Par Moïse MUSANGANA
Désillusionné avec le dévoilement progressif des résultats de la présidentielle 2023 dont les premières tendances publiées le 22 décembre vont se consolidant et positionnent le candidat N°20 vainqueur, le parti Ensemble, dont le leader ne sort pas la tête de l’eau ; voudrait se donner une conscience tranquille.
Balançant entre l’annulation des scrutins et la mise à sac du pays à partir du Katanga, il vient de soutenir, via son porte-parole qui se fonde sur le rapport préliminaire de la MOE CENCO-ECC, que Moïse Katumbi était gagnant avec 57 % avant que la machine de la fraude ne renverse la vapeur. En attendant qu’il en produise des preuves devant la Cour constitutionnelle à laquelle ils ont juré de ne pas recourir, les propos d’Hervé Diakese relèvent d’une absurdité. Ce sont des bizarreries, niaiseries, des âneries, des inepties, des nigauderies, des stupidités, ……
Réaction de Me Hervé Diakese, porte-parole de Ensemble pour la République après la publication du rapport préliminaire de la MOE CENCO-ECC au sujet des élections⤵️ pic.twitter.com/w1fI0Iqa0t
— ACTUALITE.CD (@actualitecd) December 28, 2023
Débutée le 22 décembre, la publication partielle des résultats de la présidentielle 2023 par la CENI se poursuit sans désemparer. Six jours après, soit le 28 décembre, 46 000 bureaux de vote, soit plus de la moitié du total qui s’élève à 75 000, ont été compilés. Et sur 12 544 581 voix exprimées, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo en recueille 9 539 315 et se positionne largement en tête devant Moïse Katumbi, deuxième, avec 2 078 305 et Martin Fayulu, troisième, avec 559 132. Le Dr Denis Mukwege Mukengere, candidat N°15 et Prix Nobel de la Paix, fait la queue. Il s’est trompé de terrain de chasse.
Avec le taux de participation moyen qui se situe entre 40 et 50 %, c’est donc plus de la moitié de suffrages qui se sont déjà exprimés. L’écart entre le tiercé de tête est tel que le candidat N°20 ne pourrait être rattrapé. Il avance donc sûrement vers le sacre en prenant la première marche du podium.
Mais, l’opposition ne s’avoue pas vaincue. Elle crie à la fraude à grande échelle et en appelle à l’annulation des scrutins. Elle pense ainsi, sur base de l’Article 64 de la Constitution, mettre dans la rue le peuple qu’elle n’a pas su paradoxalement drainer vers les urnes en sa faveur pour en découdre avec le pouvoir en place.
Une marche organisée dans ce cadre ce 27 décembre n’aura été qu’une illusion pour Martin Fayulu et consorts. Bien que jugée inopportune par le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur et interdite par le gouverneur de la ville de Kinshasa, elle n’a pas connu une affluence. Juste une cinquantaine d’individus, dont des adolescents qui se sont adonnés aux jets de pierres avec la police.
D’autre part, le parti Ensemble, qui s’était montré confiant malgré les irrégularités observées, a vite fait de revoir la copie. Il est sorti de sa tour d’ivoire pour en appeler aussi à l’annulation des élections. En plus, il brandit des menaces contre la République. Haut représentant de Moïse Katumbi dans le Grand Katanga, Christian Mwando Simba n’a pas fait dans la dentelle pour demander aux Katangais de se mettre debout afin de défendre leur victoire en passe d’être volée.
Uni pour les meilleurs et pour les pires avec la CENCO, le parti Ensemble a saisi la publication du rapport de la MOE CENCO-ECC ce 28 décembre pour se répandre dans des absurdités. Sur son compte X, Hervé Diakese a déclaré, pince-sans-rire, que ledit rapport corrobore leurs comptages qui donnaient Moïse Katumbi largement vainqueur avec plus de 57 %. Ceci avant que le système de fraude à ciel ouvert ne vienne créer la confusion dans la nuit et le brouillard.
Le porte-parole d’Ensemble ne donne aucun détail sur la prétendue victoire et n’en administre pas la moindre preuve en exhibant des PV des bureaux de vote où ils avaient certainement des témoins. Alors que la CENI continue la publication des résultats partiels, le parti de Moïse Katumbi avait déjà une idée sur le score réalisé par son champion ! Par quelle magie ? De deux choses l’une : ou ils ont bénéficié d’un centre de compilation beaucoup plus performant, doublé d’intelligence artificielle et boosté par des témoins extraordinaires ou leur système de fraude qui leur garantissait cette projection fantaisiste et fictive a été mis à mal ?
La deuxième hypothèse semble être plausible. L’on se rappellera les messages rassurants de Moïse Katumbi et de ses acolytes sur leur victoire en dépit des irrégularités qui ont émaillé les scrutins. Cependant, Hervé Diakese a oublié de révéler à partir de quel moment la grande machine de la fraude est entrée en danse pour leur barrer la route de la présidence de la République.
Sans doute, l’avenir nous réserve bien de révélations. Ne peut-on pas croire que le déploiement tardif et décalé du matériel électoral par la CENI aurait déjoué la stratégie d’une certaine armée numérique vivement engagée dans la piraterie des résultats ? Et que l’expérience aurait réussi dans le Grand Katanga où les résultats contrastent avec la mobilisation autour du candidat N°20 ? Et même s’il peut être accepté que tous les Katangais, indistinctement, ont coalisé contre le président de la République sortant, ce qui n’est pas évident, il reste que les ressortissants du Kasaï, répartis aussi bien dans des zones urbaines que rurales, constituent une proportion non moins négligeable de la démographie dans cette partie du pays. Les résultats des élections de 2018 l’attestent bel et bien.
A tout le moins, les tendances, qui se consolident au jour le jour, sont le reflet de ce qu’a été la campagne électorale. Le candidat N°20 a parcouru toutes les 26 provinces du pays et a harangué les populations dans 53 villes. Ses alliés ont fait le reste en sillonnant l’arrière-pays ; les coins et recoins. En l’absence des sondages fiables, la ferveur des foules drainées est une indication de l’adhésion à son discours et à sa personne. Ce qui n’a pas été le cas pour ses challengers, dont le rayonnement est resté, dans la plupart de cas, localisé. La popularité de certains a été même virtuelle.
Une question vaut alors la peine d’être posée à Hervé Diakese : où a-t-il battu campagne pour Moïse Katumbi ? On ne l’a pas vu battre le pavé, ne fut-ce qu’à Kinshasa, pour son champion et pour lui-même, candidat à la députation nationale à Lukunga. Il en est de même d’Olivier Kamitatu, haut représentant du candidat N°3 pour l’Ouest (Kinshasa, Grand Bandundu, Grand Equateur et Kongo Central).
Dans quelle partie de cet espace l’ancien président de l’Assemblée nationale a-t-il mouillé le maillot pour faire porter le président du TP Mazembe dans les cœurs des électeurs ? Nulle part quasiment. Par contre, on l’a laissé débiter un discours décousu dans une rhétorique de primairien. Qui ont porté l’ancien gouverneur du Katanga dans l’espace Kasaï, aux Nord et Sud-Kivu, dans la grande Orientale… ?
Dans ces conditions, comment peut-on prétendre gagner les élections ? Victime de ses propres turpitudes, l’opposition aura creusé sa propre tombe. Ce n’est pas dans l’échec qu’elle va s’unir. Elle a raté le coche pour maximiser ses chances en se rangeant derrière un seul homme afin de résister à la vague générée par le candidat N°20 qui partait avec plus de faveur, parce que ne bénéficiant pas non seulement de la prime du président sortant, mais auréolé aussi par son bilan palpable dans plusieurs secteurs de la vie nationale.
Il ne reste donc à l’opposition que de fourbir ses armes pour l’avenir en lieu et place de chercher à midi à quatorze heures. Ce serait faire preuve des vertus démocratiques.