Texte par Roger DIKU à Bruxelles et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi à Kinshasa pour www.afriwave.com
C’est sous le coup de 15h00’, heure locale que l’Airbus A350 d’ITA Airways qui avait décollé à 8h29’ de Rome transportant le pape François a atterri sur le tarmac de l’Aéroport international de la N’Djili à Kinshasa après un vol d’une durée de 6h50 minutes. Au bas de la passerelle pour accueillir le souverain pontife, le premier ministre Sama Lukonde Kyenge et le nonce apostolique Mgr Ettore Balestrero.
Physiquement amoindri dans sa mobilité à cause de ses problèmes de genou et de hanche, et visiblement fatigué par un long voyage auquel il tenait d’une durée de 6h50 minutes entre Rome et Kinshasa, c’est un pape souriant sur sa chaise roulante qui a profité de la chaleur ambiante des tropiques et celle de la marée humaine d’une grande foule venue l’apercevoir.
Dans son programme du même mardi, une rencontre en tête-à-tête entre le Président Tshisekedi au Palais de la Nation ; siège de la présidence de la République avant un échange avec la Société Civile et les partis politiques.
Après l’accueil officiel, les délégations se sont rendues au Palais de la Nation, siège de la présidence de la République où le pape François a été accueilli solennellement par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi Tshilombo avec un entretien privé en tête-à-tête. « Boyei bolamu », lui a lancé le président Tshisekedi en manifestant sa joie et celle du peuple congolais, mardi 31 janvier ; d’accueillir le Saint-Père à l’occasion de sa visite apostolique.
Arrivé à Kinshasa, sur invitation du Président Tshisekedi, pour prêcher la Paix et la Réconciliation ; le pape François communiera avec plus d’un million des catholiques de la RDC, le mercredi 1er février 2023, lors d’une grande célébration eucharistique à l’aéroport militaire de Ndolo.
« Cessez d’étouffer l’Afrique !» et surtout de « Respecter la RDC »
Le moment fort attendu était le discours du Saint-Père qui restera dans les mémoires avec cet appel à « Cessez d’étouffer l’Afrique !» et surtout de « Respecter la RDC » dans cette vive exhortation : « Mais ce pays et ce continent méritent d’être respectés et écoutés, ils méritent espace et attention : Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin !».
« Que le monde se souvienne des désastres commis au cours des siècles au détriment des populations locales et qu’il n’oublie pas ce pays ni ce continent. Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations !», a-t-il aussi exigé face aux autorités, aux diplomates et aux représentants de la société civile congolaise.
Le Pape s’est ensuite désolé que le pays, et plus largement le continent africain, « souffrent encore de diverses formes d’exploitation ». Il a dénoncé le « colonialisme économique » qui engendre le pillage des abondantes ressources : « on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent étranger à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants », a déclaré le Souverain pontife, y voyant un « drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche ».
Il a regretté que la communauté internationale se soit presque « résignée à la violence » qui dévorela population : « Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions de morts à l’insu de beaucoup. Il faut que l’on sache ce qui se passe ici, que les processus de paix en cours, -que j’encourage de toutes mes forces- soient soutenus dans les faits et que les engagements soient tenus ».
Au pays et à ses autorités, il a invité tout le monde à ne pas « glisser dans le tribalisme et la confrontation », ni à prendre « obstinément parti pour sa propre ethnie ou pour des intérêts particuliers, alimentant des spirales de haine et de violence ». Le « problème n’est pas la nature des hommes ou des groupes ethniques et sociaux, mais la manière dont on décide d’être ensemble », a rappelé le pape François.
Des diamants ensanglantés
Dans sa première prise officielle de parole, le souverain pontife a recouru à l’image du diamant, que l’on trouve en abondance dans le sol congolais : « Votre pays est vraiment un diamant de la création ; mais vous, vous tous, êtes infiniment plus précieux que toutes les choses bonnes qui sortent de ce sol fertile. Un peuple qui lutte pour sauvegarder [sa] dignité et [son] intégrité territoriale contre les méprisables tentatives de fragmentation du pays » devant lequel il est venu « comme un pèlerin de réconciliation et de paix ».
Le Pape a salué les « dons d’intelligence, de sagacité et d’assiduité » de la population : « Courage, frère et sœur congolais ! Relève-toi, reprends dans tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation à garder en harmonie et en paix la maison que tu habites », a-t-il encouragé.
Et de poursuivre en souhaitant que « chaque Congolais se sente appelé à jouer son rôle ! Que la violence et la haine n’aient plus de place dans le cœur et sur les lèvres de quiconque, car ce sont des sentiments inhumains et anti-chrétiens qui paralysent le développement et ramènent en arrière, vers un sombre passé ».
Le Pape s’est ensuite désolé que le pays, et plus largement le continent africain, « souffrent encore de diverses formes d’exploitation » en dénonçant le « colonialisme économique » qui engendre le pillage des abondantes ressources : « on en est arrivé au paradoxe que les fruits de sa terre le rendent “étranger” à ses habitants. Le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants », a déclaré le Souverain pontife, y voyant un « drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche ».
Crise sécuritaire à l’Est, « Ne pas se permettre de perdre espoir » ; Religion, pouvoir, éducation, environnement
Avec sa haute portée pastorale et sociale, l’étape congolaise de ce voyage est placée sous le signe d’espoir. C’est ici qu’il a abordé le rôle des religions, appelées à contribuer à la pacification du pays, « par un effort quotidien de renoncement à toute agressivité, prosélytisme et contrainte, qui sont des moyens indignes de la liberté humaine ». Tout comme les membres de la société civile, qui « jouent également un rôle essentiel dans la construction d’un avenir de paix et de fraternité ».
Aux détenteurs des responsabilités politiques et gouvernementales, il les a appelés à vivre « la fonction reçue comme un moyen de servir la société. Le pouvoir n’a de sens en effet que s’il devient service », a insisté le Pape, demandant de fuir « l’autoritarisme, la recherche de gains faciles et la soif d’argent », ou encore de favoriser des élections libres, transparentes et crédibles.
« Que l’on ne se laisse pas manipuler, et moins encore acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence afin de l’exploiter et de faire des affaires honteuses : cela n’apporte que discrédit et honte, avec la mort et la misère », a mis en garde le Saint-Père qui a également dénoncé le « fléau du travail des enfants », et la marginalisation des filles, rappelant combien « l’éducation est fondamentale ».
Le pape a souligné que «la République démocratique du Congo abrite l’un des plus grands poumons verts du monde, qui doit être préservé, comme pour la paix et pour le développement, dans ce domaine également une collaboration large et fructueuse est importante, permettant d’intervenir efficacement, sans imposer des modèles extérieurs plus utiles à ceux qui aident qu’à ceux qui sont aidés ». Les modèles sanitaires et sociaux doivent eux aussi contribuer à « une croissance sociale effective ».
Dieu des recommencements
À la fin de ce grand panorama des défis que doit affronter la RDC, le pape François a reconnu que « la répétition continuelle des attaques violentes ainsi que les nombreuses situations de détresse pourraient affaiblir la résistance des Congolais, miner leur force d’âme, les conduire à se décourager et à s’enfermer dans la résignation ». « Mais, au nom du Christ qui est le Dieu de l’espérance, a-t-il poursuivi, le Dieu de toute possibilité qui donne toujours la force de recommencer, au nom de la dignité et de la valeur des diamants les plus précieux de cette terre splendide que sont ses habitants, je voudrais inviter chacun à un nouveau départ social courageux et inclusif ». « L’histoire lumineuse mais blessée du pays l’exige, les jeunes et les enfants en particulier l’implorent », a-t-il conclu, encourageant la Nation dans sa recherche d’un avenir meilleur, et lui accordant sa bénédiction.
Droits d’images Vatican News sur YouTube
Pour son 40ème voyage apostolique depuis le début de son pontificat, initialement prévue en juillet 2022 au nom d’« œcuménique de paix » comme il l’avait lui-même appelé dimanche 29 janvier 2023 à la fin de la prière de l’angélus Place Saint-Pierre à Rome, le pape François a choisi de visiter deux pays traverses par une très forte contradiction d’avoir un sous-sol très riche mais des populations rongées par la pauvreté et la violence.
L’Evêque de Rome sera à Kinshasa, la capitale congolaise, du mercredi 31 janvier au vendredi 3 février 2022 avant de s’envoler pour Juba, capitale du Soudan du Sud, du 3 au 5 février, pour accomplir son pèlerinage de paix. Et comme symbolique, avant de quitter Rome, il s’est brièvement recueilli près du Monument aux morts de Kindu, dans le Maniema, à la mémoire de 13 aviateurs italiens tués au Congo le 11 novembre 1961.
Rencontre avec des migrants et des réfugiés
Avant de quitter sa résidence de la Maison Sainte-Marthe et de se rendre à l’aéroport, le pape François a rencontré une dizaine de migrants et de réfugiés de la République démocratique du Congo et du Soudan du Sud, accueillis et soutenus, avec leurs familles, par le Centre Astalli de Rome.
Dans l’avion qui l’amenait à Kinshasa et en survolant mardi matin le désert du Sahara, le pape François a adressé une pensée aux nombreuses personnes qui ont perdu la vie en traversant le Sahara et à celles placées dans des camps après avoir traversé le désert nord-africain : « En ce moment où nous traversons le Sahara, ayons, en silence, une petite pensée, une prière pour toutes les personnes qui, à la recherche d’un peu de confort, d’un peu de liberté, ont traversé et n’ont pas réussi. Tant de personnes souffrantes qui arrivent jusqu’à la Méditerranée après avoir traversé le désert et qui sont prises dans les camps et y souffrent. Prions pour toutes ces personnes », a demandé le pape en s’adressant aux journalistes présents à bord -quelques 75 journalistes de douze pays, dont deux Africains- en les remerciant de l’avoir accompagné dans ce voyage attendu depuis un an.
De son voyage en Afrique maintes fois reporté, le pape François a aussi reconnu devant les journalistes que : « C’est un beau voyage, j’aurais aimé aller à Goma, mais avec la guerre, on ne peut pas y aller. Il n’y aura que Kinshasa et Juba, à partir de là, nous ferons tout. Merci d’être ici avec moi, d’être tous ensemble, merci pour votre travail, qui est si bon, il aide beaucoup parce qu’il fait parvenir aux gens, qui sont intéressés par le voyage, les images, et même vos pensées, vos réflexions sur le voyage, merci beaucoup ».
Le pape avait également exprimé son regret de ne pas faire le tour habituel dans l’avion pour saluer les journalistes, « mais aujourd’hui, je ne peux pas » ; regagnant son siège pour le reste du voyage. Eva Fernández de Radio Cope, antenne émettrice de la Conférence épiscopale espagnole, lui a offert a par exemple offert un fragment de roche du Kivu, dont on extrait le coltan, et a expliqué au pape que pour chaque kilogramme extrait, deux personnes meurent. Elle lui a aussi donné un fragment de lave du volcan Nyiragongo, à environ 12 km au nord de la ville de Goma, qui provoque des catastrophes lorsqu’il entre en éruption, comme ce fut le cas en mai 2021, où 32 personnes ont péri.
François, « un pèlerin de la paix » en RDC et au Soudan du Sud
Le thème de la paix et de l’œcuménisme étant au cœur de la présence du Pape dans les deux pays visités, sa rencontre avec la chrétienté africaine est la confirmation de l’attention que François porte à ce continent, d’abord en RDC, déchirée au fil des ans par un conflit qui voit un nombre impressionnant de guérillas.
Ensuite au Soudan du Sud, un pays très jeune, né en 2011, où malgré les accords de 2018 qui ont tenté de mettre fin à la guerre civile, la paix n’est jamais arrivée, et où en plus de la violence, la pauvreté, la famine et le changement climatique dévastent le pays. A l’étape de Juba, le pape François sera accompagné du primat anglican Justin Welby et le modérateur de l’Assemblée Générale de l’Église d’Écosse, Iain Greenschields, témoignage de l’éminente valeur œcuménique de la visite.
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