C’est au finish d’un suspens qui n’a pas existé que Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi a été désigné candidat président de l’Assemblée nationale, à l’issue d’une élection primaire organisée au sein de l’Union Sacrée de la Nation ; plateforme politique qui a soutenu la réélection de Félix Tshisekedi à la tête du pays pour un second et dernier mandat.
Sur le près de 400 députés nationaux déjà validés par la Céni et la Cour constitutionnelle, seuls 372 élus avaient participé au vote. Après dépouillement du nombre de bulletins, Kamerhe aura raflé 183 voix, dépassant largement Christophe Mboso. Le président sortant et actuel président du bureau d’âge candidat à sa propre succession n’aura obtenu 113 voix alors que Modeste Bahati, le président sortant du Sénat qui a choisi de siéger à l’Assemblée nationale sort laminé avec 69 voix à l’issue du vote où il y a eu 7 bulletins blancs.
Pour l’heureux revenant élu triomphalement par ses pairs, « Je n’avais jamais demandé d’être candidat président de l’Assemblée nationale. J’étais en réalité le choix du président de la République depuis plus de deux mois. Les autres sont venus exprimer leurs desiderata ».
Pas avare dans ses déclarations, Kamerhe révèle que « Le président de la République nous a donné plusieurs opportunités d’être ailleurs qu’au Parlement. Mais j’étais convaincu qu’avec le travail inachevé injustement au Parlement et au regard des enjeux dans la région des Grands Lacs, ma place était ici en dehors de la Primature ».
Revenant à la tête de la Chambre basse du parlement 15 ans après sa rupture d’avec Joseph Kabila sur l’intervention des troupes de l’armée rwandaise en RDC sans l’accord du parlement pour être remplacé par Evariste Boshab en 2009, il affirme avoir « déjà fait beaucoup de réformes » en quelques temps tout en promettant d’en faire encore d’avantage. « Et là, j’en ai beaucoup en préparation dans ma tête. Si le gouvernement est en retard, je vais le faire sous forme de propositions de loi et on avance », a-t-il prévenu.
En appel de pieds à ses malheureux concurrents, il dit espérer que ce vote renforce la cohésion d’ensemble : « Je remercie le présidium de l’Union Sacrée, les présidents Augustin Kabuya, Modeste Bahati et Christophe Mboso. Je voudrais leur dire que nous avons gagné ensemble. Nous avons pris l’engagement devant le président de la République de mener un combat loyal et démocratique. Que ce combat ne laisse pas des séquelles et qu’il ne nous divise pas ».
Âgé aujourd’hui de 65 ans, Vital Kamerhe va sûrement très prochainement retrouver sa place de « speaker » au perchoir de l’Assemblée nationale qu’il avait déjà occupé entre 2006 et 2009 sous Joseph Kabila et le PPRD. De trois dinosaures en lisse, c’est le plus futé qui l’a remporté tout en espérant un Congo nouveau qu’archaïque.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi