Tout de vert vêtu jusqu’à une vilaine casquette comme pour rappeler son passage sombre à la tête de l’armée et de la police nationales avec tous les dégâts commis, le fugitif en cavale et recherché depuis 2021 John Numbi Banza est réapparu dans une vidéo d’une dizaine de minutes qui tourne en boucle sur les réseaux sociaux dans la soirée du samedi 07 octobre 2023 sûrement depuis sa cachette du Zimbabwe.
Comme pour se rappeler au mauvais souvenir des congolais dans un cauchemar auquel on ne pouvait s’attendre, le monologue insipide mal préparé d’une dizaine des minutes et lu avec d’énormes difficultés via un prompteur n’avait aucune quintessence. Une réapparition comme par miracle qui intervient quelques heures après la réunion à Kinshasa de ce qui reste comme lambeau des députés se réclamant encore du Front Commun pour le Congo (FCC) et fidèles à l’ancien chef de l’Etat Kabila ainsi que les propos tenus par Raymond Tshibanda Ntunga Mulongu.
Pour cet ancien ministre des Affaires Etrangères de Kabila et président de la Cellule de crise du FCC qui s’adressait en ces termes à ses amis : «Vous êtes le fer de lance de la résistance contre la dictature…Quel qu’en soit la longueur de la nuit, le jour finit toujours par se lever. Nous sommes dans la dernière ligne droite et l’avenir appartient aux résilients. Tenez bon ! ». Que voulait dire exactement Raymond Tshibanda au travers de ces paroles quelques jours seulement après publication sur les réseaux sociaux des éléments audios lui attribuaient dans lesquels il disait tout le mal contre son mentor Joseph Kabila.
Sans vergogne, la sortie médiatique biaisée et ratée du « généralissime » en cavale n’avait comme « cible » principale que le Président de la République en fonction Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Simple coïncidence ou intervention voulue le jour même du dépôt à la Céni de la candidature de celui qui reste le grand favori pour sa réélection à la tête du pays, « les propos insipides de Numbi n’appartiendront qu’à la poubelle de l’Histoire » selon un commentateur politique de Kinshasa qui a requis l’anonymat.
Outre ses injures à l’endroit du Chef de l’Etat, Numbi qui se dit « Homme d’État » ne dévoile rien de nouveau mais verse plutôt dans des menaces verbales de toutes sortes en faisant un appel de pied masqué à l’armée qu’il avait lui-même « caporalisée » en son temps pour une insurrection et pourquoi pas un coup d’Etat contre son actuel Commandant suprême en l’occurrence Félix Tshisekedi.
De la démocratie aux Droits de l’Homme en passant par l’insécurité et le tribalisme évoqués par le fuyard Numbi se vautre dans la confusion totale. Qui ne se rappelle du règne des « swahiliphones », principalement des Katangais dans le gouvernement, les entreprises et tous les services du pays du temps de Kabila pour ne pas le dire ?
Dans la toute-puissance de sa gloire d’hier, l’ancien civil enseignant à Lubumbashi devenu par miracle de Kabila Général au 1er Grade dans l’armée comme la police nationales veut encore faire accroire qu’il a l’armée dans sa poche. « A peine, il peut encore parler comme un civil retraité de l’armée ; Numbi Banza Tambo a sur ses mains les assassinats de Chebeya et Fidèle Bazana, de Rossy Tshimanga, Kapangala ; les massacres des adeptes de Bundu Dia Kongo au Kongo Central comme ceux de Paul Mukungubila aujourd’hui exilé en Afrique du Sud et enfin des fosses communes de Maluku et d’autres nombreuses crimes encore non élucidés en ce jour » commente un Congolais sur le réseau X, ancien Twitter.
« Pourquoi Numbi Banza ne dit-il pas le contenu du fameux « Accord » qu’il évoque et en quoi il est important aux congolais qui n’ont vécu que l’humiliation, la pauvreté durant les 18 ans du règne Kabila avec qu’ils se sont acheté des hectares terres, voir des villages entiers, des véhicules 4×4 sans compter des entreprises privées au détriment de l’État. Qui peut prêter attention aux leçons de démocratie données par un criminel au casier judiciaire bien rempli des crimes d’assassinats et épuration ethnique avec son rôle dans l’expulsion des Kasaïens du Katanga sous Mobutu et Nguz Karl i Bond » se demande la twittosphère congolaise dans ses multiples réactions ?
Lorsque Numbi fait allusion au « déboulonnage » du système Kabila enclenché par Fatshi comme il le dit, un avocat apolitique de la place de Kinshasa explique :« Aujourd’hui, l’accord de Félix avec Kabila pour le pouvoir est sans objet. Il fallait arracher à Kabila le pouvoir par tous les moyens. Et Félix l’a fait ! »
La mainmise rwandaise
L’épopée kabila et son règne de 18 ans à la tête de la RDC sans compter les 4 ans précédant de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila resteront à jamais marqués la mainmise de Paul Kagame et du Rwanda sur le pays. Qui ne le sait pas que pour préserver un semblant de paix à son régime en difficulté face aux coups de boutoirs répétés des rebelles tutsis poussés par Kagame dans l’Est du pays, Kabila délégua John Numbi Banza pour signer les accords d’intégration au sein des FARDC du rebelle tutsi Laurent Nkunda, de son vrai nom Laurent Nkundabatware Mihigo ; un criminel de guerre qui se fait discret aujourd’hui réfugié dans son pays le Rwanda.
Son groupe armé devenu le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) ne nous a-t-il pas engendré d’autres monstres à l’instar de Bosco Taganda emprisonné à la CPI de La Haye aux Pays-Bas et Édouard Mwangachuchu Hizi récemment condamné à mort Kinshasa. C’est du CNDP qu’est née le groupe terroriste du Mouvement du 23 Mars (M23) qui comment les pires massacres dans le Nord-Kivu jusqu’à ce jour.
Pour les auteurs du « Rapport Mapping », le général Laurent Nkunda a sévi dans les deux provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu de la République démocratique du Congo (RDC) entre 1998 et 2009. La carrière militaire de Laurent Nkunda commence au Rwanda. Tutsi, né en février 1967 à Rutshuru dans la province du Nord-Kivu, Laurent Nkunda, après des études en psychologie, rejoint le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame en 1992. Ce mouvement rebelle rwandais, formé par des Rwandais tutsis exilés, contribua au génocide en prenant contrôle du Rwanda depuis juillet 1994.
Deux années plus tard, Laurent Nkunda, en tant qu’officier du FPR, retraverse la frontière et appuie l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), un groupe armé soi-disant congolais, soutenu principalement par le Rwanda et l’Ouganda qui prendra le pouvoir à Kinshasa en 1997 à l’issue de la « Première guerre du Congo » en mettant fin à 32 années de dictature de Mobutu.
Qui ne le sait pas qu’au cours de leur offensive militaire, l’AFDL et l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) devenue la Rwanda Defense Force (RDF) commettent de graves violations des droits humains tout au long de leur parcours jusqu’à Kinshasa, particulièrement à l’encontre des civils hutus rwandais en fuite, qui font l’objet de massacres systématiques comme le relève le « Rapport Mapping ».
En 1998, l’alliance passée entre le Rwanda, l’Ouganda et Laurent-Désiré Kabila, chef de l’AFDL devenu président en RDC, se brise et c’est le début de la « Deuxième guerre du Congo ». Laurent Nkunda quitte alors le FPR et rejoint le Rassemblement Congolais pour la Démocratie-Goma (RCD-Goma), un nouveau groupe armé soutenu par le même pays Rwanda dans l’Est de la RDC. Il prend le poste de commandant de la Septième Brigade.
Un véritable toupet. « Autant nous lui avons donné le pouvoir autant nous sommes capables de le lui reprendre… seul le fabricant du monstre est capable de le réduire » déclare urbi mais au conditionnel l’ex responsable chargé de sécurité au sein de la Jeunesse de l’UFERI de triste mémoire, le parti politique de Jean de Dieu Nguz Karl i Bond dans les années 1990. En appelant à la désobéissance de l’armée et de la police face au « danger » que représenterait à ses yeux Félix Tshisekedi, le fugitif Numbi commet un impair de subversion.
Avec ses menaces publiques de putsch qui revêt d’un caractère d’une exceptionnelle gravité, il revient aux services de sécurité du pays jadis infiltrés par lui et les rwandais de doubler d’efforts et d’intelligence pour le retrouver. Mais aussi au Gouvernement de la République de diligenter des procédures pour son extradition afin qu’un jour il réponde de ses turpitudes.
Pour un autre observateur de la vie politique kinoise ne l’occurrence Thierry Monsenepwo, « La sortie médiatique de John NUMBI est la preuve que le Général d’opérette en cavale et en exilé, n’a aucune stratégie planifiée et ne compte que sur les fissures des rangs ; chose impossible à obtenir au regard de l’osmose qui caractérise actuellement les forces de défense et de sécurité. À l’analyse, Numbi est devenu un homme seul, aux abois frappé du syndrome de l’exil causé par le mal du pays… ».
Ci-dessous le « torchon » du message de John Numbi Banza Tambo sur les réseaux sociaux.
A lire aussi : RDC : Les mystères des résidences de John Numbi Banza Tambo… https://www.afriwave.com/2021/09/04/rdc-les-mysteres-des-residences-de-john-numbi-banza-tambo/
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