L’illégalité, l’impunité et la loi du plus fort se poursuivent sous silence à Loolo, Secteur de Losanganya, Village Bolenge, Territoire de Bolomba tout près de la ville de Mbandaka ; chef-lieu de la province de l’Equateur.
Avec la complicité de certains congolais corrompus, c’est le règne de l’arbitraire par la « loi de la jungle » même si l’on se trouve en pleine jungle de la grande forêt équatoriale, deuxième poumon de la terre. C’est un véritable « crime environnemental » contre la nature forestière millénaire au risque de mener à la disparition totale de toute une communauté locale qui s’y passe au grand jour depuis des années avec et par des societés chinoises.
Un génocide contre la nature. En effet depuis 2001 et sans compensation aucune au profit des autochtones en termes d’infrastructures socio-économiques ou de développement communautaire, la compagnie chinoise du nom de COKIBAFODE (Ex-Maniema Union 2) procède à une destruction quasi quotidienne de la forêt équatoriale primaire au vu et au su de tout le monde. De plus, ces sujets chinois exploitent même le port fluvial de Loolo depuis 2019 sans aucun « Accord » de la communauté qu’ils privent ainsi de ses « redevances coutumières ».
« Les chinois ont exploité nos forêts même à la lisière de nos villages. A Bolenge, ils ont laissé des trous un peu partout, et deux enfants sont tombés dedans et y sont morts », a dénoncé le pasteur Félix Bongelemba Gombele, notable de Bolenge et Etabo.
Outre la coupe illégale du bois, les notables de Bolomba dénoncent également l’usage sans contrepartie du port privé de Loolo utilisé par ces entreprises chinoises pour évacuer leur bois.
« On a aucun contrat avec les chinois. Ils exploitent ce port sans aucun contrat avec moi, le gestionnaire et ayant-droit. Avec la communauté, nous avions pris la décision de bloquer leur bateau. Mais, le gouverneur Bobo a envoyé les militaires pour le libérer, en intimidant et en arrêtant certains membres de la communauté », explique Félix Bongelemba.
Dans un courrier récent daté du 04/06/2024 signé Maître Boyaka Cédric, Avocat conseil des ayants-droits adressé aux autorités de la province de l’Equateur au nom de ses clients et dont www.afriwave.com a pris connaissance, c’est la « loi du plus fort » qui se poursuit entre le pasteur et professeur Bongelemba Gombele Félix, Héritier et Gestionnaire du Port de Loolo et la Société Commerce International et Forestière SCIFOR Sarl au sujet de l’exploitation illégale du débarcadère dudit port de Loolo.
En effet, selon « le jugement non-attaqué jusqu’à ce jour et cette volonté a été confirmée par le jugement sous RC 5995 du 17/06/202 par le Tribunal des Grandes instances de Mbandaka ordonnant l’investiture du Sieur Bongelemba Gombele Felix Co-concessionnaire de forêt EKOTO et du Port Loolo…Un acte de reconnaissance tenant lieu de possession du Port de Loolo N°06/2005 du 25 octobre 2005 lui a été remis par le Chef de Secteur de Losanganya attestant cette possession au Village Bolenge du Clan régnant de mon client mieux référencé qui a été désigné l’Ayant droit principal par ladite communauté et ses notables pour Gestion » écrit Maitre Boyaka Cédric.
« … que contre la volonté de mon client, héritier attitré dudit port, la société SCIFOR Sarl s’est lancée à l’Exploitation illicite sans contrat au préalable et ce au mépris du jugement ci-haut évoqué qui reste coulé en force de l’Autorité de la chose jugée » dénonce Maître Boyaka.
Raison pour laquelle au nom de son client supra identifié, Maître Boyaka sollicite et « prie votre autorité d’interdire formellement toute exploitation illicite orchestrée par la société SCIFOR Sarl et demande à toutes les autorités de lui porter mains fortes en cas de nécessité. Du reste, mon client ne reconnait nullement tout engagement pris ici et là avec les personnes sans titre, ni droit sur le port de Loolo » conclut-il.
Pour rappel, c’est en 2018 que la société chinoise alors Maniema Union 2 est arrivée à Bolomba pour exploitation du bois d’œuvre. Plusieurs abus signalés n’ont pas stoppés la rage destructive, les engins lourds utilisés ne se limitant pas seulement au transport des troncs d’arbres centenaires, mais creusent de sillons et labourent la terre ; laissant des espaces entiers totalement dénudés. Certaines souches d’arbres déracinées sont embarquées pour des destinations inconnues.
Face à cette situation ubuesque du drame de Loolo alors que le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi avait rappelé son soucis de protection de l’environnement à la 78ème Assemblée Générale de l’ONU à New-York en septembre 2023, le Pasteur professeur Félix Bongelemba Gombele saisi la balle au bond : « Toutes les orientations et stratégies doivent être mises en œuvre pour en découdre avec ce dossier qui dure depuis des années. La seule instance qui peut nous aider maintenant c’est seulement la Présidence de la République. Les Chinois utilisent la corruption et nous ont rendu la tâche difficile dans toutes les instances où nous sommes passés. C’est triste et regrettable, nous devons jouer toutes les cartes et frapper à toutes les portes pour que certaines oreilles bien ouvertes nous entendent ».
Face à l’impuissance des communautés locales dépouillées de toutes ses ressources par l’avidité et la cupidité des sociétés étrangères en l’occurrence ici chinoises avec la complicité de certains individus congolais corrompus, Félix Bongelemba s’en remet une fois de plus au gouvernement national de Madame Judith Suminwa Tuluka.
Ainsi adresse t’il la préoccupation de son territoire au Ministre d’Etat en charge de l’Environnement et du Développement Durable Mme Eve Bazaiba Masudi pour ce qui concerne « la cristallisation de l’illégalité dans l’exploitation forestière dans leur territoire par cette entreprise chinoise qui bénéficie toujours de la protection de l’administration forestière ».
Et si finalement Mme Bazaiba se saisissait des réclamations des notables de Bonyanga contre COKIBAFODE (Ex-Maniema Union 2) s’interrogeait déjà Félix Bongelemba Gombele : « Nous remarquons depuis tout ce temps que l’administration forestière s’attèle seulement à régulariser le contrat ou documents de cette entreprise pour lui permettre de continuer cette exploitation illicite. Et pourtant, la contrepartie de la communauté n’est pas restituée pour bien dire, la communauté est toujours perdante ». Et d’ajouter : « ne pas comprendre qu’il y ait un déboisement sans reboisement, dans l’entre-temps, sur le plan social, il n’y a même pas un hôpital, une école, une infrastructure sociale construit par ces gens. C’est triste ».
A en croire Félix Bongelemba, « les différentes réunions entre l’administration forestière et la notabilité de Bonyanga n’ont jamais apporté une solution dans ce conflit qui l’oppose à l’entreprise COKIBAFODE, la dernière réunion ayant eu lieu le lundi 24 mai 2023. Quand vous lisez seulement l’intervention de l’expert Mola dans le compte rendu, il parle des contrats signés en 2020. Mais la période sombre de 2018 à 2020. Qui s’en occupe ? Ce manque à gagner terrible que la population encaisse ne leur fait absolument pas peur », précise-t-il.
Pour Bongelemba Gombele Félix, « la dynamique de la justice impulsée par le nouveau Ministre de la Justice Constant Mutamba dans sa lutte contre la corruption pourrait devenir bénéfique pour sa communauté qui ne réclame que sa réhabilitation dans ses droits. Ainsi en appelle t’il aussi au Garde des Sceaux de se saisir de ce dossier qui traîne depuis des années afin qu’une solution définitive soit trouvée pour le bien de tous ».
Du bois illégal et de contrebande…
Des sources des notables de Bolomba près de Mbandaka, l’on a appris qu’une cargaison d’environ 3 300 mètres cubes de bois d’œuvre en provenance de ce territoire aurait accosté depuis vendredi 06 septembre au port du Général à Maluku dans la ville de Kinshasa. Ce bois considéré illégal et de contrebande serait coupé par les deux entreprises chinoises, COKIBAFODE et SCIFOR contre lesquelles les ayants-droits exigent urgemment une saisie conservatoire par les services compétents à cause de multiples illégalités et irrégularités.
« Il s’agit du bateau MB SCIBOIS II qui a ramené ici à Kinshasa, plus de 900 grumes de bois coupés dans les villages de Elema et Likutu dans les groupements de Bonianga et Lingoyi, là où ces deux entreprises n’ont plus le droit d’exploitation. Ces chinois ont exploité ce bois sans aucun permis de coupe, c’est du bois illégal. Nous exigeons la saisie de cette cargaison avant qu’elle ne disparaisse dans la nature », a expliqué Maître Sylvain Boteleo, avocat de la Communauté de Bolomba.
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Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi à Mbandaka