home Politique, RD Congo, Société APRES LES RESEAUX SOCIAUX, LES INSTANCES JUDICIAIRES : Jacky Ndala Vs Mukendi Dusauchoy [Lu pour vous]

APRES LES RESEAUX SOCIAUX, LES INSTANCES JUDICIAIRES : Jacky Ndala Vs Mukendi Dusauchoy [Lu pour vous]

Entre Jacky Ndala, ancien coordonnateur national de la jeunesse d’Ensemble pour la République, et Denise Mukendi Dusauchoy, une TikTokeuse connue pour ses frasques, devenue cheffe de parti politique et candidate à la députation nationale, c’est un combat de coqs. L’affrontement entre ces deux personnalités unies par des liens assez mal définis a fait rage dans les réseaux sociaux. Suffisamment pour émouvoir l’opinion et nombre d’autorités. Mais rien n’indique que la saga Ndala-Dusauchoy tire à sa fin.

Mercredi 25 et jeudi 26 septembre 2024, au milieu de rumeurs annonçant l’interpellation à Brazzaville de Mme Mukendi Dusauchoy a refait surface. Crânement. Dans une dernière vidéo, la TikTokeuse centrale kasaïenne défie ses détracteurs. « On ne peut pas verrouiller ma bouche, c’est impossible », bûcheronne-t-elle. Aucun doute possible, le message est récent et répond à ceux qui se réjouissent de son arrestation à la suite d’une convocation de la justice congolaise. « Moi, je ne suis pas comme vous, quand on vous convoque vous allez sur les réseaux sociaux », lance-t-elle à la cantonade. Denise Mukendi reconnaît qu’elle fait l’objet d’interpellations. « J’ai eu deux coups de fil depuis samedi. J’ai déjà répondu à l’un d’eux. Donc, je suis interpellé au niveau du CNS et au niveau de l’ANR. J’y répondrai », précise-t-elle, avant de passer à l’attaque un peu contre tout le monde, sauf Jacky Ndala, cette fois-ci. « J’avais dit depuis Kananga que je m’assumais. Je ne peux pas me battre durant quatre ans sans rien avoir. Je n’ai rien eu de ce pouvoir. Même ce que j’ai eu, on me l’a pris en me regardant en face », gronde la TikTokeuse, s’adressant sans doute à des interlocuteurs dans les sphères du pouvoir, qu’elle semble maîtriser.

Comme pour souffler le chauf et le froid, elle tire une salve contre ses adversaires du secteur de la communication, sous la forme d’une mise en garde teintée de mépris. « Que des idiots, mécontents du pouvoir qui végètent sur internet ne profitent pas du fait que je suis kasaïenne pour me faire prendre les devants dans leur lutte (contre le pouvoir ndlr) ». Dans la foulée, passent à la trappe Pero Luwara, Bibi Kapinga et Sylvie Bongo. « Je ne peux pas laisser les gens m’insulter, insulter le pouvoir matin, midi, soir, parce qu’ils n’ont pas été bien rémunérés. Pero Luwara, qui n’avait demandé que 1.500 USD, on ne les lui a pas donnés. Les Bibi Kapinga et les autres femmes légères se sont rendus en Europe grâce au gouvernement congolais – Sylvie Bongo avait présenté Bibi Kapinga au ministre Modero, mon ami personnel et privé … ».

Grosses insanités

Le dernier posting en vidéo de Denise Mukendi illustre bien le personnage et les saillies salées, à la limite du permissible, dont elle use et abuse. Sa diffusion dans les réseaux sociaux, alors qu’on la donnait pour arrêter et en attente d’un transfert de Brazzaville où elle avait tenté de gagner la France à Kinshasa, a jeté un véritable froid parmi ses détracteurs. Dont, sans doute le tonitruant Jacky Ndala. L’ancien présentateur vedette passé à la politique politicienne a eu droit à plusieurs vidéos, entièrement consacrées à sa vie privée et à celle de sa famille, avant de lever les bras au ciel il y a quelques jours. De faire la une des journaux et de s’attirer des sympathies dans les rangs de l’opposition ainsi que dans une certaine opinion. Pas de quoi ébranler son antagoniste qui n’en démord pas. « Je suis très très sereine. Mes avocats, que je salue au passage (…) suivent très bien le dossier », se vante-t-elle.

Toutes les foudres du monde semblaient pourtant déchaînées sur la tête de la téméraire TikTokeuse. Depuis notamment que dans une vidéo diffusée sur la toile le 23 septembre 2024, Jacky Ndala reconnaissait les sévices sexuels qu’il aurait subi dans les cachots de l’ANR à l’instigation de Denise Mukendi Dusauchoy. « C’est triste et malheureux. Je vais faire cette vidéo quand même pour informer l’opinion nationale et internationale de l’humiliation que je traverse en ce moment », entend-on Ndala dire en guise d’introduction, un peu pour mettre les lecteurs dans l’ambiance. « Rappelez-vous, j’ai été enlevé de chez moi à la maison un certain dimanche, 21 et 20 juillet 2021, pour un meeting politique que j’avais organisé au siège du parti Ensemble, à l’époque, Coordonnateur national de la jeunesse. Ils sont arrivés chez moi, devant ma femme et mes enfants. Ils m’ont pris par la force. Après, ils ont violenté mon épouse, mes enfants, chez moi à la maison. Les agents de l’ANR, évidemment », explique-t-il. Avant de balancer une véritable bombe. « Quand on partait, ils m’ont imposé le port d’un masque. J’ai refusé mais ils ont insisté. Dans la soirée, ils ont débarqué pour demander le masque. J’ai trouvé cela suspect, je l’ai caché. Ils sont entrés par la force. Ils m’ont sodomisé ».

Des foudres sur Denise Mukendi Dusauchoy

La révélation de Jacky Ndala a fait scandale. Le lendemain matin et les jours qui ont suivi, nombre de médias ont choisi de répercuter les propos de l’ancien présentateur vedette et ex-mobilisateur des jeunes katumbistes. Pour vouer aux pires gémonies aussi bien Denise Dusauchoy, qui, de son côté, s’était laissée aller à revendiquer l’instigation desdits sévices. Pour Ndala, « aujourd’hui, entendre cette dame qui se dit agent de ce même service des renseignements, dire qu’elle était au cœur de ces tristes circonstances que j’ai connues ma vie, je me rends compte que c’est un règlement des comptesC’est de la méchanceté. Elle se vante. Ça fait sept jours aujourd’hui, et personne ne l’inquiète, ça confirme évidemment qu’elle a une main, qu’elle peut manipuler les services des renseignements de notre pays, qu’elle a le pouvoir », se plaint-il.

Vérification faite, les faits remonteraient à 2021, il y a donc trois ans. Comme pour justifier cette dénonciation tardive de faits aussi graves, l’ancien présentateur vedette cingle : « Je suis Jacky Ndala. Dans ce pays, qui ne me connaît pas ? Célèbre journaliste ! J’ai préféré garder ma réputation, mon honneur, j’ai des grands enfants. Mais devant ces aveux, je me suis senti obligé de confirmer ce qu’elle dit pour que justice soit faite », explique-t-il.

Opposant humilié

La reconnaissance publique, si humiliante, des faits de sodomie qu’aurait subi Jacky Ndala, ce serait donc pour que justice soit faite et que Denise Mukendi Dusauchoy soit à son tour inquiétée. Et pas nécessairement ses bourreaux directs auteurs de l’acte criminel présumé. Un ressentiment profond et compréhensible, selon de nombreux observateurs qui ont multiplié des signes de sympathie envers la victime.

Car, dans une vidéo, également devenue virale sur les réseaux sociaux, Mme Mukendi Dusauchoy n’y va pas par le dos de la cuillère. « Toi, tu es un petit opposant. Quand il a fallu t’arrêter, je t’ai arrêté. J’ai déployé peu de moyens (…) Mais lorsque nous t’avons arrêté, on a visité ton derrière. Comprenne qui peut. Tu es devenu maboul. Tu n’es pas pédé, mais on t’y a aidé. Tu es devenu une femme. Je t’avais bien fait ça », pérore-t-elle avec une mimique de défiance. Pas de quoi s’attirer la sympathie des internautes. « On t’a ouvert et le reste t’a été jeté à la figure », déclare encore la TikTokeuse sur sa lancée, sans s’offusquer le moins du monde.

Des insanités qui révèlent en elles-mêmes la basse culture de ce monde d’arnaqueurs. « Je t’avais montré que t’arrêter était un petit jeu. Je t’ai tendu un hameçon de 2.000 USD, tu les a eus. J’ai promis 50.000 après trois jours. Trois jours après, j’ai mis la main sur toi », se vante-t-elle. « Y a pas pire ennemi dans ta vie que moi. Toi, tu dois avoir peur de moi, parce que quand il a fallu t’enlever ta dignité, je l’ai fait sans cœur », jette-t-elle encore à Jacky Ndala. Juste avant de revendiquer les violences sexuelles qu’elle aurait fait perpétrer par des barbouzes non autrement identifiées. « Jacky Ndala, tu es trop petit. Tu comprends ? Les Paulette (Kimuntu, ndlr), je les laisse … parce que depuis qu’on a effectué l’opération te concernant, on n’a jamais été rétribué. Mes FCR n’ont jamais été payés. Je ne me mêle plus de ces opérations là parce que nous avons un régime ingrat. Nous préférons le laisser se démener seul », claironne encore la dame, égratignant au passage une journaliste proche de l’opposition et les services qui l’emploieraient.

La goutte d’eau de trop

C’en était sans doute trop. De plus en plus de voix, y compris dans les allées du pouvoir, se sont élevées pour crier au scandale et appeler à des sanctions.

Le 19 septembre 2024, le Conseil supérieur de l’audio-visuel et de la communication (CSAC) a annoncé une décision de suspension de 45 jours à l’encontre des deux protagonistes en les convoquant pour une audition urgente.

Dans une lettre datée du même jour, le ministre d’Etat, ministre de la Justice a fait injonction au parquet d’ouvrir des poursuites contre les auteurs des actes de dépravation des mœurs dans les réseaux sociaux, qui semble viser notamment Denise Mukendi Dusauchoy et Jacky Ndala.

Devant un parterre de journalistes, le 25 septembre 2024, Constant Mutamba a, en effet, promis de « donner des instructions pour que Denise  Dusauchoy vienne confirmer devant la justice les propos qu’elle a tenus sur les abus commis contre Jacky Ndala par les services de sécurité ».

La désormais tristement célèbre affaire Ndala Vs Mukendi Dusauchoy déborde donc de la sphère privée et gagne les milieux officiels.

Plusieurs acteurs politiques de l’opposition et de la société civile en ont profité pour indexer les services de sécurité, accusés de tous les maux, d’Israël de Sodome et de Gomorrhe. Il en est ainsi d’une certaine Bibi Kapinga, déjà citée par Denise Mukendi Dusauchoy, qui soutient que les services dirigés à l’époque des faits par Justin Inzun Kakiak, relèvent directement de l’autorité du président de la République, Félix Tshisekedi. Ou encore, du renégat de l’AFC-M23 Jean-Jacques Mamba qui en profite pour vanter le mentor du groupe terroriste congolais Paul Kagame en écrivant sur son compte X : « vous chantez Kagame jour et nuit alors que le malheur de la RD Congo s’appelle Mukwa Ntombolo, Fatshi Béton, Roi Soleil … l’Etat de droit des Bakwa Ntombolo est un enfer, le retour de la manivelle sera violent et vous serez tous témoins ».

Querelles intra Kasaïennes ?

Il reste que pour de nombreux autres observateurs lucides de cette nauséabonde saga Ndala-Mukendi Dusauchoy, le conflit entre les deux kasaïens serait strictement personnel. « Jacky et Denise se connaissent très bien, de fond en comble et de la cave au grenier. Cette querelle qui frise la dispute fraternelle ou conjugale ne doit en aucun cas concerner toute la République. Je ne suis pas de ceux qui croient et acceptent tout sans le moindre jugement rationnel », assure à ce sujet le professeur Ngoie Mwipata.

Il ressort des premières vidéos et audios publiés par les deux protagonistes qu’ils ont effectivement grandi dans le même quartier, à la Cité de la MIBA à Mbuji-Mayi. Leurs familles se connaissent parfaitement. Dans un élément sonore, Jacky Ndala reproche ainsi à Denise Mukendi Dusauchoy, dans un tshiluba parfait, d’en être arrivée à insulter sa mère. Ce que lui ne se permettrait jamais, selon ses dires. L’ancien présentateur vedette y vante la vie bourgeoise menée dans la ville diamantifère, décrivant avec dédain la précarité de celle de Denise Mukendi Dusauchoy et de sa famille à cette époque.

Cela amène d’aucuns à douter de la véracité des actes de sodomie sur Ndala attribués aux agents de l’ANR.

Violations sexuelles contestables

Manix Iyenda, ancien cadre de Leadership pour la gouvernance et le développement (LGD), le parti politique de l’opposant Matata Ponyo, conteste la version des tortures infligées aux détenus par l’ANR. « J’étais aussi arrêté à l’ANR comme certaines personnes. Dire que j’ai été torturé physiquement au point d’être violé serait un gros mensonge que je ne saurais loger dans ma conscience. Que la politique ne nous transforme pas en monstre-menteur de la société. Craignons Dieu !», a-t-il écrit le 23 septembre 2024.

Même son de cloche de la part de Joseph Tshiaba pour qui «il y a des doutes sur les propos de Jacky Ndala, un majeur, licencié, président de la jeunesse d’Ensemble pour le Changement de Moise Katumbi, Judoka ceinture noire, personnalité publique bien connue et soutenu par d’éminents avocats comme Hervé Diakese, Laurent Onyemba et Francis Kalombo. Curieux qu’il n’ait jamais parlé de ces sévices à ses avocats avant le procès et sa participation comme candidat d’Ensemble aux élections législatives et provinciales. Il a été avec Denise Mukendi Dusauchoy membres du PPRD. Ils se connaissent depuis leur jeune âge à Mbujimayi et s’accusent mutuellement d’être des informateurs de l’ANR. Je pense que Jacky Ndala devrait porter plainte au tribunal pour que les responsabilités soient établies. Car, je ne pense pas que nos services posent ce genre d’actes horribles qu’on observe plutôt entre détenus ».

Un procès public dans l’affaire Jacky Ndala vs Denise Mukendi Dusauchoy serait à la fois riche en révélations et en rebondissements.

Wait and See.

J.N. AVEC LE MAXIMUM

Article à lire sur : APRES LES RESEAUX SOCIAUX, LES INSTANCES JUDICIAIRES : Jacky Ndala vs Mukendi Desauchoy https://lemaximum.cd/2024/09/26/a-la-une/apres-les-reseaux-sociaux-les-instances-judiciaires-jacky-ndala-vs-mukendi-desauchoy/

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