La situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo suscite de graves inquiétudes, avec une reprise de l’offensive des rebelles du M23, soutenus selon Kinshasa par le Rwanda, en violation flagrante du cessez-le-feu. Goma, une ville stratégique est directement menacée par leur avancée. Malgré leurs tentatives de s’infiltrer ces dernières semaines pour attaquer Goma, les rebelles ont été repoussés grâce aux bombardements des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et à l’activisme des patriotes Wazalendo.
Face à cette situation alarmante, la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), depuis longtemps critiquée pour son inaction, a annoncé le lancement de l’opération « Springbok » en collaboration avec les FARDC. L’objectif est de stopper l’avancée des rebelles du M23 vers Goma, en particulier sur les axes de Sake et Kibumba. Il convient de noter que cette nouvelle posture de la mission onusienne découle des efforts diplomatiques du président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi.
Cependant, cette prise de conscience tardive de la Monusco tranche avec son apparente paralysie des mois précédents, durant lesquels elle n’a pas réussi à s’opposer à la progression du M23, qui avait déjà conquis l’ensemble du territoire de Rutshuru et une partie de Masisi dans le Nord-Kivu.
Tandis que certains observateurs pessimistes voient dans cette inaction une possible complicité de la Monusco avec les terroristes et le Rwanda, d’autres estiment qu’il s’agit d’un manque de volonté politique de la part des Nations unies et d’une attitude attentiste, résultant d’une interprétation biaisée du conflit.
Vers la fin de l’année précédente, en novembre 2022, après avoir pris le contrôle de Rutshuru centre et de Kiwanja, les terroristes du M23 avaient exigé que la mission onusienne se retire de ses positions avancées de Rwanguba, Kabindi et Rukoro sur l’axe Bunagana. Cette arrogance avait mis en évidence la faiblesse et la complaisance de la Monusco face aux terroristes du M23-ARC.
Il est important de noter que la situation sur le terrain va connaître un changement significatif. Les terroristes sont désormais dans une position délicate, compte tenu de la nouvelle posture de la Monusco. Cette évolution perturbe leurs plans, d’autant plus qu’ils sont accusés de plusieurs crimes contre l’humanité, notamment l’attaque d’un hélicoptère de la mission ayant coûté la vie à 8 casques bleus.
L’inaction prolongée de la Monusco a suscité la colère de la population et des mouvements citoyens congolais, tels que les « Wazalendo », qui ont vigoureusement manifesté pour exiger son départ immédiat.
La Monusco tente désormais in extremis de restaurer sa réputation, à seulement deux ans de la fin prévue de son mandat en RDC. Cette démarche opportuniste vise vraisemblablement à prolonger son rôle, mais elle ne suffira pas à effacer le sentiment de trahison, d’autant que cette coopération reprend dans un climat de méfiance au sein des FARDC.
Les Casques bleus se trouvent donc dans une situation complexe, pris entre deux feux, avec leur crédibilité entamée et leur impartialité remise en question. Pour regagner la confiance, la Monusco devra redoubler d’efforts et démontrer par des actions concrètes sa détermination à protéger les civils congolais. Son image et sa légitimité en RDC sont en jeu au cours des prochains mois.
Nazali M Tatu