Lorsque le 18 janvier 2001, ils font feu sur le président Laurent-Désiré Kabila, à Kinshasa, dans son bureau, à sa résidence, alors qu’il s’y trouvait en réunion avec un collaborateur, officiers et soldats rwandais au front, aux côtés des rebelles congolais du RCD-Goma, étaient à Pepa, localité située à une centaine de kilomètres de Pweto, non loin du Lac Tanganyika, à un jour de marche de la deuxième ville du pays ! À l’annonce du décès du président congolais, soldats rwandais et rebelles congolais se jettent mécaniquement en direction de Lubumbashi, à 500 kms de là, convaincus que l’affaire était désormais terminée, que la deuxième guerre mondiale africaine avait pris fin, que le Rwanda venait de gagner une seconde fois, une guerre au Congo !
Pourtant, peu après la nouvelle de la mort de Kabila annoncée, Paul Kagame reçoit l’ordre de la première puissance du monde de ne pas laisser ses troupes avancer vers la deuxième ville du Congo, d’arrêter les combats à Pepa et de voir venir les événements.
L’ordre de Washington est si strict que pour s’assurer de son exécution sans faille par ses hommes, Paul Kagame fait atterrir dans la précipitation sur la localité congolaise, Pepa, dans l’heure qui suivait l’annonce de ce décès, le membre le plus puissant de son dernier carré, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, l’un des fondateurs du FPR, le Front Patriotique Rwandais, aujourd’hui en exil, à l’époque chef d’état-major de l’armée rwandaise, APR, l’Armée Patriotique Rwandaise aujourd’hui RDF, Rwanda Defence Force.
Sur le front, trouble et incompréhension. Les mêmes questions dans toutes les bouches. « Qu’est-ce qu’il s’est passé derrière nous, depuis ? Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi nous demande-t-il de ne plus avancer alors que le pouvoir est à portée de main ? Que nous veut-il ? »
L’assassinat de Laurent-Désiré Kabila a fait ouvrir des portes aux Occidentaux !
Dès son installation à la tête du pays, le nouvel homme, fils de Laurent-Désiré Kabila, choisi par les Occidentaux, prend littéralement un chemin autre que celui qu’avait emprunté son père. Il commence par béatifier le facilitateur du dialogue inter-congolais, l’ancien président du Botswana, Ketumile Joni Masire dit Quett Masire, invité dans la Capitale, reçu par le nouveau président quand Kabila père lui avait fait ériger un infranchissable mur.
Le dialogue s’ouvre le 15 octobre 2001 à Addis-Abeba, en Éthiopie. Il aboutit à Pretoria à l’Accord global et inclusif, signé le 2 avril 2003 à Sun City, en Afrique du Sud. L’accord donne lieu à un régime 1+4 inattendu, fait incorporer dans l’armée régulière des forces de toutes les rébellions, MLC, RCD-Goma, RCD-ML.
L’arrêt par Kagame des combats à Pepa donne une indication claire sur les réalités du Rwanda. L’ordre d’arrêter les combats est venu des Occidentaux, signe de la dépendance existentielle du Rwanda vis-à-vis des Occidentaux.
Le Rwanda trop pauvre par son potentiel, son économie sinon son existence dépend étroitement de l’aide occidentale. La moitié de son budget est financée par l’aide extérieure.
Il est dès lors difficile qu’une injonction occidentale ne puisse être suivie sauf à accepter de faire courir au « pays des mille collines » le risque d’un retour à l’âge de la pierre, ce que ne peut se permettre Kagame dont l’ambition affichée par sa propagande ou sa communication, est de passer pour un pays modèle dans la gestion au point d’afficher des taux de croissance hors normes (plus de 8% en 2023), de se faire élire et réélire à la soviétique sans que cela n’émeuve personne en Occident dans un pays à majorité hutue.
L’essentiel, explique-t-on, c’est la paix, l’ordre, la stabilité ! Disons-le. Face à Kigali, Corneille Nangaa Yobeluo est le nouveau Laurent-Désiré Kabila, le nouveau Ernest Wamba Dia Wamba, le nouveau Dr Émile Ilunga Kalambo, le nouveau Adolphe Onusumba Yemba. Un Congolais de service, sans existence, à exploiter et à lâcher sans explication dès que l’ordre tombe !
Si le Congo fait aujourd’hui face à d’énormes défis dans la conduite de la guerre que lui mène le Rwanda, le pays est connu comme celui qui infligea une cuisante défaite à la rébellion tutsie du FPR lors de sa première tentative de prendre le pouvoir à Kigali. Sous Mobutu, l’ex-Zaïre, avec le général Donatien Mahele Lieko Bokungu à la tête d’un contingent des FAZ contribua, le moins que l’on puisse dire, le 2 octobre 1990, soit dès le lendemain de l’entrée du FPR au Rwanda, en venant de l’Ouganda, à la mort dans les bananeraies, du chef historique du FPR-APR, Fred Gisa Rwigema, de son vrai nom Emmanuel Gisa.
DU MAUVAIS TEMPS À KIGALI.
Certes, des versions diverses circulent sur ce décès. Il n’empêche ! Cette mort de l’homme qui fut le garde du corps de Yoweri Kaguta Museveni lors de ses opérations militaires parties de la Tanzanie et qui est nommé vice-ministre de la Défense à Kampala, à la prise du pouvoir par Museveni, fut l’œuvre du contingent zaïrois dépêché par Mobutu auprès de l’armée de son ami, le président rwandais, le Hutu Juvénal Habyarimana.
Partant des réalités existentielles du Rwanda, le Congo d’aujourd’hui peut déployer une stratégie gagnante qui ferait plier cet « homme fort de Kigali ». Une stratégie d’anéantissement sinon d’affaiblissement de l’économie et donc des finances de ce pays.
Le contexte international actuel s’y prête avec cette multiplication des mauvaises nouvelles.
Le hasard n’existe pas, dit-on. Il est évident que depuis peu, Kigali croule sous du mauvais temps. Il y a le gel par l’Union Européenne de 20 millions d’euros à la RDF pour son intervention à Cabo Delgado, au Mozambique. « L’UE ne peut pas apporter une assistance financière (au Rwanda) qui sera aussitôt injectée dans le financement des violences dans le Nord-Kivu », déclare un diplomate européen.
Cette contribution financière ne sera pas versée au Rwanda qui, au lieu de se concentrer sur le développement de son territoire, exporte et entretient la terreur sur le sol congolais. Jusqu’où ira l’UE qui paraît s’acheminer vers de nouvelles sanctions contre Kigali pour son soutien au M23 ?
Autre mauvaise nouvelle, l’arrivée au 10, Downing Street du Labour qui a conduit le nouveau premier ministre britannique, après son raz-de-marée électoral, à annuler le contrat sur les migrants. Keir Starmer a confirmé la fin de la politique d’expulsion des migrants vers le Rwanda.
Le 6 juillet, le chef du Labour a annoncé, lors de sa première conférence de presse à Downing Street, que la politique d’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda – « pays vanté mais non sûr pour les demandeurs d’asile », était « morte et enterrée ».
Du coup, les sommes colossales que Kigali attendait de cet accord (432 millions d’euros comme coût de la procédure de demande d’asile au Rwanda, 140 millions d’euros supplémentaires si plus de 300 migrants étaient renvoyés au Rwanda, 151.000 livres prévus pour l’intégration de la personne renvoyée au cas où celle-ci resterait au Rwanda, etc.) partent en fumée quand la polémique enfle pour savoir s’il faut retourner ou pas les énormes sommes déjà perçues par Kigali.
Qu’attendre de Paris avec le changement de la politique étrangère française que va porter le futur gouvernement français et surtout de Washington qui ne met désormais aucune réserve dans son récit pour désigner nommément le Rwanda dans la guerre à l’Est du Congo ?
Le 5 décembre 2022, dans un appel téléphonique, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken a « dit clairement que tout soutien externe à des groupes armés non-étatiques en RDC doit cesser, y compris le soutien du Rwanda au M23 », en a rapporté officiellement le porte-parole du Département d’État, Ned Price.
Le 5 février 2024, l’ambassade des États-Unis à Kinshasa diffuse un communiqué. « Nous avons fermement appelé tous les groupes armés non-étatiques, y compris le M23 sanctionné par les États-Unis, à cesser les hostilités et à déposer les armes (…). Nous appelons de nouveau le Rwanda à cesser de soutenir le M23 et à immédiatement retirer les Forces armées rwandaises du territoire congolais, étant donné que leur appui à ce groupe armé n’a servi qu’à déstabiliser davantage l’est de la RDC ».
Puis : Les États-Unis soulignent « depuis longtemps qu’il est primordial que tous les États respectent la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun », ajoutant que « toute affirmation contraire est fausse ». Et ce tweet d’Antony Blinken du 7 avril 2024, jour de la commémoration des 30 ans du génocide rwandais, qui en dit long sur le virage de la politique américaine : « Nous pleurons le deuil des milliers de Tutsis, de Hutus, de Twas et d’autres dont la vie a été perdue au cours de 100 jours de violence indicible ».
Réaction affligée de Kagame : « Quand il s’agit du jour de la commémoration, qui est le 7 avril, auriez-vous la gentillesse de commémorer avec nous et de vous arrêter là ? Il y a 365 jours dans une année. Donnez-nous ce 7 avril, commémorez avec nous et, ensuite, vous pourrez passer les 364 jours restant à nous blâmer pour tout ce que vous n’aimez pas chez nous ».
À la question d’un journaliste, Kagame révèle qu’il croyait avoir conclu, il y a dix ans, un accord avec les autorités américaines pour qu’elles ne critiquent pas l’anniversaire du génocide. Les choses ne sont donc plus désormais les mêmes !
Certes, Kagame est et reste sur papier un allié des États-Unis. Certes, Kagame a sur papier des relations amicales avec nombre de dirigeants occidentaux.
Reste que Kagame et son régime subissent désormais une pression qu’ils n’avaient jamais subie à ce jour suite à une implication militaire documentée dans les Kivu du puissant voisin économique, le Congo.
Entre le Rwanda et le Congo, le choix est clair. On le sait, « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».
Quand les médias s’en mêlent avec le dossier planétaire « Rwanda Classified » qui a surpris Kigali, qui a activé ses réseaux étrangers avec une tribune riposte « Rwanda Classified », une faillite journalistique ?» Reste que l’enquête « Rwanda Classified, au cœur de l’engrenage répressif du régime de Paul Kagame » menée par un consortium de 17 médias de onze pays dans le monde, a fait mouche, a interpellé les consciences.
Que veut Kagame dont le pays n’a rien dans ses mains ? Quelles ambitions folles, démesurées nourrit-il ? Peut-il exister en continuant de tromper et de travailler pour d’autres ?
Et, si face au Rwanda, le Congo avait besoin d’autres armes pour lever la mise ?
KKMTRY
Article à lire sur : La stratégie gagnante de la guerre au Kivu https://lesoftonline.net/articles/la-stratégie-gagnante-de-la-guerre-au-kivu
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