Auréolé de toutes les distinctions mondiales dont le prestigieux Prix Nobel de la Paix 2018 pour son courage dans la dénonciation du viol utilisé comme arme de guerre dans le conflit qui déchire l’Est de la RDC depuis 30 ans, le Dr Denis Mukwege Mukengere, 68 ans ; avait cru peut-être son heure arrivée lorsqu’il annonçait le lundi 02 Octobre 2023 à Kinshasa point levé comme Nelson Mandela sa candidature à l’élection présidentielle du 20 décembre de la même année.
« J’ai entendu votre appel ! L’heure de la rupture est arrivée. Ma seule motivation est de sauver notre patrie et de rendre la dignité de notre peuple. J’appelle à la coalition des forces du changement. J’accepte d’être votre candidat à la présidence de la République » clame-t-il devant une foule des sympathisants acquis à sa cause. Ainsi avec 25 autres candidats, il entrait dans le challenge contre le Chef de l’Etat sortant Félix Tshisekedi Tshilombo au pouvoir depuis 5 ans déjà.
La réalité aussi est que du « bon » médecin au « bon politique », il y avait risque de perdre de sa superbe et c’est ce qui arrivé en bout de course. Le candidat indépendant Mukwege portant le n°15 n’aura au finish récolté que 39 728 des voix soit 0,22 % des suffrages exprimés sur l’ensemble du pays et la diaspora selon le décompte de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Même dans son fief de Bukavu, il est arrivé troisième derrière Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi.
Dans une déclaration lui attribué et partagé par les internautes mais que l’on ne trouve nulle part sur son compte X (ex Twitter) comme celui de sa Fondation Panzi, l’on relève une amertume de la part du « bon docteur » contre le peuple congolais qui a jeté son dévolu sur quelqu’un d’autre : « J’ai fait ma part. Le peuple en a décidé autrement, je respecte ses orientations. Mais un peuple qui se laisse corrompre, qui ne dénonce pas les injustices et qui applaudit ses bourreaux sans résister à leurs tyrannies, est complice de son esclavage et devrait en assumer les conséquences ».
Selon des sources, ce sont ses proches collaborateurs qui auraient partagés ce message subliminale de défaite à une poignée des journalistes. Le rancœur du gynécologue « qui répare les femmes » peut s’expliquer car il y a des défaites qui ne se commentent pas. Depuis l’annonce des résultats provisoires, le 31 décembre 2023, puis confirmés par la Cour constitutionnelle de son faible score de 0,22 %, Denis Mukwege est quasiment resté silencieux dans toutes les langues. Et surtout absent.
Bien que reparti à Bruxelles 48 heures après le scrutin pour une consultation en cardiologie à l’Hôpital Saint Pierre, et contrairement aux autres candidats malheureux de l’opposition tels Moïse Katumbi et Martin Fayulu –arrivés respectivement deuxième et troisième au scrutin- aucune allocution ou communiqué officiel n’ont été publiés par ses équipes du « docteur ».
Ni depuis la capitale Kinshasa, où il avait voté le 20 décembre 2023, ni depuis l’Europe, où il se trouvait 48 heures après le scrutin pour une consultation en cardiologie à l’Hôpital Saint Pierre de Bruxelles. Et pire encore, depuis son fief de Bukavu dans le Sud-Kivu.
A lire aussi : ELECTIONS 2023 : Denis Mukwege en consultation cardiologique à Bruxelles https://www.afriwave.com/2023/12/22/elections-2023-denis-mukwege-en-consultation-cardiologique-a-bruxelles/
Un divorce consommé ?
Considéré par beaucoup des congolais comme un potentiel « candidat des occidentaux » au travers des loges francs-maçons européens qui le soutenait depuis des années sans qu’il n’ait jamais affirmé lui-même appartenir à des loges.
Sûre de son « aura » international, sa candidature envisagée depuis longtemps venait pourtant clarifier les choses : « Je ne vais pas attendre 2028. Je ne le fais pas par intérêt, ni pour le pouvoir, mais pour sauver ma patrie. Demain ce sera trop tard, j’y vais maintenant » clamait-t-il devant ceux qui voulaient l’entendre sans peut-être une réelle conviction de l’emporter demain.
« Avec cette défaite cuisante, c’est le divorce politique consommé entre notre bon docteur et le peuple congolais car on ne s’improvise pas politique du jour au lendemain. Il faut avoir des nerfs comme des reins solides car la politique est un monde cruel et sale. Et le docteur Mukwege en a appris à son dépens » ironise un cadre de la coalition présidentielle de Félix Tshisekedi.
Les difficultés pour Mukwege sont d’abord parties de la malédiction de Prétoria dans sa banlieue de Est Tswane où les dix délégués représentant 5 candidats à la présidentielle en RDC, en raison de deux délégués par candidat avaient pour mission de se déterminer sur le choix d’un candidat commun de l’opposition.
Moïse Katumbi y avait envoyé Olivier Kamitatu Etsu et Hervé Diakiese Kyungu. Martin Fayulu lui, a missionné l’inusable Devos Kitoko et Jean-Félix Senga, tandis que Denis Mukwege a fait confiance à Albert Moleka et un jeune homme de la diaspora. Et Augustin Matata a dépêché notamment Franklin Tshiamala.
Et comme un air du déjà vue dans un même pays l’Afrique du Sud et une même ville Prétoria, avec le même initiateur In Transformation initiative (ITI) », cette ONG sud-africaine pour un remake du bal des chauves poker-menteurs des opposants Congolais en vue de trouver un consensus entre-eux avant d’affronter le Chef de l’Etat sortant Félix Tshisekedi ; les mêmes causes ont produit le même résultat : une mésentente complète pour un départ en ordre dispersé qui amenuisait les chances des opposants face au challenger sortant Félix Tshisekedi lors de l’élection du 20 décembre 2023.
Souffrant d’un réel déficit de visibilité dans le pays, la deuxième difficulté de Mukwege fut dans le choix de ses collaborateurs proches. Il avait peut-être cru bon de prendre comme Directeur de cabinet Albert Moleka, un dissident et ancien de l’UDPS ; ex-Directeur de Cabinet d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba ; père du chef de l’État actuel réélu pour s’attirer les votes des dissidents de ce parti.
Mais aussi Didier Mumengi, sénateur et ancien de l’AFDL de Laurent-Desire Kabila comme Directeur de campagne. C’est l’effet contraire qui fut au rendez-vous final, ces deux personnalités ayant paru un boulet qu’un apport décisif à la campagne autant invisible de Mukwege à travers le pays.
Face à de vieux routiers de la politique congolaise réputée féroce et souvent dévoyée, il partait avec un handicap, notamment son manque d’expérience politique, aucune base militante dans les provinces, de moyens promis par se amis qui ne sont plus finalement venus. Sa célébrité à l’étranger n’a pas compensé finalement le fait qu’il soit assez peu connu dans le pays en dehors des milieux intellectuels.
« Je ne crois pas que Denis Mukwege puisse faire quoi que ce soit. Sans parti, sans relais… Un Nobel de la paix, c’est prestigieux à l’étranger. Au Congo, la population a d’autres préoccupations. En fait, je ne comprends même pas pourquoi il s’est présenté » estimait déjà Dieudonné Wamu Oyatambwe, Docteur en Sciences politiques à la VUB vivant en Belgique et enseignant à l’Université de Kinshasa et à l’Université Notre-Dame de Tshumbe dans la province de Sankuru.
Pourrait-il rebondir en 2028, personne n’en sait et c’est le temps qui nous en dirait !
À lire aussi : Denis Mukwege : Une élection présidentielle manquée [Lu pour Vous] https://www.afriwave.com/2024/01/05/denis-mukwege-une-election-presidentielle-manquee-lu-pour-vous/
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