Par : RFI
Des affrontements entre les forces gouvernementales et les rebelles du M23 ont eu lieu autour de Saké. Cette ville stratégique est située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, considérée comme le dernier verrou sur la route du chef-lieu du Nord-Kivu. Lundi déjà, le Conseil de sécurité des Nations unies s’inquiétait d’une escalade de la violence dans l’est de la RDC.
Toutes les dispositions sont prises. Saké est sous le contrôle des forces armées congolaises, assure Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais, dont le ministre de la Défense s’est rendu ce mardi à Goma, deuxième visite en moins d’une semaine, pour Jean-Pierre Bemba. Selon ce dernier, tout est mis en œuvre pour la protection des populations de Saké, de Goma et des alentours. Kinshasa, affirme-t-il, s’est fixé pour objectif de reprendre l’entièreté des territoires.
« Toutes les dispositions sont prises pour non seulement assurer le contrôle de cette cité stratégique, mais aussi nous assurer que les populations qui ont fait des mouvements puissent commencer à faire le mouvement retour, a affirmé Patrick Muyaya. Vous avez suivi le dernier rapport, qui est ressorti des Nations unies, qui dit clairement qui a utilisation de missiles sol-air sur le sol congolais. Donc, nous, nous prenons des dispositions pour assurer la défense de notre territoire. »
L’accès humanitaire se réduit de plus en plus
Selon nos informations, le centre-ville de Saké était ce mardi soir contrôlé par l’armée congolaise, aidée par des groupes armés, les Wazalendo. Les rebelles du M23, qui ont lancé une offensive il y a environ une semaine, seraient sur les collines qui entourent cette ville considérée comme le dernier verrou avant Goma et qui se trouve au carrefour de plusieurs routes reliant le chef-lieu au reste de la province, et permettant de l’approvisionner. Sur les réseaux sociaux, l’agence des Nations unies pour les affaires humanitaires (Ocha) affirme que l’accès humanitaire se réduit de plus en plus dans la zone.
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Lundi en début de soirée, une bombe est tombée dans un camp de déplacés à la sortie nord de Saké, tuant au moins trois personnes et blessant une dizaine d’autres. Cette intensification des combats a provoqué le déplacement de milliers de civils, rappelle Stephen Goetghebuer, chef des missions de Médecins sans frontières.
« […] Les déplacés sont dans des sites d’accueil, plutôt en périphérie de Goma, au nord ou à l’ouest de Goma, vers Saké qui est une ligne de front aujourd’hui, donc ces camps restent très exposés […] Les conditions d’accès à l’eau, aux latrines mais aussi à la nourriture, à la santé et à la sécurité sont extrêmement précaires. Dans les structures supportées par MSF, on traite en moyenne 60 cas de violences sexuelles par jour qui viennent de ces camps de déplacés, donc des survivants de ces violences. Et ce n’est probablement qu’une petite proportion des victimes. Vient s’ajouter l’angoisse du lendemain puisque Goma étant encerclée, on ne sait pas très bien ce que les belligérants voudront faire ».
Lundi soir, lors d’une réunion d’urgence, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont condamné l’offensive du M23 et s’inquiétaient à nouveau de l’escalade de la violence dans l’est du pays. Ils ont répété leur condamnation de tous les groupes armés opérant dans le pays et appelé « tous les acteurs à reprendre le dialogue pour parvenir à un cessez-le-feu ».
Un véhicule blindé rwandais avec radar et lance-missile
Cet appel intervient alors que l’ONU révèle de nouveaux moyens militaires utilisés par les rebelles du M23. Selon ce document interne de l’ONU, un missile sol-air, présumé des Forces de défense rwandaises, a visé mercredi dernier un drone d’observation de l’ONU sans l’atteindre.
Le missile aurait été tiré depuis un véhicule blindé dans une zone contrôlée par le M23, précise le document confidentiel. Deux photographies aériennes, jointes au rapport, montrent un véhicule blindé avec, déployé sur son toit, un système de radar et de lance-missiles. Les photos ont été prises à environ 70 km au nord de Goma par le drone visé par le missile, indiquent les auteurs du rapport, qui ajoutent que les renseignements militaires français ont confirmé que le véhicule blindé est rwandais.
Les auteurs notent une escalade des forces conventionnelles engagées le conflit. Ils estiment que ces nouveaux moyens anti-aériens utilisés par le M23 constituent une menace à haut risque pour tous les aéronefs du gouvernement de la RDC et de la Monusco dans la région.
Article à lire sur Est de la RDC : dernier verrou avant Goma, Saké reste aux mains des FARDC mais entouré par le M23 https://www.rfi.fr/fr/afrique/20240213-est-de-la-rdc-dernier-verrou-avant-goma-saké-reste-aux-mains-des-fardc-mais-entouré-par-le-m23
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