jeudi, novembre 21, 2024
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RDC : La Saga de 27 blocs pétroliers du pays continue

C’est pour la troisième fois que rebondie la saga d’attribution et de vente des blocs pétroliers répertoriés. C’est un communiqué signé Aimé Molendo Sakombi, nouveau ministre des Hydrocarbures qui l’annonce avec l’annulation du processus entier d’appel d’offres de 27 blocs pétroliers lancé en juillet 2022 notamment pour absence de candidatures et défaut de concurrence. Seuls les trois blocs gaziers sur lesquels portait également l’appel d’offres ont trouvé preneur.

Entre annulation et recommencement du processus dans une espèce de la politique d’un pas en avant et deux en arrière, le ministre Molendo issu de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), parti politique du speaker de la Chambre basse du parlement Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi ; entend à son tour relancer le même processus d’attribution similaire incessamment sous peu.

Et pour expliquer sa décision, il écrit : « Les rapports de validation respectifs de la commission révèlent une absence de candidatures, des offres non recevables, des cas de dépôts tardifs, des offres inappropriées ou irrégulières, un défaut de concurrence… qui ont empêché la poursuite de la procédure vers l’attribution des droits d’hydrocarbures ».

Et dans la foulée se dit « Fort de ce qui précède, je suis dans l’obligation de déclarer l’annulation du processus en cours et ce, à partir de la publication sur le site web du Ministère et, en même temps, je décide de mettre en place le mécanisme pour relancer incessamment la même procédure ».

Faudrait il le rappeler que faute de candidats, la mise aux enchères de ces blocs avait déjà été prolongée en mars 2023 avant qu’elle ne soit de nouveau remise en cause un an et demi aujourd’hui. Pour les connaisseurs de la question, le peu d’intérêt des potentiels investisseurs réside d’abord dans le défaut de confiance dans le contexte congolais en général, mais aussi dans les données les concernant considérées comme insuffisantes.

« Le gouvernement congolais a une extrême mauvaise réputation dans le monde des affaires. Il y a eu beaucoup trop d’investisseurs qui ont été échaudés par les gouvernements congolais successifs pour se lancer dans de telles opérations, explique Thierry Vircoulon ; chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Iris) cité par Radio France Internationale (RFI).Et de poursuivre « Il faut d’ailleurs rappeler que la mise sur le marché de ces blocs pétroliers par le gouvernement de Félix Tshisekedi a, en fait, déjà été faite une première fois en 2010 par le gouvernement de Joseph Kabila. Et à l’époque, les choses ne s’étaient pas très bien passées pour ceux qui avaient mordu à l’hameçon ! ».

En son temps, l’ancien député national Claudel André Lubaya avait adressé une question écrite au ministre Didier Budimbu Ntubuanga, prédécesseur de Molendo Sakombi. L’élu de Kananga au Kasaï Central qui ne s’opposait pas à la vente des blocs pétroliers se disait préoccupé par « le manque de transparence autour de cette affaire et le manque d’estimations précises du volume des ressources que le gouvernement évalue à 22 milliards de barils ».

« Le gouvernement n’a pas respecté la loi qui lui fait obligation de publier les travaux de recherches géologiques, géochimiques et géophysiques préalablement réalisées. Le risque étant le bradage du peu de ressources qui restent encore au pays. Aucune étude n’a été rendu public et nous pouvons en conclure qu’aucune étude n’existe en réalité. Sur l’ensemble du territoire national, les ressources minières sont surexploitées sans compter les conséquences incommensurables sur l’environnement. Leurs retombées financières ne profitent et n’ont jamais profité en rien aux communautés locales ni à l’ensemble de la population qui continue à croupir dans la misère » dénonçait Lubaya.

Les questions environnementale et sécuritaire

Dans son communiqué, le ministre congolais ne fait aucunement allusion à la grande question environnementale qui échaude la communauté internationale en ce temps de grave disfonctionnement avec le changement climatique. Certains de ces blocs qui sont sur « la Cuvette centrale du pays se trouvent dans un environnement très fragile et en partie protégé abritant la forêt équatoriale tropicale, la deuxième plus grande au monde et poumon de la terre ; avec sa zone de tourbières très sensibles ».

 Le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale humide du monde. Kim Gjerstad/Unesco

Si dans l’Est du pays, le pays voisin l’Ouganda s’est déjà lancé dans son méga projet d’exploitation pétrolière grâce au groupe français Total Energie, certains de ces blocs pétroliers se trouvant dans le Graben Albertine ; sont dans « une zone frontalière réputée instable sur le plan sécuritaire, tandis que d’autres se situent dans des régions très enclavées, si bien que l’exportation du pétrole extrait de leur sous-sol nécessiterait de gros investissements en infrastructures » notent les spécialistes.

Faisant fi d’autant d’obstacles qui, pourtant, ne semblent pas décourager les autorités congolaises : dans son communiqué, le ministre Molendo fait effectivement part de son intention de relancer « la même procédure » sous peu.

Un dossier à suivre…

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi

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