Ne Muanda Nsemi, « l’Esprit créateur » en kikongo de son vrai nom Zacharie Badiengila n’est plus. C’est la triste nouvelle de ce matin du 18 octobre 2023 avec la disparition à Kinshasa de l’ancien député national honoraire et leader du Mouvement Politico-Religieux Bundu Dia Mayala ou encore Bundu Dia Kongo.
Son décès survenu aux Cliniques catholiques Nganda de la commune de Kintambo intervient après une longue série de maladie hospitalisation qui l’avait physiquement très affaibli. Né en 1946 dans le territoire de Luozi-Manianga, dans l’actuelle province du Kongo Central (ex-Bas-Zaïre). D’une simple organisation culturelle de « Bakongo » à la tête de laquelle il était, son mouvement qui a gagné en visibilité et en devenant politique en 1986.
L’énigme du personnage au parcours tumultueux et ses positions controversées réside dans l’ambivalence ses propres dires : l’homme, qui dit avoir eu des visions, se considère au départ comme l’héritier spirituel de Simon Kimbangu, prédicateur à l’origine du mouvement religieux Kimbanguiste, puis l’héritier politique de Joseph Kasa-Vubu, premier président du pays (de 1960 à 1965) ; deux personnalités issues comme lui du Kongo Central-.
Homme très intelligeant malgré ses sauts d’humeurs, Ne Muanda Nsemi ; cet ancien enseignant en chimie était devenu une figure controversée mais influente de la scène politique congolaise. Fondateur du mouvement politique Bundu Dia Mayala en 1986 au départ Bundu Dia Kongo ; il prônait un retour aux valeurs traditionnelles congolaises et une réforme profonde de la société avec notamment l’autonomie de sa province avec promesse de la résurrection du grand Royaume Kongo tel qu’il s’étendait au XVe siècle, de la RDC au Gabon en passant par l’Angola et le Congo Brazzaville.
Sa « secte » politique et religieux avait acquis une certaine notoriété pour ses idées radicales et son aspiration à l’indépendance de sa province du Kongo Central ; ce qui lui avait valu plusieurs ennuis sous le régime de Joseph Kabila à qui il en avait rendu aussi de spectaculaire dans une série des vidéos sur les réseaux sociaux depuis son évasion de la Prison Centrale de Makala dans la nuit du 17 mai 2017.
De sa carrière politique, l’on sait qu’elle commence avec la création de son mouvement politique en 1969 mais qui le devient officiellement en 1986 car ayant été au départ une simple organisation culturelle. Ce n’est que dans les années 2000 lors des législatives de 2006 qu’il fait parler de lui en traitant Joseph Kabila de « Rwandais » qui veut accaparer la RDC, son mouvement s’agrandit ensuite pour faire face aux enjeux politiques, déclenchant ainsi les émeutes du Bas-Congo de février 2014 avec le massacre de ses adeptes que l’on connait.
Un autre affrontement se déclenche durant plusieurs jours devant sa résidence à Kinshasa qui se termine par son arrestation le 3 mars 2017 et son incarcération à la prison de Makala à Kinshasa, il s’évade ensuite grâce au soutien de ses miliciens qui vont ouvrir un feu au centre pénitencier de Makala dans la nuit du 17 mai 2017.
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Il disparaît ensuite pendant un long moment, se passant quelquefois pour mort, réapparaît en 2019 pendant le règne de Félix Tshisekedi dans la résidence de Joseph Olenghankoy Mukundji, président du Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre (CNSA), lequel accord signé le 31 décembre 2016 sous la médiation de l’Eglise catholique par la majorité présidentielle, l’opposition et la société civile avait permis au président Joseph Kabila alors en fin de son deuxième mandat de rester au pouvoir jusqu’aux prochaines élections de décembre 2018.
Et comme dans ses « délires » mystiques et autres coup de gueule, Ne Muanda Nsemi s’attaque encore au nouveau président élu, l’accusant d’être marier à une Rwandaise. Sa dernière attaque par personnes interposées de ses adeptes considérés comme une « milice » sera celle de mars 2020 à Kinshasa, mais également dans différentes villes de la province du Kongo Central.
De nouveau en état d’arrestation au mois d’avril 2020, il est interné au Centre Neuro-Psycho Pathologique de Kinshasa (CNPP) de l’Université de Kinshasa. Certains députés ayant plaidé en sa faveur, il sera enfin libéré après des longues négociations, reconnaissant Félix Tshisekedi, s’excusant auprès de la première dame Denise Nyakeru Tshisekedi qui lui rendra visite dans sa résidence de Ma Campagne, rue Haute Tension rénové aux frais du pouvoir public.
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Une carrière politique agitée !
De sa carrière politique, Ne Muanda Nsemi a été élu député à plusieurs reprises, et a été connu pour ses discours enflammés et sa rhétorique populiste. Son mouvement, qui compte des milliers de partisans à travers le pays, a également suscité la controverse en raison de certains actes de violence et de désordre qu’il a engendrés.
La mort de Ne Muanda Nsemi laissera un vide irremplaçable parmi ses adeptes à la tenue bleue noire et béret rouge comme dans la scène politique congolaise. Alors que certains le considérait comme un leader charismatique et un porte-parole des faibles en marges de la société, d’autres le critiquai pour sa propension à l’extrémisme au travers de son discours parfois haineux.
Le décès de Ne Muanda Nsemi marque ainsi la fin d’une époque politique en RDC. Son héritage politique complexe sera débattu et analysé par les générations futures, tandis que son mouvement devrait se trouver un nouveau chemin et un nouveau leader dans le paysage politique congolais.
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Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi