Dans la stratégie de La guerre il y a une trilogie connue depuis la nuit des temps à savoir : DISSUASION, DIVERSION et DÉFENSE. Depuis plus de deux décennies, dans les conflits avec le Rwanda, le Congo mon pays est dans la phase finale de cette stratégie, la DÉFENSE.
La DÉFENSE veut dire ATTAQUER lorsque toutes les voies de négociations et de diplomatie sont vidées et les deux premières phases, la dissuasion et la diversion, épuisées.
Contrairement à cette pratique bien connue, même par des officiers généraux et du Renseignement que je vois dans ce forum, nous assistons à une continuité des jérémiades, d’inaction et d’inefficacité même pour la récupération des territoires occupés par l’ennemi sur notre sol. Et, l’on ne fait qu’accuser la traîtrise au sein de notre armée et de nos services du Renseignement, comme si le Congo est incapable d’infiltrer aussi les armées et les services du RENS de ses ennemis. C’est un principe mondialement connu.
Combien de temps faudra-t-il à nos officiers, pur-sang, pour élaborer une stratégie de guerre efficace afin d’en finir avec ces attaques de l’Est ?
Gagner une guerre n’est pas fruit d’un miracle.
Certes, plusieurs dirons d’un côté que le Congo est en guerre non seulement avec le Rwanda mais avec tout l’Occident, ce qui peut paraître évident toutes proportionnalités gardées, mais de l’autre côté l’on peut se demander comment font certains États africains pour, soit fragiliser cet Occident soit être son PROTÉGÉ ?
À l’allure où va l’année 2024, depuis que le Chef de l’Etat a eu son nouveau mandat, le temps de nommer le premier ministre, la mise en place et la prise des fonctions du nouveau gouvernement ; tout ceci laisse à penser qu’il n’y aura aucune réforme sérieuse avant décembre 2024. Retenons le temps que met une loi avant qu’on parle d’adoption à la première lecture, de toilettage, d’amendement et d’adoption par le sénat etc.
Donc, ma lecture est que l’année 2024 est déjà perdue. Si 2024 est perdu, il ne restera que 4 ans au président Félix-Antoine TSHISEKEDI dont 3 pour l’effectivité du mandat et 1 pour l’organisation des prochaines élections générales. Il faut y penser.
Or, sans les réformes, sans une véritable restructuration de l’armée avec une exclusion courageuse des infiltrés majoritairement connus, le Congo ne tournera qu’en rond pendant que le Rwanda est entrain de renforcer ses positions sur son sol et sur le sol congolais.
Faudrait-il partager l’avis de ceux qui confondent l’attentisme néfaste avec un repli stratégique, ou de ceux qui pensent que la léthargie a assez durer et qu’il est temps de prendre le taureau par les cornes ?
Un autre avis énerve, celui de toujours penser que le Chef de l’État est mieux informé que quiconque et il sait ce qu’il fait. Non, à chacun son métier. La guerre est avant tout un art de ceux qui ont fait les académies militaires et l’École de guerre. Ils sont légion au Congo et pur-sang.
En outre, le Chef de l’État doit en tout état de conscience savoir qu’il est prioritairement concerné par la levée du moratoire sur la peine de mort. Cette même loi peut tourner contre lui-même. Pour n’avoir pas pris des bonnes décisions en temps de guerre, plusieurs généraux ont été fusillés publiquement et beaucoup d’autorités politiques pendues sur la place publique, dans le monde, considérant qu’ils ont trahi. L’évidence est qu’il ne pourrait en arriver là.
Seuls, les véritables partenariats, le courage, l’audace et l’action sauveront le Congo.
Dominique X. TSHIMANGA
Ancien de la Défense et du Parlement
