C’est dans son registre habituelle de provocation dont il connait la fin irréalisable un jour proche ou lointain que le dictateur rwandais Paul Kagame s’est une fois de plus illustré sur le plateau d’une chaine de télévision du Benin.
Voulant justifier l’invasion et l’occupation de l’Est de la RDC par son armée de la Rwandan Defense Force (RDF) au travers de ses supplétifs terroristes « tutsis » rebelles du Mouvement du 23 Mars dit M23, Kagame s’est fourvoyé une fois de plus en cherchant à raconter à sa manière « L’Histoire » de la colonisation ainsi que des frontières intangibles héritées de cette époque.
« En ce qui concerne le M23 et toutes les personnes liées au M23, les congolais qui ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. Une partie du Rwanda qui a été donnée au Congo, le sud à l’Ouganda, etc. Nous avons une coopération qui existe déjà dans ces zones. Il y a déjà des liens qui existent entre les peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire […] Ce problème va au-delà de ma personne, au-delà de la personne du Président Tshisekedi. Toutes ces personnes qui étaient présentes en cette période ne sont plus là », a-t-il expliqué devant la presse à Cotonou.
Une tentative incohérente et mensongère d’expliquer l’Histoire
Evoquant la question de la situation sécuritaire et humanitaire dans la partie Est de la RDC, Kagame qui ne peut justifier sa position d’envahisseur occupant tente d’expliquer que la « vraie-fausse rébellion » du M23 par lui fomenter est une « résultante des plusieurs autres problèmes qui n’ont jamais été résolus depuis des décennies », oubliant en passant de préciser qu’il est en personne « la vraie cause de l’insécurité dans l’Est de la RDC depuis 29 ans ».
Comme piste de solution à ce problème qui perdure, Kagame a laissé entendre qu’il souhaite l’examen de la question à l’époque qui émane de la Conférence de Berlin tenue en 1885. « Il faut trouver la solution à cette crise. Aujourd’hui, nous avons le processus de Nairobi et celui de Luanda qui ont mis tout en œuvre pour résoudre cette question, mais je pense qu’ils sont en train de chercher une solution […] C’est quand même ironique. Aujourd’hui, nous ne pouvons continuer à nous plaindre du problème éternellement alors que nous connaissons là où il y a le nœud », dit-il ironiquement.
Les propos de Kagame au Bénin qui n’en sont pas les premiers rappellent ceux de son ministre de l’Unité Nationale et l’Engagement Civique, Jean Damascène Bizimana, qui en février dernier laissé déjà entendre qu’une partie du Rwanda avait été cédée à la RDC par les colons. « En 1885 à la conférence de Berlin, le territoire rwandais s’étendait à Bufumbira, Ndorwa, Mpororo jusqu’au lac Albert et ont été donné à l’Ouganda. Ceux de Rutshuru, Bunyabungo, Masisi, Gishali, Tongo, Idjwi … donnés au Congo. Tels sont des faits historiques absolument incontestables », déclarait-il.
Une thèse d’amputation du Rwanda en réalité une tentative vouée à l’échec de remise en cause des frontières issues de la colonisation, un mensonge cousu de toutes pièces que ni archives, encore moins des cartes géographiques ne peuvent ou ne viennent démontrer.
Des Rapports accusateurs…
Face aux mensonges répétées du régime ségrégationniste de Kigali sur fond d’un chantage du « génocide des tutsis » qui a toujours exclu celui des « Hutus modérés » et les plus de 10 millions des morts congolais, tous les rapports des experts sur la question de la paix comme ceux de l’Onu l’ont démontré que la tragédie dans l’EST de la RDC ont une source commune : le Rwanda.
Et avec son règne de monarque qu’on ne peut contester depuis le 06avril 1994, c’est avec son appui et son aval que Kagame demeure l’autorité morale et le créateur du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) dont certains dirigeants sont encore dans les institutions congolaises à ce jour.
Mais aussi du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) jadis dirigé par Laurent Nkundabatware Mihigo aujourd’hui réfugié au Rwanda et qu’il refuse d’extrader en RDC. C’est sur les cendres du CNDP qu’est né le M23. Tous ces mouvements rebelles ayant une seule connotation tribale : la défense des intérêts et du peuple tutsis qui seraient menacés en RDC (sic !).
Qui aurais crut que son excellence le Président Félix Tshisekedi arriverait à mettre à nu son voisin qui a dupée le monde avec un mensonge légendaire en créant des guerres agressions sous prétexte des conflits éthiques?maintenant il fait recours à une histoire non maîtrisée🦅🐆! pic.twitter.com/IUyRIj2Vuv
— Pontshi mamitsho (@PontshiMamitsho) April 17, 2023
La réplique « musclée » de Kinshasa
Comme il fallait s’y attendre, la réplique de Kinshasa ne s’est pas faite attendre à propos de l’intégrité territoriale de la RDC : « Kagame transgresse l’histoire, ses propos constituent une nouvelle provocation. Ce qu’il ne dit pas ce qu’il est la cause de l’insécurité à l’Est, créateur du RCD, CNDP, M23. Ce qu’il ne doit jamais oublier ce que nous défendrons chaque centimètre de notre territoire », écrit sur Twitter Patrick Muyaya, le ministre de la Communication et Médias, porte-parole du gouvernement congolais.
#RDC : #Kagame transgresse l’histoire, ses propos constituent une nouvelle provocation.
— Patrick Muyaya (@PatrickMuyaya) April 16, 2023
Ce qu’il ne dit pas ce qu’il est la cause de l’insécurité à l’Est, créateur du RCD, CNDP, M23.
Ce qu’il ne doit jamais oublier ce que nous défendrons chaque centimètre de notre territoire🇨🇩
#RDC : @alain_berset : « Notre pays est attaché au respect de l’intégrité territoriale de la #RDC ce qui signifie qu’il est inadmissible qu’un pays tiers mène des opérations militaires dans un autre état » De Bukavu à Goma, il a été marqué par la résilience de nos populations🇨🇩🇨🇭 pic.twitter.com/ZfTWRrxFYZ
— Patrick Muyaya (@PatrickMuyaya) April 16, 2023
Une déclaration de guerre officielle
Face à l’incapacité de l’ONU tout comme l’indifférence de la communauté internationale et pour la majeure partie de l’opinion congolaise, la seule issue pour la RDC reste de déclarer une guerre officielle contre l’envahisseur rwandais. Une situation aggravée avec l’arrivée des troupes militaires des Etats de l’Afrique de l’Est qui se sont érigées à créer un espace tampon entre les forces armées loyales des FARDC et les rebelles rwandais sur le territoire congolais.
Alors que le Président de la République Félix Tshisekedi avait fait le pari de la paix avec le Rwanda dès son arrivée au pouvoir, il en fait aujourd’hui l’amère expérience avec Kagame tout comme de la duplicité des africains. Les armées étrangères auraient dû permettre aux FARDC de réoccuper le terrain abandonné par les rebelles pour y réaffirmer l’autorité de l’Etat Congolais à défaut de combattre les mêmes rebelles.
A lire aussi : RDC : Du retrait fictif des rebelles du M23 à la duplicité des troupes militaires de l’EAC https://www.afriwave.com/2023/03/31/rdc-du-retrait-fictif-des-rebelles-du-m23-a-la-duplicite-des-troupes-militaires-de-leac/
« De tous les Congolais, qui ne savait pas que Kagamé était un ennemi de la Nation ? En recherchant par tous les moyens la paix, l’on se rend compte qu’elle dessert le pays ; seule une victoire par les armes peut encore nous sauver. Il vaut mieux que la guerre perdure que des accords qui meurtries encore plus la patrie. Pour cela il faut enrôler le plus des recrus, former les plus des soldats et acheter les armes nécessaires pour parvenir à chasser une fois pour toute les ennemis » commente un citoyen en colère.
Et de conclure « Clairement délimiter nos frontières avec le Rwanda et les défendre ; enregistrer chaque citoyen et mettre des règles claires et simples sur la citoyenneté tout en légiférant autour de la double autour de la double nationalité pour ne jamais l’accorder aux ressortissants des pays frontaliers. C’est la base même pour donner une chance au Grand Congo de survivre comme une Nation unie ».
Pour l’analyste politique Joseph-Emmanuel Bunduki Kabeya, « L’attitude et la dernière déclaration de Kagame ne procède que d’une tactique. Celle de la provocation. Il teste la capacité de résistance du numéro un congolais. Jusqu’à quand gardera-t-il son sang-froid proche du flegme britannique ? La tactique de Kagame est simple. Pousser les Congolais à lui déclarer la guerre afin qu’il justifie ses demandes d’aide pour prévenir un autre génocide contre les Tutsis qui, selon son point de vue, sont déjà maltraités et privés de leurs droits en RDCongo. En étant attaqué le premier, il peut se prévaloir d’exiger des réparations à l’issue de la guerre. Et il ne faut pas se voiler la face. Le dédommagement en gestation ne pourrait être qu’une cession de terres puisque c’est son actuel leitmotiv sur le tracé contesté par lui des frontières ».
Et il poursuit : « Mais, Paul Kagame n’explique pas pourquoi il ne réclame pas de terres au Burundi ni à l’Ouganda mais il ne convoite que celles de la RDCongo car elles sont riches en minéraux. Paul Kagame n’a vécu que par la violence. Cette dernière l’a amené au sommet de l’état rwandais. Il aime cette violence. En négociation avec feu le président Habyarimana, il n’a eu de cesse d’attaquer et de déstabiliser l’état rwandais jusqu’à ce qu’il ait eu ce qu’il voulait. Le pouvoir suprême au Rwanda. Les dirigeants congolais doivent garder la tête froide devant les déclarations et les provocations de Kagame et amener la population congolaise à ne pas se précipiter tête baissée sans avoir bien pesé le pour et le contre de toutes les options possibles en sachant bien qu’une guerre, on sait quand on la débute mais l’échéance finale reste hypothétique en fonction de plusieurs facteurs malgré les planifications. Mais si la confrontation armée est inévitable entre les deux pays, elle aura lieu et permettra sans doute de clarifier les choses. L’avenir seul nous dira dans quelle direction s’engagera la RDCongo ».
Roger Diku et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi