L’Est de la République démocratique du Congo se retrouve de nouveau au cœur de l’attention internationale en raison de l’offensive en cours des rebelles du M23, allégués soutenus par le Rwanda, en violation flagrante du cessez-le-feu. L’enjeu crucial qui se profile est de savoir si la Mission de l’ONU pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) peut encore être considérée comme une force de confiance.
Pendant des mois, la Monusco a été la cible de critiques acerbes pour son incapacité et son immobilisme à freiner l’avancée du M23, qui a déjà pris le contrôle de l’ensemble du territoire de Rutshuru et d’une partie de Masisi, dans la province du Nord-Kivu. Face à cette situation, la population congolaise, des mouvements citoyens et les résistants patriotes tels que les « Wazalendo » ont exprimé leur indignation et réclamé le départ immédiat de la force de l’ONU.
Au cœur de ce débat passionné, la Monusco a enfin annoncé le lancement de l’opération « Springbok » en partenariat avec les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans le but d’endiguer l’activisme armé et les offensives des rebelles du M23, en particulier sur les axes de Sake et Kibumba. Cependant, cette réaction tardive soulève des questions légitimes concernant la crédibilité et l’efficacité de la mission onusienne.
Certaines voix pessimistes évoquent une possible complicité de la Monusco avec les terroristes et le Rwanda, tandis que d’autres avancent l’argument d’un manque de volonté politique de la part des Nations Unies et d’une vision partiale de la situation.
En novembre 2022, les terroristes du M23 avaient exigé que la Monusco se retire de ses positions avancées de Rwanguba, Kabindi et Rukoro sur l’axe Bunagana, exposant ainsi les limites de la mission onusienne face aux terroristes du M23-ARC.
Néanmoins, il est crucial de noter que la dynamique sur le terrain est en train de changer. La Monusco a adopté une nouvelle approche, ce qui perturbe considérablement les plans des terroristes du M23, déjà accusés de multiples crimes contre l’humanité, notamment l’attaque d’un hélicoptère de la mission ayant coûté la vie à 8 casques bleus.
À l’heure où la Monusco tente de redorer son blason, à seulement moins d’un an de la fin de son mandat prévu en RDC, l’enjeu se résume en un défi de taille : rétablir la confiance perdue. Cependant, cette tentative opportuniste pourra-t-elle effacer le sentiment de trahison, alors que la coopération reprend dans un climat de méfiance au sein des FARDC ?
La Monusco est actuellement prise en étau, son image ternie et son impartialité mise en question. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si elle peut reconquérir la confiance en tant que force militaire protectrice des civils congolais. Le doute persiste, tandis que son avenir en RDC reste incertain.
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Nazali M Tatu