KINSHASA : Fortunat Biselele, vers la résurrection d’un « spécial » jadis banni de la République !

Plus d’un an après son interpellation médiatisée par les agents des services de renseignement le 14 janvier 2023 et un séjour de sept mois dans le lugubre Centre Pénitencier de rééducation dit la Prison Centrale de Makala de la commune de Selembao à Kinshasa, Fortunat Biselele dit « Bifort », l’ancien conseiller privé du Président congolais Félix Tshisekedi ; serait en passe d’une réhabilitation aussi spectaculaire qu’inattendue.

Tenez. Après une disparition de tous les radars même si tout le monde savait qu’il était reçu en catimini sur les hauteurs du Mont Ngaliema [Résidence officielle et Bureau officiel du Président Tshisekedi], et même parfois de certains voyages présidentiels à l’étranger, Biselele s’est publiquement affiché aux côtés de Félix Tshisekedi et son épouse Denise Nyakeru dans la nuit du samedi 12 à dimanche 13 octobre 2024. Et pour cause, une soirée d’ambiance privée du 50^ème anniversaire de l’épouse de Biselele Bifort qui s’était prolongée jusqu’aux petites heures à 4h00 du matin, le moment du départ du couple présidentiel congolais.

Cette fête marquait-elle le retour de Biselele s’interroge l’opinion ? Surtout que des sources bien informées comme ça bruisse de partout, le Président de la République va bientôt, officiellement, lui offrir un poste de choix ; la tâche étant confiée au nouveau DirCab Anthony Nkinzo Kamole de réfléchir lui-même à ce qu’il veut et faire une proposition pour la formalisation du retour de Biselele. Malgré le pouvoir discrétionnaire du Président de la République, le Directeur de Cabinet serait très embêté vu la proximité des deux personnalités et il ne sait pas trop quel poste lui confier.

Demeuré plus que trop discret depuis que les « services » avaient fait fuiter des « images pornographiques de lui nu dans un lit d’hôtel avec deux jeunes dames prostituées », c’est le retour en force de Biselele. « La fidélité paye, les délateurs et tous ceux qui cherchaient sa tête doivent être très embêtés par ce retour en force. Bifort est un homme très attachant sur qui l’on peut compter… Normalement et à moins d’un changement, sa position officielle devrait être connue incessamment » nous commente un de ses proches sous anonymat.

Entendu depuis le 14 janvier 2022 par les services de l’Agence nationale de renseignements (ANR) situés dans la commune administrative de la Gombe et son domicile privé perquisitionné dans la journée du 15 janvier, tout est allé plus vite pour Biselele qu’on ne s’y attendait après son interpellation. Il fut remplacé à ce poste stratégique par Kahumbu Mandungu Bula, le fils de feu mobustiste Tony Carbure Mandungu Bula Nyati ; qui fut jusqu’à sa nomination à la tête du Bureau de Coordination de suivi et de Contrôle du Projet du port en eau profonde de Banana.

Un passé trouble pour un nouvel avenir ?

L’homme Biselele hier encore poursuivi pour « trahison », « intelligence avec l’ennemi » en l’occurrence le Rwanda et de « propagation de fausses nouvelles » avait été « complètement blanchi » le 22 août 2023 après avoir bénéficié d’une liberté provisoire le 22 juillet 2023. Son probable retour aux affaires sous Anthony Nkinzo Kamole laisse perplexe et fait « ironiser » un conseiller de la présidence sous anonymat : « tout ça pour ça ? Nous sommes plus que foutu avec le retour de sieur Bifort qui réinstallera l’axe fort du rwandais pendant que notre pays reste attaqué et saigné par Kagame ».

« On n’abandonne pas ses amis » dit un adage. Considéré comme le bras droit du chef de l’Etat, Fortunat Biselele jouissait d’une influence dans les dossiers politiques gérés par Félix Tshisekedi et tout le monde le sait. L’homme quinquagénaire aurait eu notamment un œil sur la sphère sécuritaire et noué de puissants liens avec certains pays de la sous-région, parmi lesquels le Rwanda de Paul Kagame.

A propos de ce retour annoncé par la « puissante Radio Trottoir » qui ne se trompe que rarement des bruits politiques de Kinshasa, un autre son d’un proche du pouvoir sous anonymat également qui explique : « Mensonge ! Bla-bla-bla des gens qui ignorent le fonctionnement du chef de l’État. Le Président n’agit pas jamais ainsi…C’est un fin stratège politique qui dispose de la maîtrise de son environnement politique immédiat et du timing de l’exécution de son programme politique. Il sait quel poste stratégique de son action est vacant pour impacter la réalité économique et sociale de notre pays. En effet, Il ne joue pas au Lotto avec ses proches collaborateurs et ne leur demande jamais à quel poste ils désireraient qu’il les place ».

Et cette source de poursuivre : « A propos de Biselele et les autres proches collaborateurs qu’il veut réhabiliter, le Président lui-même dispose du moment politique et de l’agenda précis pour les nommer selon son pouvoir discrétionnaire, sans demander l’avis d’une quelconque personne. Néanmoins, il utilise toujours son DirCab pour l’aider à rédiger les ordonnances qui activent le fonctionnement et les attributions du poste politique qu’il a décidé d’accorder à un proche collaborateur ».

Rappelons tout de même que « L’affaire Biselele » avait éclaté après la mise en ligne d’une interview avec le confrère journaliste franco-camerounais Alain Foka ayant aujourd’hui installé sa chaine de télévision privée à Kinshasa après son départ de la France. Le 06 janvier 2023 dans l’émission « La chronique : Qui pour sauver la RDC ? », Biselele évoquait « un deal caché » pour une coopération économique entre le président Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame.

Des relations, qui semblaient se normaliser entre la RDC et le Rwanda au début du premier mandat de Tshisekedi en 2019, et qui se sont détériorées depuis la résurgence de la rébellion du mouvement terroriste du 23 mars (M23), majoritairement tutsie téléguidée depuis Kigali en novembre 2021. Depuis, Kinshasa accuse Kigali d’armer les rebelles et de combattre à ses côtés. Des accusations corroborées par des experts de l’ONU, mais démenties par Kigali.

Consacrée sur les relations entre Kinshasa et Kigali, cette émission qui aurait été commandée par Biselele avec Pacifique Kahasha, un proche de Vital Kamerhe et Chargé de mission du Président de la République et interpellé au même moment ; l’ANR avait voulu en connaître « leurs motivations ». Libéré dans l’entretemps, Kahasha qui conserve jusqu’à ce jour son poste avait pris l’avion avec Félix Tshisekedi en partance pour la Suisse où il avait assisté au Sommet annuel de Davos du 16 au 20 janvier 2023.

Au cours de cet entretien, « l’ancien homme discret des réseaux » Biselele qu’on soupçonnait d’être une taupe de Kagame auprès de Félix Tshisekedi était sorti de sa réserve habituelle en dévoilant à la face du monde des « arrangements secrets pris entre Tshisekedi et Kagame afin de trouver la paix dans l’Est du pays martyrisé depuis plus de 25 ans. En échange des minerais du Congo, le rwandais devrait utilisé son carnet d’adresse pour le bénéfice de deux pays » disait-il.

Droits d’images La chronique : Qui pour sauver la RDC ? d’Alain Foka sur YouTube

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Qui est en réalité Fortunat Biselele ?

Fortunat Biselele fut l’homme de tous les déplacements à l’intérieur du pays comme à l’étranger, mais aussi de toutes les décisions du chef de l’État qui « le consultait sur la plupart des dossiers avant de prendre une décision ».

Craint et décrié par bon nombre dans l’entourage présidentiel, Biselele gardait une influence sur le Président de la république avec qu’il se connait depuis plus de vingt ans. Également proche de la « première dame » Denise Nyakeru, il avait été nommé par une ordonnance jamais rendue publique à la tête de l’Office privé de la Présidence de la République, l’organe chargé de coordonner l’action de la Maison civile du chef de l’État et celle du Bureau du conjoint, dirigé par l’épouse du Président de la République.

En contact permanent avec l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) qui a fini par l’interpeller pour audition, la Direction Générale de Migration (DGM) et le Conseiller Spécial du chef de l’État en matière de Sécurité, Biselele était au « centre » de tout car « il connaissait presque tous les secrets de la République », comme l’expliquait sous anonymat l’un de ses proches.

Une carrière débuté dans la rébellion

C’est au sein des renseignements de la rébellion tutsie du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-GOMA), un groupe armé soutenu par le Rwanda et actif dans l’Est du Congo dans les années 2008 au sein du Cabinet d’Azarias Ruberwa dont il fut le bras droit que Biselele débute sa carrière. Ce qui lui avait permis d’entrer dans le cercle fermé de Paul Kagame et du Rwanda dont il était devenu un interlocuteur privilégié.

Natif de Kananga dans l’actuel Kasaï Central, Biselele servira même d’intermédiaire entre feu Étienne Tshisekedi Wa Mulumba, père de l’actuel Chef de l’État ; lorsqu’il fut envisagé la possibilité d’un rapprochement entre l’opposition radicale et la rébellion militaire de l’époque, « L’objectif étant de s’unir pour lutter contre Joseph Kabila, qui venait de succéder à son père à la tête du pays ». Et c’est aussi à cette époque qu’il fait la connaissance de Félix, gagnant son amitié en même temps que la confiance de son père.

De celui qu’on dit un « Homme de réseaux », un « radical », voire un « faucon » Biselele avait une bonne introduction dans les renseignements congolais. Il aurait travaillé avec des diplomates américains à Kinshasa afin de maintenir la pression sur Joseph Kabila au moment où il fut tenté de modifier la constitution pour s’éterniser au pouvoir à la fin de son deuxième et dernier mandat.

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CIKUYI TUBABELA et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi