Des proches du président Félix Tshisekedi et des opposants ont été pris la main dans le sac tentant de frauder aux législatives. L’issue de cette affaire détermine déjà le 2ème mandat du président réélu, attendu au tournant dans un pays ou la principale maladie a toujours été la corruption de son élite. Les dessous de cette affaire par LITSANI CHOUKRAN.
Le destin aime bien tourmenter ses sujets. Des événements anodins nous propulsent parfois à des rendez-vous ultimes, définissant clairement notre avenir. Si un seul battement d’ailes d’un papillon peut avoir pour effet le déclenchement d’une tornade, alors, il en va ainsi également de tous les battements. Au Congo, Félix Tshisekedi avait battu campagne de toutes ses forces et espérait ainsi se faire réélire sans se retrouver en compagnie d’une clique qui n’avait visiblement pas la même moralité ni encore les mêmes convictions que lui. Un jour, pendant que le Chef de l’Etat sortant s’époumonait à sillonner les vingt-six provinces du pays à la rencontre du Congo, dans une frénésie vertigineuse afin de les convaincre de la nécessité de sauver ce pays en votant pour lui, à Kinshasa, ses hommes, ceux de son cercle certes le plus restreint, certains n’avaient pas la même démarche.
Une société des pillards
Il faut dire que chaque société mérite ses dirigeants. Aussi, dans un Congo où tout le monde est prêt à vendre son frère pour du pain, il n’est point étonnant de se retrouver face à un scandale lorsqu’il s’agit alors de devenir député, de toucher 25.000 USD par mois et de sortir ainsi de la pauvreté.
Le fait est que depuis les pillages des années 1990, cette société a mis fin à son idéal commun. Les pilleurs ont pillé les magasins, faisant s’effondrer tout le tissus social. Et quand il n’y avait plus de magasins à piller, ils ont mis cap vers le Trésor public. Prenant néanmoins soin de devenir « politicien », mais avant le même objectif : piller, s’enrichir, se mettre à l’abri. Qu’ils soient ministres ou chefs rebelles, les Congo n’ont plus eu aucun sens patriotique dans leur majorité que le souci, pour chacun, de voir sa famille et ses proches sortir de la pauvreté : chacun pour soi, le Congo également pour soi-même. Par ailleurs, le premier mandat de Félix Tshisekedi n’ayant jamais pris la peine de déterger les mauvais herbe de sa coalition « Union Sacrée », reprenant et fondant tous les maux qui ont tourmenté le Congo et Joseph Kabila ses deux dernières décennies… avait préparé au président sortant un cocktail explosif qui ne pouvait que finir ainsi.
FATSHI, numéro 2O, à triomphé ! Il est plébiscité comme jamais dans l’histoire du Congo. Fruit de l’effort d’une campagne inédite, à la vraie américaine, qui n’aurait laissé que des images de drones très Fondés à l’opposition pour pleurer. Kinshasa, amoureuse de l’opposition, la plaque et devient ivre amoureuse du candidat président sortant. Et alors que plus personne au monde n’accepte plus sa défaite électorale, surtout pas même Donald Trump aux Etats-Unis, il ne fallait pas s’attendre à autre chose de Moïse Katumbi, ou encore de Martin Fayulu. Mais pendant que ces derniers poursuivaient leur chimérique contestation, l’hécatombe tombe et apporte un peu d’eau dans leurs moulins secs.
Tricher au nom de FATSHI
A Kinshasa durant plus d’une semaine, des gaillards, les plus riches parfois du pays, tenteront en vain de joindre le président Tshisekedi. Celui-ci prétexte officiellement la fatigue de la campagne. En réalité, ce président a décidé de faire les choses autrement. Bien loin alors de 2018, où un président sortant, malgré lui, avait laissé le pouvoir à une clique de nommer des députés depuis les locaux de l’ANR. Cette fois, FATSHI s’éclipse au point de voir une délégation se pointer chez sa Mère la Limete, qui n’en fera rien d’ailleurs. La pauvre, n’avait-elle pas tout donné à cette République pour mériter un repos en regardant les affaires politiques de loin ?
Kadima interprète cela donc comme un « feu vert ». Jouissant de son indépendance, le président de la CENI fait tomber le couperet. Au moins 80 tricheurs, des poids lourds y compris, tombent. Invalidés. Les uns ont carrément requestionné des machines à voter pour s’offrir des voix aux Législatives. Les autres cependant, ont simplement envahi des Bureaux de vote pour faire pression, faisant ainsi voter en leur faveur. Même la fraude est interloquée. Jamais le génie du mal n’avait tant été inventif. Mais comment agir si impunément : l’habitude, répondront les avertis. Car si le Congo découvre ces pratiques aujourd’hui, elles ont toujours été de mise. En 2018 surtout, où un ancien président de l’Assemblée nationale s’est retrouvé Député sans avoir été candidat. Bref, l’impunité ici est calculée. En trichant, on fait croire qu’on le ferait au nom du président de la République. Espérant ainsi que pris la main dans le sac, l’on pourrait alors y échapper, car le président ne pourra donc pas se tirer une balle dans un pied.
Le 2ème mandat de FATSHI déjà en jeu
Mais les choses finissent par changer. Le destin toque aux portes du Congo. Tshisekedi ayant laissé les mains vides à Kadima, ce dernier sait pertinemment comment localiser les voix d’un tricheur dans la comptabilisation : un tricheur le fait depuis un Bureau ou un centre de vote. Il a également un nombre de voix qu’il prétendra avoir recueilli. Il suffit alors à la CENI de simplement invalider ces dernières dans la comptabilisation, y compris de la Présidentielle. C’est ainsi que Kadima a réussi à démonter la martingale politique assortie d’un chantage vis-à-vis de Tshisekedi.
Toutefois, une machine à voter n’a pas de pieds. Elle ne peut donc pas quitter son entrepôt pour aller chez Ngobila (présumément) et les autres. Le procès des fraudeurs qui commence risque d’être palpitant. S’il y a des innocents, qu’ils le prouvent devant la justice. Mais il y a des coupables ! Tout un réseau de fraude doit être démantelé et le point de départ se situe au sein de la CENI. Ils croyaient qu’en trichant, il suffisait de faire croire qu’on le fait pour le Président sortant, comme dans le passé, on serait ainsi immunisé contre les poursuites. Waya !
Cette affaire banale est pourtant un véritable test pour le deuxième mandat de Félix Tshisekedi. Avec son triomphe historique, le Chef de l’Etat a réussi à s’endetter massivement auprès des Congolais qui attendent de lui des décisions courageuses pour guérir cette société des pillards et restaurer l’idéal commun. Dans ce dossier, le Congo a une ultime occasion d’envoyer un électrochoc à sa société qui est plus que jamais appelée à se remettre en cause.
Néanmoins, nous connaissons notre appareil judiciaire. Sans ingérence, le Magistrat Suprême devrait veiller sur nos justiciers pour qu’ils ne sombrent pas, une fois de plus, dans des combines, au lieu de rendre réellement justice dans cette affaire qui détient malgré elle l’avenir même de notre pays, sans exagération aucune. Car cette affaire aboutira soit au changement dont on a désespérément besoin, soit à l’échec même du 2ème mandat que le Peuple a accordé au Président. De l’indépendance de la justice, des condamnations justes et du démantèlement de cette fraude électorale… dépendra de la direction que notre pays va prendre dans les jours à venir. Nous devons aboutir à la condamnation d’au moins 100 personnes dans cette affaire.
LITSANI CHOUKRAN, FONDÉ.
Article à lire sur Les dessous de la fraude aux législatives en RDC https://www.politico.cd/la-rdc-a-la-une/2024/01/09/les-dessous-de-la-fraude-aux-legislatives-en-rdc.html/153312/