Affaire Jean-Jacques Wondo : Un « agent double belge » au cœur du renseignement congolais ?

Le verdict prononcé le vendredi 13 septembre 2024 avec la condamnation à la peine de mort de 37 prévenus et 14 personnes acquittées par le tribunal militaire de Kinshasa continue d’agiter les opinions.

Parmi les condamnés, six de nationalités étrangères dont trois Américains nés aux Etats-Unis, un Belge, un Britannique et un Canadien ; tous les trois des Congolais naturalisés pour leur implication dans une tentative de coup d’État raté le 19 mai 2024.

L’affaire Jean-Jacques Wondo Omanyundu

Le cas, mieux « l’affaire » du belgo-congolais condamné Jean-Jacques Wondo Omanyundu et pour des raisons non élucidées cristallise de nouveau les relations entre l’ancienne métropole et son ex-colonie avec des déclarations dans tous les sens sans compter celles d’une certaine presse réactionnaire bruxelloise qui s’est érigée en opposition contre le nouveau régime de Félix Tshisekedi depuis son accession au pouvoir en 2019.

L’ancienne puissance colonisatrice ayant convoqué lundi 16 septembre 2024 l’ambassadeur de la RDC à Bruxelles alors que dès dimanche déjà, Madame Hadja Lahbib, la ministre belge des Affaires étrangères sortante, avait exprimé ce qu’elle disait sa « vive inquiétude » tout en rappelant « l’opposition absolue de la Belgique à la peine de mort ».

Malgré toute cette agitation qui ne « rendra pas le Congo de nouveau à la Belgique », il y a tout de même lieu de s’interroger sur le vrai rôle du belgo-congolais Jean-Jacques Wondo ; « expert militaire auto-proclamé dans la sécurité » de la RDC dans ce qu’on lui reproche aujourd’hui. L’homme n’était-il pas simplement un « agent double », une sorte de Cheval de Troie et un vraie « espion » belge au cœur même de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) congolaise comme s’en interroge l’opinion congolaise ?

Selon une source crédible, le recrutement de Wondo s’est fait lors du séjour en France du colonel Lusadisu dans un Hôtel parisien en date du 23 novembre 2023 : « Tous les profils que LUSADISU avait ce jour-là, je n’avais vu personne qui pouvait aider Fatshi, tous des rangs d’anciens critiqueurs… J’avais même alerté un service parallèle qui était aussi dans l’hôtel. Je me suis même salué avec certains. Et le service parallèle était étonné de constaté que je connaissais certains parmi ces gens ». Et à cette personne sous anonymat de de se demander « Comment Wondo était Il arrivé là, pourtant son CV était bien connu ? ».

Ce que l’on sait de lui est qu’avec plusieurs autres Zaïrois de l’époque, il avait débarqué en Belgique à la fin des années 1980 dans les valises et pour le compte des anciennes Forces Armées Zaïroises (FAZ) sous le régime Mobutu avec pour objectif de faire l’Ecole Royale Militaire (ERM) de Bruxelles.

Du groupe, Wondo serait le seul à terminer avec brio son cursus et c’est en cet endroit qu’il ferait connaissance de celui qui deviendrait le colonel Daniel Lusadisu, nommé lundi 1er août 2023 comme nouvel Administrateur Général de l’Agence Nationale des Renseignements en remplacement de Jean Hervé Mbelu. Lusadisu a été révoqué après la forfaiture du mois de mai 2024.

En dehors de Lusadisu qui retournerait au Zaïre pour poursuivre une carrière au sein des Forces Armées Zaïroises (FAZ), particulièrement dans Division Spéciale Présidentielle (DSP) en qualité de cardiologue spécialisé en médecine d’urgence ; alors que le régime Mobutu tanguait déjà, Jean-Jacques Wondo et le reste du groupe resteraient en Belgique où ils demandèrent l’asile politique avant qu’ils n’obtiennent tous la naturalisation belge.

Jadis un proche de Félix Tshisekedi alors dans l’opposition à Bruxelles, Wondo ; frère aîné de feu Serge Welo de l’Ecidé de Martin Fayulu avait finalement rejoint Moïse Katumbi et son parti Ensemble dont il était devenu « Conseiller » avant que leurs routes ne se séparent avant la présidentielle de décembre 2023.

Devenu collaborateur à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) sur demande de son ami administrateur, le colonel à la retraite Daniel Lusadisu ; Wondo avait pour mission de participer à la reforme de services. Selon des sources et malgré les divergences politiques et idéologiques entre les deux hommes, l’approbation de Félix Tshisekedi aurait été accordée alors que Wondo était devenu un critique acerbe du régime en place qu’il ne manquait pas d’égratigner à chacune de ses sorties médiatiques depuis Bruxelles.

Il se dit que c’est depuis février 2023 après l’inhumation de son frère Serge Welo décédé subitement à Brazzaville que Jean-Jacques Wondo occupait le poste de « Conseiller spécial chargé des réformes » à l’ANR, effectuant régulièrement des allers-retours entre Kinshasa et Bruxelles. En dehors de ses « bons » conseils emprunts d’humanisme, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger à quel autre jeu s’adonnait l’expert militaire et au profit de qui lorsque l’on sait que dans le monde d’aujourd’hui, il n’existe rien pour rien.

Qu’on se souvienne lorsqu’en 1960, la Belgique avait voulu éliminer Patrice Lumumba ; c’est un agent recruté de services secrets belges en la personne de Joseph-Désiré Mobutu qui avait été infiltré dans le sillage du futur premier ministre Congolais à partir de Bruxelles.

Après le coup manqué de Christian Malanga et outre Jean-Jacques Wondo, d’autres agents de l’ANR ont également été appréhendés et son ami l’ancien n°1 de ce service ; le colonel à la retraite Daniel Lusadisu limogé depuis lors et remplacé par le revenant Justin Inzun Kakiak qui a retrouvé ce poste qu’il avait déjà occupé de mars 2019 à décembre 2021, avant de devenir Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la RDC au Congo-Brazzaville

Lusadisu et Wondo se sont connus après leur passage respectif à l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles où ils avaient été envoyés par les Forces Armées Zaïroises (FAZ) sous le régime Mobutu. Replaçant Jean-Hervé Mbelu Biosha réputé conflictuel, Daniel Lusadisu, cardiologue fut un ancien du corps de santé militaire sous le maréchal Mobutu. Il devrait selon son ami Jean-Jacques Wondo « humaniser et professionnaliser » l’ANR. 

La famille Wondo vivant dans la banlieue bruxelloise d’Alost comme certains de ses proches multiplient les interventions pour obtenir son élargissement en mettant en avant sa nationalité belge et le présentant comme une victime de la guerre des « clans » entre les services congolais. Mais aussi ils insistent sur le fait que son arrivé à Kinshasa en février 2023 l’était à la demande du président Tshisekedi pour réformer et humaniser les services de renseignements congolais, ce qui reste à démontrer. Une mission qui lui aurait valu de nombreux ennemis sur place, selon ses proches, qui pensent que c’est là que se trouve l’explication de son arrestation.

Une explication qui demeure plus que léger, car en acceptant de rentrer travailler pour les mêmes services ; Wondo qui se savait belge de naturalisation en avait-il calculé les conséquences un jour si les choses tourneraient en mal ? Loin de toutes les influences, c’est à la justice militaire congolaise de faire la part des choses en établissant ou non la culpabilité des prévenus et les sentences y avenant.

Figure de proue sur la liste des prévenus demeure, Jean-Jacques Wondo Omanyundu le demeure. Il lui serait reproché une certaine proximité d’avec Christian Malanga, considéré comme le chef présumé des auteurs de la tentative de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa que Wondo avait rencontré à plusieurs reprises à Bruxelles en Belgique.

Un citoyen belge naturalisé qui vient travailler dans les services de renseignements d’un pays indépendant, c’est ça aussi l’infiltration dont le pays est victime depuis son indépendance et qui n’est pas seulement rwandaise ces 30 dernières années. Et dans tout ça la fautive c’est la RDC elle-même qui se fait tout le temps avoir comme ses dirigeants successifs sans pour autant tirer les leçons du passé, Wondo est un congolais malgré sa naturalisation. Allez-y comprendre…

« C’est à nous de nous faire respecter pour que cette colonisation prenne enfin fin ! Nous nous comportons toujours comme si nous attendions le quitus de l’étranger pour toutes nos actions, la fameuse communauté internationale ! Autant nos gouvernants et que nous-mêmes le peuple ! » s’offusque une Kinoise.

A lire aussi : KINSHASA : Les assaillants de la nuit de Pentecôte devant la justice militaire https://www.afriwave.com/2024/06/10/kinshasa-les-assaillants-de-la-nuit-de-pentecote-devant-la-justice-militaire/

Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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Rédaction

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