sa lutte pour l’éradication de tous les groupes terroristes soutenus par le Rwanda et l’Ouganda ».
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi