CULTURE : La RDC doit « Quitter » l’Organisation Internationale de la Francophonie [OPINION] !

Grand pays francophone du monde devant la France, la RDC s’est vue recalé sa candidature pour accueillir l’édition 2025 de la Mission Economique et Commerciale Francophone (MECF), une décision de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Avec des explications farfelues et pour une humiliation de plus, c’en est de trop qu’une gifle en retour vaut la peine dans un contexte des tensions entre la France et la RDC : « Au terme de ce processus de sélection, j’ai le regret de vous informer que la candidature de la République Démocratique du Congo n’a pas été retenue », écrivait Caroline St-Hilaire, Administratrice de l’OIF, dans une correspondance adressée à la ministre congolaise des Affaires Étrangères, Thérèse Wamba Wagner.

Et comme pour se moquer de la RDC, Caroline St-Hilaire souligne : « Soyez assurée, Madame la Ministre d’État, que l’OIF apprécie sincèrement vos efforts dans cette candidature, qui témoignent de l’engagement de la RDC envers la promotion et le développement de l’espace économique francophone. Nous espérons que cette volonté perdurera et se traduira par une mobilisation continue du tissu économique de votre pays pour les prochaines MECF ».

Il convient de noter que cette mission de l’OIF propose un forum économique de haut niveau, des rencontres d’affaires entre entreprises, un accompagnement personnalisé, ainsi que des visites d’entreprises et des opportunités de réseautage. La rencontre prévue pour juin 2025 s’inscrit dans la programmation quadriennale 2024-2027 de l’OIF, qui vise à intensifier les échanges commerciaux et d’investissement entre ses 88 États et gouvernements membres.

Pour justifier son impair d’une décision politique contre le plus grand des membres en l’occurrence la RDC, l’OIF égrène ce qu’elle dit être les critères de sélection établis incluant des conditions d’organisation, notamment sur les plans politique, sécuritaire et sanitaire ; tout en respectant la rotation géographique des missions.

Faut-il le rappeler que ce mêmes raisons avaient été évoquées en 2023 lorsqu’un complot de la même OIF avait voulu faire capoter les 9èmes Jeux de la Francophonie de Kinshasa. La Belgique, la France, la Suisse et le Québec ayant opté pour une délégation minimum avec en fond de ligne de voir les jeux délocalisés dans un autre pays, le Rwanda ayant été cité à l’époque.

Dans sa croisade anti RDC, le copinage de la France n’est pas trop loin lorsque l’on connaît cet épée de Damoclès brandi à chaque occasion par le Rwanda avec ses accusations de complicité de génocide au travers de son « Opération Turquoise » qui aurait protégé les membres du gouvernement hutu renversé et jugé génocidaire.  Qui a pourtant oublié que c’est dans le sang que le Front Patriotique Rwandais (FPR) et Paul Kagame se sont emparés du pouvoir le 06 avril 1994 par les assassinats de deux présidents Juvénal Habyarimana du Rwanda et Cyprien Ntaryamira du Burundi.

N’utilisant plus le français comme langue d’administration au profit de l’anglais, le Rwanda dont le nombre des locuteurs en français est insignifiant et qui devenu depuis membre du Commonwealth, cette organisation intergouvernementale composée des États membres qui sont presque tous d’anciens territoires de l’Empire britannique ; dirige aujourd’hui la francophonie.

De qui se moque-t-on ?

Des signes qui ne trompent pas. Dirigée par Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères de Paul Kagame adoubée par Emmanuel Macron contre Madame Michaëlle Jean, ancienne Gouverneure générale du Canada et Secrétaire Générale sortante de l’OIF en janvier 2019 ; cette organisation ne serait aujourd’hui qu’une sorte de coquille vide. Une raison de plus pour le pays de Lumumba de prendre la plus des radicales de décision, celle de quitter carrément la francophonie ; une « association » qui rapporte plus des problèmes que des quelconques solutions.

Tenez. Au dernier sommet de la francophonie à la Cité internationale de la langue française, au Château de Villers-Cotterêts dans l’Aisne en France du 04 au 05 octobre 2024, la duplicité de la France et du Rwanda n’était plus à démontrer. En ouverture du XIXème Sommet de la francophonie, le body language ne trompant jamais exprimait assez clairement la tiédeur des relations entre Paris et Kinshasa.

Là où Félix Tshisekedi, Président de la RDC –pays le plus peuplé de l’espace francophone, avec près de 100 millions d’habitants-, avait eu droit à un accueil mitigé avec des salutations polies en présence de Louise Mushikiwabo ; Emmanuel Macron accueillait avec force embrassades complices le couple présidentiel rwandais Paul et Jeannette Kagame. Un penchant avéré de Paris pour Kigali, alors que tous les rapports de l’ONU comme des nombreuses organisations internationales dénoncent le Rwanda comme le soutien de la rébellion des terroristes du M23 ; en réalité des supplétifs de la Rwanda Defense Forces (RDF), l’armée rwandaise dans l’Est congolais.

Sans gêne ni honte, la partialité française s’était encore affichée avec force lors du discours officiel d’ouverture d’Emmanuel Macron avec son « omission coupable » et sa non-évocation « volontaire » de la plus grande crise africaine de l’espace francophone, la guerre au Nord-Kivu qui, au-delà du chaos sécuritaire impliquant des dizaines de groupes armés dont le M23 crée par le Rwanda, provoque une situation humanitaire aiguë, avec plus d’un million de personnes déplacées.

La tentative ratée de Macron de se rattraper lors de sa conférence de presse ayant suivi son discours en disant « qu’il n’y a pas de double standard dans la diplomatie de la France » n’auront rien fait pour réparer le mal. Tshisekedi n’ayant pas apprécié qu’il ne mentionne pas le conflit dans l’Est de la RDC la veille lors de son discours au moment où il évoquait les crises que traverse le monde. L’humeur du Chef de l’Etat congolais de ne pas participer au déjeuner offert par Louise Mushikiwabo, la SG de l’OIF, samedi midi ; et son boycottait du huis clos réservé aux membres de l’OIF avec un départ prématuré du sommet et de la France « sur une très mauvaise impression », à Kinshasa en sont les preuves de l’incident diplomatique entre Kinshasa et Paris.

Sûrement fâché, au travers de son geste, Tshisekedi avait ainsi dénié à Macron le droit de « prétendre jouer un quelconque rôle de médiation dans la crise au Nord-Kivu tout en prenant ainsi parti pour le Rwanda » ; car entre eux subsiste un problème nommé Paul Kagame. Il ne reste plus à la RDC et ses dirigeants qu’une chose : imiter les dirigeants de l’Afrique de l’Ouest en rompant définitivement avec la francophonie, cet outil abîmé de la diplomatie française en Afrique.

L’analyste journaliste Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya se dit « d’accord et d’avis que le manque de soutien évident de l’organisation francophone est révélateur d’une crise latente entre la RDC et la Francophonie face à l’alimentation de la crise dans l’Est du pays par le Rwanda. Par ailleurs, cette crise de confiance se greffe sur des tensions avec la direction de l’OIF ».

Il poursuit qu’en effet, « Il existe une méfiance envers l’exécutif actuel de l’OIF, dirigé par la Rwandaise Louise Mushikiwabo, dans le contexte des tensions entre Kinshasa et Kigali. Et autre motif de méfiance c’est le désaccord sur l’audit électoral. Pour manifester sa mauvaise humeur, l’OIF s’était retirée, en 2023, de l’audit du fichier électoral de la RDC. Attitude qui n’avait pas été appréciée dans la capitale congolaise et qui a suscité des critiques et des soupçons à Kinshasa ».

Joseph Emmanuel Bunduki Kabeya conclut « Enfin on peut constater que la participation de la RDC à l’OIF n’apporte pas suffisamment de bénéfices concrets au pays, notamment en termes de résolution des conflits et de développement. Ce sont là quelques raisons qui pourraient justifier un retrait de cette organisation dont la direction a pris fait et cause pour le Rwanda ».

Les jérémiades des autres dirigeants réunis en France clamant « condamner fermement les violations du droit national, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, également tous les groupes armés opérant en RDC et tout soutien extérieur apporté à ces groupes » n’est que la poudre de perlimpinpin, ce remède prétendument miraculeux mais totalement inefficace pour sauver une quelconque situation.

La RDC doit quitter l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), à défaut de suspendre jusqu’à nouvel ordre sa participation à toutes ses activités ; ce qui est le souhait de la vaste opinion dans le pays actuellement.

Roger DIKU

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Rédaction

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