[Il y a 34 mourait François Luambo Makiadi]
Le 12 octobre 1989, François Luambo Luanzo Makiadi, connu sous le nom de Franco Luambo, décède aux Cliniques de l’Université Catholique de Louvain (Mont-Godinne) en Belgique.
Son corps fut rapatrié au Zaïre où un deuil national de 4 jours s’était tenu. Compositeur, chanteur et musicien, Franco Luambo est considéré comme un des fondateurs de la musique congolaise contemporaine et un des « maîtres » de la rumba congolaise.
C’est à Sonabata (un peu moins de 100 km de Kinshasa) que naquît Franco Luambo, le 6 juillet 1938. Alors qu’il est encore un bébé, ses parents déménagent à Léopoldville (Kinshasa) mais à l’âge de 10 ans, Franco Luambo perd son père. Sans soutien, il abandonne l’école en 3ème primaire et s’adonne à la vie de la rue. Adolescent, le voilà pris dans le tourbillon de la musique.
L’ascension et la gloire arriveront au cours des décennies 70-80 et 80-90. Franco Luambo brille de mille feux au firmament de la musique congolaise et même africaine. Il vole de succès en succès. C’est l’apothéose. En cette période du parti unique, Luambo devient le musicien repère des grandes nuits présidentielles où pavane tout le gotha politique et mondain du pays. Il amasse sans coup férir biens matériels et gloire spirituelle.
Le Président Mobutu l’élève au rang de Grand Maître de la musique zaïroise. Des titres comme « Non », « Très fâché », « Mamou », « Makambo ezali bourreau, « Très impoli », « Lettre au DG », « Mario » … sont de véritables philippiques qu’il distribue à la ronde, comme des bouquets de fleurs, tour à tour à la femme, aux intellectuels et à une certaine jeunesse.
Mais tout bascule en 1988. Perte de mémoire, douleurs, mal de reins, il n’en pouvait plus de supporter le mal qui le rongeait de l’intérieur. De nombreux médecins vont courir à son chevet sans jamais poser un diagnostic convenable.
De plus en plus épuisé, il perd du poids, sa masse se rétrécit et ses supporters sont gagnés par le doute. De clinique en clinique, de spécialiste en spécialiste, Luambo traîne sa maladie, sans trouver le moindre répit. Certains parlent d’un cancer des os, d’autres d’une insuffisance rénale, les plus radicaux n’y vont pas par quatre chemins : Franco est atteint du Sida. Et dans la nuit du 12 octobre 1989, Franco Luambo n’en peut plus de lutter. Il jette l’éponge.
Ce 12 octobre 1989, Franco Luambo décède aux Cliniques de l’Université catholique de Louvain Mont-Godinne, en Belgique. Il reste considéré, jusqu’à ce jour, comme le plus prolifique des compositeurs congolais.
Notes de la Rédaction
(1). Le confrère journaliste Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya nous fait remarquer ceci à propos de cet article republié : « À tout seigneur tout honneur. Franco de son nom complet s’appelle Luambo Lo Kanga Lwa Dju Pene [Il est né d’un père Tetela du Kasaï Oriental et d’une mère Mukongo du Kongo central, NDLR] François alias « Franco Luambo Makiadi ». Il ne s’est jamais nommé « Luanzo » qui est une déformation phonétique de « Lwa Dju » ni « Makiadi » dans son nom officiel depuis la période de « l’authenticité ». Les chroniqueurs doivent rendre à César ce qui est à César et s’informer correctement afin de ne pas induire le lecteur en erreur involontaire. La descendance de Franco est encore de ce monde et peut apporter les précisions nécessaires ».
(2). « Jeune journaliste en formation à la fin de mon Graduat à l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information (ISTI-Gombe) de Kinshasa, j’effectue mon stage professionnel à l’Hebdomadaire KYA de la Région (province) du Bas-Zaïre (Kongo Central) appartenant à feu l’Editeur Sassa Kasa Yi Kiboba. Au sein de la rédaction, je couvre la page culturelle où l’on parle de la musique et des sports. En ces débuts de l’année 1989, une forte tension règne au sein de l’Union des Musiciens Zaïrois (UMUZA) où Franco Luambo Makiadi et Verckys Kiamuangana Mateta se dispute la tête du syndicat national des musiciens. Après un premier article sur le sujet, je me décide de rencontrer si possible Franco afin de recueillir ses propos dans cette guéguerre qui l’opposait à son collègue. Avec l’accord de mon Rédacteur en Chef le Pr Georges Jérémie Wawa Mozanimu Nguyamba Sayal, un lundi matin avant d’aller au bureau de la rédaction, je me rends donc dans les bureaux de Franco situées Immeuble UN-DEUX-TROIS dans la zone (commune) de Kasa-Vubu pour le rencontrer s’il le voudrait bien. C’était ma toute première fois de voir en face de moi ce colosse au figuré comme au vraie que je n’avais jusque-là aperçu qu’à travers l’écran de télévision. A cette occasion, je me rendis compte que cet homme imposant physiquement comme verbalement n’était pas que courtois avec ses visiteurs et j’en ferais la mauvaise expérience en payant les frais ce jour-là. Etant annoncé par la sentinelle qu’un journaliste voulait le voir pour l’interviewer, il me chassera comme un mal propre en des termes discourtois : « journaliste nini wana, na bikomela na bango wana. Longuela ngai kuna, nakoyamba ye te, abima awa … De quel journaliste, avec leurs écrits injustes. Qu’il sorte d’ici car je ne le recevrais pas ». Dans l’entrefaite, on m’expulsa de sa parcelle et je rentrais à ma rédaction. Et comme il fallait s’y attendre, mon deuxième article sur lui n’était pas non plus tendre. Je ne sais même pas s’il l’avait lu car il était déjà malade et il mourra avant la fin de l’année sans que je n’aie réaccueilli sa version des faits ».
Article à lire sur Babunga raconte… Les Chroniques de Benjamin Babunga https://www.babunga.alobi.cd/2018/10/11/le-12-octobre-1989-francois-luambo-luanzo-makiadi-connu-sous-le-nom-de-franco-luambo-decede-aux-cliniques-de-luniversite-catholique-de-louvain-mont-godinne-en-belgique/
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