« Chassez le naturel, il revient au galop » dit un adage. Et c’est ce qui se passe actuellement à la Régie des Voies Aériennes (RVA), une des societés du portefeuille de l’Etat aujourd’hui en proie aux tourments indescriptibles de « management », un canard boiteux aux vieux démons en matière d’argent.
En tant qu’autorité congolaise du transport aérien dans le pays, c’est à peine que cette entreprise accomplit la mission lui dévolue à savoir la réhabilitation des infrastructures aéroportuaires du pays, la rénovation des pistes existantes ou en faisant construire de nouveaux éléments. En bref, construire, aménager, entretenir et exploiter les aéroports et leurs dépendances.
La récente gestion calamiteuse du dernier Directeur Général Alphonse Shungu Mahungu venu de la diaspora bruxelloise et la manière dont il fut remercié n’auront servi des leçons aux nouveaux dirigeants pourtant nommés par ordonnance présidentielle qui ne sont pas mieux, en se comportant de la même manière surtout en matière d’argent.
Tenez et selon des sources syndicales sous couvert d’anonymat, le tout nouveau Directeur Général ; Léonard Ngoma Mbaki et son Président du Conseil d’Administration, le Professeur Tryphon Kin Kiey Mulumba ; par un bidouillage savamment orchestré ont réussi à faire passer la RVA de catégorie B à catégorie A qui englobe des grandes entreprises productrices comme la Gécamines alors que la RVA ne produit absolument rien. Presqu’en faillite depuis des années de suite d’une gestion calamiteuse la RVA avait intégré la catégorie B juste pour permettre à ses anciens dirigeants d’atteindre le barème salariale de 24000 dollars pour le DG et de 23000 dollars pour le DGA.
Avec leur tour de passe-passe, l’actuel comité de gestion a officialisé sa malheureuse initiative en s’octroyant une hausse des émoluments mensuels. La question qui demeure étant celle de savoir si la Direction générale de connivence avec le Conseil d’Administration sont permis de pareille manœuvre alors que l’entreprise traverse une période de crise financière aiguë sans oublier son endettement jusqu’au cou.
La colère des syndicalistes…
Pendant que la colère gronde, les deux entités de responsabilités de l’entreprise à savoir la Direction Générale et le Conseil d’Administration ont augmenté de 1/3 leurs salaires lors du dernier Conseil d’Administration. Est-ce légal ou non alors que depuis des années leurs prédécesseurs, le salaire et les avantages des anciens Directeurs Généraux comme l’actuel était de 24.000 dollars par mois ; ce qui ne demeure pas moins extravaguant lorsqu’on connait le barème des salaires dans le pays.
Tous les anciens DG et les conseils d’administration précédents ont touché les mêmes émoluments depuis des années. Pour quelle raison Ngoma va quitter de 24000 $/mois à 32000$? Sans compter les dessous de tables et les retro commissions qui foisonnent au détriment de l’entreprise ? A l’opinion de s’interroger sur le pourquoi L’Inspection Générale des Finances (IGF) ne devrait-elle s’intéresser de ce dossier de mégestion pour stopper l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard ?
Les mêmes sources du syndicat dénoncent les méthodes de leur « ancien Chef de bureau » propulsé subitement Directeur Géneral qui accumule des bévues comme les nominations et autres promotions des frères de sa tribu Bayombe du Kongo Central, le clientélisme, le favoritisme, le népotisme et le trafic d’influence qui gangrènent la RVA actuellement.
Le Directeur Général Adjoint, Louis Blaise Londole, n’est pas en reste ; lui dont on dit la proximité amicale de son épouse qui est collaboratrice de la première dame du pays. « Il ne verrait que du feu car dribblé en tout et pour tout par son chef direct Ngoma qui mange seul et qui n’attribue des faveurs qu’aux seuls Bayombe, ses frères de tribu » explique ironiquement une autre source anonymement.
Et de se demander le comment des « insuffisances de Ngoma et Londole qui seraient tellement graves et qui est l’inconscient qui les avaient recommandés à ces postes de responsabilité contre tout bon sens, sa nullité côté travail dont ils ne contrôlent aucun paramètre avec un degré d’incapacité qu’on ne peut pas s’imaginer ».
La nomination politique de cette nouvelle équipe qui n’avait pourtant pas suscité un brin d’espoir après l’épisode Alphonse Shungu Mahungu commence à tiquer jusqu’à la présidence de la République. Il serait possible que l’on nomme une nouvelle équipe, surtout que le Chef de l’Etat avait été beaucoup critiqué pour la nomination d’un ancien Chef de Bureau au rang de Directeur Général dans la même boîte ; des rapports concordants faisant état de l’incompétence notoire du « gardien » et du « chef de bureau » propulsés.
Selon toujours nos sources, « Les directeurs de la RVA sont totalement démotivés. La chaîne de commandement a été laminée, réduite en miettes. C’est la débandade ! Ce qui s’est passé en Janvier a été un véritable tsunami pour l’administration de la RVA. Même si on change de DG, l’entreprise ne se remettra pas de sitôt de cette déchirure ».
A lire aussi : RVA : L’ex-DG Alphonse Shungu Mahungu interdit de quitter le pays ! https://www.afriwave.com/2024/01/29/rva-lex-dg-alphonse-shungu-mahungu-interdit-de-quitter-le-pays/
L’arnaque de « Go-Pass », une poule aux œufs d’or…
Le maintien de la perception de la taxe dite « Redevance de Développement des Infrastructures Aéroportuaires (IDEF) appelée « GO-PASS » suscite toujours de l’incompréhension et alimente les discussions dans l’opinion. Dix ans après son instauration, plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer sa suppression pure et simple.
De passage à Londres à l’époque, Félix Tshisekedi avait promis de diligenter un audit « très prochainement » pour évaluer ladite taxe aéroportuaire. Saisissant la balle au bond après la réponse du Président de la République aux congolais de la diaspora britannique sur la question, l’ancien député national Lubaya Claudel André via son compte X (ex-Twitter) demandait carrément sa « suspension temporaire » en attendant d’y voir clair : « #RDC Décriée à cause de l’opacité de sa gestion et l’absence des résultats plus de 10 ans après et en attendant l’audit, la redevance #GOPASS peut être temporairement suspendue jusqu’à ce que lumière soit faite sur l’affectation des millions de dollars US générés par sa collecte » écrivait il.
Des sources internes, il est établi que la « poule aux œufs d’or » ne sera jamais supprimée contrairement aux promesses de Félix Tshisekedi en début de son premier mandat. Et pour cause, après avoir découvert « la mafia » instaurée dans la gestion de Go-Pass ; c’est cette taxe qui rembourse aujourd’hui toutes les dettes de l’Etat auprès de certaines banques après la construction la nouvelle tour de contrôle comme du Pavillon présidentiel de l’aéroport international de la N’Djili par exemple.
La décision du gouvernement sur le maintien de cette taxe dite « Redevance de Développement des Infrastructures Aéroportuaires (IDEF) appelée « GO-PASS » suscite toujours de l’incompréhension. « Héritage du passé, il va de soi que la RVA, agent percepteur devra être audité pour éclairer notre peuple sur l’affectation des ressources de cet impôt obligatoire levé même sur des nourrissons » exigeait en son temps Lubaya.
L’opinion se pose des questions sur cette imposition en question qui ressemble à un baroud d’honneur du gouvernement contre des voyageurs exsangues. D’une valeur de 55 dollars US pour toute sortie à l’international et de 10 dollars US pour tout voyage à l’intérieur du pays, des estimations basées sur les chiffres de la RVA indiqueraient des revenus mensuels chiffrés en moyenne à 1,5 million de dollars américains dont on ne sait ce que l’on en fait.
Partant de l’idée que tout prélèvement est un impôt, cette taxe décriée comme une arnaque organisée institutionnellement et dont tous réclament une suppression pure et simple a encore des beaux jours devant elle.
Lire aussi : RDC-“GO-Pass” : Le député national Lubaya Claudel André s’insurge contre un « impôt inique » et en appelle au renforcement d’un « Etat de droit » https://www.afriwave.com/2019/04/05/rdc-go-pass-le-depute-national-lubaya-claudel-andre-sinsurge-contre-un-impot-inique-et-en-appelle-au-renforcement-dun-etat-de-droit/
Pourtant en vue de rassurer tous les partenaires que les revenus issus de la perception de cette taxe seront gérés dans la transparence, l’ancien ministre Azarias Ruberwa écrivait : « Pour de raisons de transparence et de redevabilité, j’enjoins la RVA d’organiser périodiquement, sur une base semestrielle ou annuelle, des concertations avec les membres du BAR et du CPTA afin de vous venir informés de l’évolution des projets en cours d’infrastructures aéroportuaires bénéficiant du financement de l’IDEF ainsi que des financements futurs. Le gouvernement, à travers ces concertations, fera ainsi participer vos corporations à l’identification des besoins du pays pour la modernisation des infrastructures aéroportuaires ».
A lire aussi : RDC-TRANSPORT AÉRIEN : Quid de l’incorporation de la taxe aéroportuaire I.DE.F « GO-PASS » dans le prix du billet d’avion ? https://www.afriwave.com/2019/07/16/rdc-transport-aerien-quid-de-lincorporation-de-la-taxe-aeroportuaire-i-de-f-go-pass-dans-le-prix-du-billet-davion/
Le 14 octobre 2024, Jean-Lucien Bussa, l’actuel ministre du Portefeuille de l’État ; dressait un bilan peu reluisant des résultats des entreprises publiques du pays en confirmant le fait que « la quasi-totalité des entreprises publiques ont réalisé des résultats négatifs depuis 3 ans » et déplorant une certaine pratique connue des tous : « Depuis que je suis là, depuis 3 mois et demi, la plupart des dirigeants des entreprises passent leur temps à se disputer. Les gens sont en dehors de l’intérêt général. Le cœur de métier n’est pas la priorité. On se rend compte que, à certains égards, le problème est celui des profils des mandataires publiques… ».
« Si je ne prends que les trois dernières années, la quasi-totalité de ces entreprises ont réalisé des résultats négatifs. Mais lorsque vous voyez afficher les tableaux des rémunérations, c’est en contradiction flagrante avec les résultats ; c’est le reflet, à la fois, d’une gouvernance peu acceptable, mais en même temps d’une gestion moins orthodoxe et non axée sur les résultats » affirmait le ministre.
Les beaux discours ne suffisant plus nullement car le temps étant compté, il est arrivé le moment que les choses changent si l’on veut voir des résultats au profits de la population. Le gouvernement de Mme Judith Suminwa a du pain sur la planche…
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi