Par : FRANCE 24
Henry Kissinger, qui a été secrétaire d’État américain sous Richard Nixon et Gerald Ford, est mort mercredi à l’âge de 100 ans. Cet acteur incontournable de la diplomatie mondiale pendant la Guerre froide a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis, comme le soutien au coup d’État de 1973 au Chili ou l’invasion du Timor-Oriental en 1975. Et, bien sûr, la guerre du Vietnam.
Henry Kissinger, grande figure controversée de la diplomatie américaine et secrétaire d’État sous Richard Nixon et Gerald Ford, est mort mercredi 29 novembre à l’âge de 100 ans, a annoncé son organisation.
Acteur incontournable de la diplomatie mondiale pendant la Guerre froide, Henry Kissinger « est mort aujourd’hui dans sa maison du Connecticut », a indiqué son cabinet de conseil Kissinger Associates dans un communiqué, sans préciser la raison du décès. La famille du diplomate organisera des funérailles privées, précise le communiqué, évoquant une cérémonie d’hommage publique ultérieure à New York.
Avec son décès, « l’Amérique a perdu l’une de ses voix les plus sûres et les plus écoutées en politique étrangère », a salué dans un communiqué l’ancien président américain George W. Bush, républicain comme lui.
L’ambassadeur de Chine aux États-Unis, Xie Feng, a qualifié jeudi sa disparition de « perte énorme », tandis que le Premier ministre japonais Fumio Kishida a salué les « contributions significatives à la paix et à la stabilité » en Asie de l’ancien diplomate.
Initiant le rapprochement avec Moscou et Pékin dans les années 1970, Henry Kissinger a vu son image ternie par des pages sombres de l’histoire des États-Unis, comme le soutien au coup d’État de 1973 au Chili ou l’invasion du Timor-Oriental en 1975. Et, bien sûr, la guerre du Vietnam.
À Pékin en juillet
C’est son sens de la « realpolitik », du froid calcul des intérêts nationaux défendus par la puissance, qui a fait de lui une figure très critiquée à travers le monde.
Diplomate aussi écouté que controversé, l’homme à la voix rocailleuse aimait distiller ses pensées aux journalistes et dans les colloques internationaux. Fascinant ses publics par sa longévité et sa vaste expérience, il était admiré par les uns comme un grand sage, détesté par les autres qui voyaient en lui un criminel de guerre.
L’homme, qui avait fêté ses 100 ans en mai, avait conservé l’oreille des grands de ce monde, bien des décennies après avoir quitté ses responsabilités dans les affaires internationales. Il s’était ainsi rendu à Pékin en juillet pour s’entretenir avec le président chinois Xi Jinping, qui avait salué à cette occasion un « diplomate de légende ».
Main tendue à la Chine
La Chine occupe une place à part dans la carrière de Henry Kissinger. Il a joué un rôle clé dans le dégel des relations américaines avec la Chine de Mao en effectuant des voyages secrets pour organiser la visite historique de Richard Nixon à Pékin en 1972. Cette main tendue à la Chine a mis fin à l’isolement du géant asiatique et contribué à la montée en puissance de Pékin, d’abord économique, sur la scène mondiale.
Autre contribution importante : il a mené, toujours dans le plus grand secret et parallèlement aux bombardements de Hanoï, des négociations pour mettre fin à la guerre du Vietnam.
Henry Kissinger est également reconnu aux États-Unis pour son rôle de médiateur entre Israël et les pays arabes. En 1973, après l’attaque surprise de pays arabes lors de la fête juive de Yom Kippour en Israël, il organisa notamment un pont aérien massif pour ravitailler l’allié israélien en armes.
Absent à la cérémonie du prix Nobel
Juif allemand né en 1923 en Bavière, Heinz Alfred Kissinger, il fuit l’Allemagne nazie et est naturalisé américain à l’âge de 20 ans. Fils d’instituteur, il avait intégré le contre-espionnage militaire et l’armée américaine avant de poursuivre de brillantes études à Harvard, où il a également enseigné.
Reconnaissable à sa grosse monture de lunettes, il s’est imposé comme le visage de la diplomatie mondiale lorsque le républicain Richard Nixon l’a appelé à la Maison Blanche en 1969 comme conseiller à la Sécurité nationale, puis comme secrétaire d’État, cumulant les deux postes de 1973 à 1975. Il survivra au départ de Richard Nixon –qui démissionna en 1974 en raison du scandale du Watergate– et resta maître de la diplomatie sous son successeur Gerald Ford jusqu’en 1977.
La signature d’un cessez-le-feu lui a valu le prix Nobel de la paix avec le dirigeant nord-vietnamien en 1973, l’un des plus controversés dans l’histoire du Nobel. Le Duc Tho refusa le prix, arguant que la trêve négociée n’était pas respectée, et Henry Kissinger n’osa pas se rendre à Oslo, de peur des manifestations.
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Avec AFP via France 24