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Hubertine Mbungu et Tharcisse Kasongo Mwema réunis dans l’éternité [HOMMAGES]

Comme un signe du destin qui ne trompe jamais, Hubertine Mwema Mbungu, née Mbungu Tshibangu s’en est allée ce matin du mercredi 13 novembre 2024 en rejoignant définitivement son défunt époux Kasongo Tharcisse Henry Kasongo Mwema Yamba Y’Amba De Mutoni Mwikalebwe Wa Kabingandu décédé deux ans plutôt ; soit le samedi 12 novembre 2022 dans même la ville de Kinshasa en RDC.

C’est un coup de téléphone de leur autre fille Wanuke Tshisabi, la Miss Bantoue en pleurs depuis la Suisse qui me l’apprend alors que je n’avais pas consulté mon téléphone depuis le matin. Pourtant, il y a encore une semaine sur WhatsApp, on se donnait rendez-vous pour des retrouvailles en Europe à l’occasion des fêtes de fin d’année et de nouvel an prochain. Comme pour son défunt mari Mzée Tharcisse, c’est sur la pointe des pieds que sa veuve a tiré sa révérence au Centre Médical de Kinshasa (CMK). Une triste nouvelle survenue de suite d’une crise piquée auparavent. Ils sont désormais réunis dans et pour l’éternité, les deux époux fidèles auprès de ce Dieu qu’ils ont servis comme des fervents chrétiens catholiques durant des années à Kinshasa comme à Paris en France.

« Mon cœur continue de saigner, je ne sais pas combien de temps je vais tenir », déclarait Da Hubertine Kasongo en expression de ce « choc » qui l’accablait depuis cette nuit fatidique du 12 novembre 2022 à Kinshasa. Et d’ajouter : « Je lui disais souvent quand on était ensemble : Tharcisse, tu sais ; je prie Dieu tous les jours pour que ça soit moi qui parte la première. Si moi, je pars avant, toi au moins, tu sauras m’enterrer ».

Ces propos de maman Mbungu l’avaient été au cours de la première messe d’Actions de Grâce en mémoire du Professeur Kasongo Mwema Yamba Y’Amba Tharcisse Henri, célébrée le vendredi 08 décembre 2023 à 17h00’ en la Cathédrale de la Paroisse du Sacre Cœur de Kinshasa Gombe où le défunt chrétien avait ses habitudes. Un moment solennel de joie et de se souvenir sur l’homme érudit que fut Mzée Tharcisse qui vit aujourd’hui en paix céleste auprès de son Seigneur Jésus-Christ qu’il aura servi toute sa vie.

Mais aussi l’occasion de la remontée en surface de cette douleur de séparation de la part de tous ceux qui l’avait connu, particulièrement de sa famille qui vivait au quotidien cette épreuve qui a provoqué un choc émotionnel traduit en une souffrance depuis deux années éprouvantes. Ce, au travers de ce cris de détresse de sa veuve qui résonnera encore pour longtemps en moi pour avoir perdu aujourd’hui les deux êtres chers devenus mes seconds parents Tonton et Tantine comme j’aimais bien les appeler ; après la disparition de ceux biologiques qui m’ont donné la vie.

Comme un rappel, le 19 décembre 2021, le couple Mwema et Mbungu célébrait leur Noce d’Émeraude, soit 40 ans de vie commune depuis qu’ils s’étaient dit oui pour le meilleur et pour le pire que ça durait après leur union civile à la Commune de Bandalungwa le 19 décembre 1981. Un anniversaires qu’on ne pouvait rater pour rien au monde car contre vents et marrées, le couple a tenu et tient jusqu’à ce jour en célébrant leurs Noces d’Emeraude bien méritées. Au bout de cette longue vie commune qui n’a pas pris des rides malgré l’âge qui avance ; quatre enfants et des nombreux petits enfants. Il y a d’abord la princesse et ainée de la famille Suke Ibarra, le second JR Kasongo, le troisième et sportif rugbyman Joseph Mbungu et le tout dernier cadet Yannick Kajoba sans compter des nombreux petits enfants éparpillés entre la Belgique et la France où ils vivent.

Une fidélité qui aura servi de modèle aux jeunes congratulée et honorée par Thierry Baylon Gaibene, Bourgmestre officiant de leur commune d’union qui leur avait décerné ; jeudi 30 décembre 2021, le diplôme de mérite civique. Les services de l’Etat civil de la commune de Bandalungwa étant allés dépoussiérer l’acte qui avait consacré cette alliance.

Une particularité pour ce couple défunt d’exception, ils sont tous deux journalistes formés dans une même école de journalisme de Kinshasa, l’Institut des Sciences et Techniques de l’Information, ISTI-Gombe crée le 28 mai 1973 par le patriarche Malembe Tamandiak ; devenu Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication IFASIC, aujourd’hui Université des Sciences de l’Information et de la Communication (UNISIC).

Hubertine Mbungu Tshibangu devenue Mme Mbungu Mwema à la ville étant elle-même fille d’un vieux journaliste Joseph Mbungu Nkandamana, pionnier de l’indépendance du Congo avec son journal Présence Congolaise [https://presencecongolaise.com/] dont elle avait repris le flambeau depuis 2019.

Dans les diasporas belge et française tout comme au pays à Kinshasa, Da Hubertine était restée très proches de ses jeunes collègues journalistes depuis l’ISTI de la belle époque à l’UNISIC et passant par l’IFASIC ; dans sa maison toujours ouverte comme dans les rencontres inter promotion où sa présence ne manquait jamais. Par contre, elle va nous manquer profondement.

Anecdote…

Une anecdote et non de moindre sur Da Hubertine Mbungu, grande « prêtresse » du « Journal Télévisé au Féminin » uniquement fait par les femmes journalistes et présentatrice de l’Emission chrétienne L’Heure du Seigneur sur la télévision nationale.

Alors que la presse officielle demeurait dans une information à sens unique et les médias audiovisuels misent au pas par le pouvoir de Mobutu dans les années 1990, il y a lieu de signaler le combat héroïque mené par certains braves journalistes de la rédaction du journal télévisé dont son défunt mari Kasongo Mwema. Dans une lettre ouverte au dictateur Mobutu datée du 11 mai 1990 restée célèbre qui coïncidera avec la nuit fatidique du massacre de l’Université de Lubumbashi, ils réclamaient plus de liberté dans le traitement de l’information et des conditions de travail acceptables. Comme on le sait, une purge drastique sera menée contre eux : tous les professionnels de la communication seront remplacés par les propagandistes de l’ancien parti unique.

Des révocations politiques seront orchestrées pendant que les traîtres se verront promus pour service rendu. Cette situation avait fait que plusieurs de ces journalistes, craignant pour leur vie, avaient choisis la route de l’exil à l’étranger pendant que ceux restés au pays étaient carrément allés travailler ailleurs dans la presse écrite proche de l’opposition. L’Office Zaïrois de Radio et Télévision (OZRT), aujourd’hui Radiotélévision Nationale Congolaise (RTNC) ; redevenant ainsi le vulgaire outil de propagande du régime, la langue de bois étant de nouveau à l’honneur, la désinformation et la censure s’exerçant de nouveau au grand jour.

Mobutu n’avait pas compris, alors pas du tout, le sens de la démocratie et de ses valeurs nobles parmi lesquelles, le droit à l’information. Sans doute avait-il perçu le danger que représentait un journaliste de l’audiovisuel libre de ses faits et gestes et de sa parole pouvant désormais fouiner et exhumer tous les crimes contre le pays et ses habitants et tenir le peuple informé.

C’est ici qu’il faut noter l’interruption brutale des émissions de la télévision nationale le samedi 26 octobre 1991 à l’issue du journal télévisé de la mi-journée que présentait Mme Hubertine Mwema Mbungu Tshibangu par l’irruption des commandos armés dans le studio et qui avait failli lui coûter la vie. La réapparition de ces militaires en tenue de combat au journal télévisé du lundi soir suivant avait consacré le mouvement de fronde au sein de l’audiovisuel public. Les journalistes de fortune étalant à la face du pays et du monde leurs nombreuses lacunes par la seule volonté de l’ancien monarque de l’époque.

Ma rencontre avec les Mwema Kasongo et Mbungu, ma seconde famille…

Notre rencontre remonte à la fin de mon Graduat à l’ISTI en 1988 alors que j’allais entamer ma Licence en Relations Publiques où Mzé Tharcisse était déjà Assistant des cours. Il faut dire que j’étais déjà admirateur de ce journaliste de la présidence de la République sous Mobutu qui parlait un français chatouillant. De Kinshasa en RDC en passant par Argenteuil dans la banlieue nord parisienne en France et La Louvière en Belgique, la famille Kasongo Mwema était devenue ma seconde famille.

En juillet 1992, alors qu’ils habitaient déjà en France ; c’est maman Hubertine Mbungu qui m’amènera en Europe où je débarque chez son jeune frère tonton John Itunime dit vieux Mokonzi d’heureuse mémoire décédé brutalement quelques mois après mon arrivée dans sa maison de la Commune de La Louvière en Belgique.

Je ferais connaissance de feu Koko (Grand-mère) Ndaya Marie-Roger d’aussi d’heureuse mémoire, la maman de Da Hubertine ; une petite grand-mère affable qui m’appelait toujours « ndoyi » ou homonyme de chez qui l’on ne pouvait repartir sans avoir mangé ni obtenu 100 FB de l’époque comme argent de poche pour payer son transport, elle agissait toujours comme si l’on était à Kinshasa. Koko Ndaya a quitté ce monde à Paris où elle se trouvait en vacances chez ses enfants avant que son corps ne soit ramené chez nous au pays où elle repose pour l’éternité dans les Cimetières de la Gombe à Kinshasa.

De Paris en France à La Louvière en Belgique comme à Kinshasa chez nous au pays, j’étais devenu depuis lors un enfant de la maison Mwema et Mbungu, l’ainé de leurs quatre enfants, Suke, Jr, Jo et Yannick ; bref un membre à part entier de la famille de ce couple extraordinaire dans sa simplicité comme dans son engament chrétien.

Les Mwema m’ouvrent pour la première fois leur maison de Bandal Moulaert sur l’avenue Dekani pour consulter la bibliothèque privée de l’assistant rempli des nouveaux livres sortis des imprimeries et ramenés de ses multiples voyages l’étranger dans le cadre de son travail à la présidence. L’on se limitait dans le garage devant la maison où une table de travail trônait à côté de la voiture Renault 21 pimpante neuve du couple.

Quelques mois avant 1989, j’avais découvert une autre dimension de ce couple profondément croyant catholique, un engagement chrétien qui dure jusqu’à ce jour dans le cadre d’un groupe d’intercession de la Communauté des Hommes d’Affaires du Plein Evangile, très connue sous l’acronyme du Full Gospel.

Ce groupe de prière appelé Chapitre ne réunissait que les chrétiens récencés dans le domaine de la presse ou proches de ce milieu et s’appelait Chapitre Kin-Presse. Devenu membre à part entière dudit groupe, j’ai le droit d’entrer au salon des Mwema qui désormais ne me considère plus comme un simple étudiant de l’Assistant mais comme un frère chrétien à part entière.

En 1990, nous nous retrouvons brièvement avec Mzé Kasongo Mwema à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) avant qu’il ne s’envole de nouveau pour la France à Bordeaux à l’Université Montaigne pour sa Thèse de Doctorat.

Devenu depuis 1998 journaliste et présentateur à Radio France International (RFI) à Paris en France où il vivait ; Kasongo Mwema avait rejoint le Katanga où il enseignait la communication à l’Université de Lubumbashi. A l’avènement du fils Tshisekedi Félix comme Président de la République en janvier 2019, Kasongo Mwema est nommé Porte-parole du Chef de l’Etat en mars 2019 ; une tâche à laquelle il s’y est employé avec tout son professionnalisme légendaire pondéré qu’on lui reconnait.

Une autre anecdote pourtant, alors jeune Rédacteur en Chef Adjoint au Groupe de Presse UMOJA de Léon Abel Robert Moukanda Lunyama d’heureuse mémoire et dans le cadre d’un reportage, il m’avait été donné de rencontrer en sa compagnie et en tête-à- tête Etienne Tshisekedi, un personnage considéré énigmatique, unique en son genre devenu un « mythe vivant » pour ses concitoyens.

Le mardi 17 septembre 1991 soit sept jours avant les pillages de l’armée de Mobutu (23 et 24 septembre), pour le compte du journal UMOJA je suis admis à l’entretien exclusif qu’il accordait après un long silence à la presse étrangère. Il s’agissait en l’occurrence, du correspondant de l’Agence Internationale de Télévision (AITV), filiale de Radio France d’Outre-mer -RFO-, le confrère Tharcisse-Henri Kasongo Mwema Yamba Y’Amba.

Avec son franc parlé légendaire, le leader de l’UDPS donnait son point de vue sur le début des travaux de la CNS, sur ses relations avec Mobutu et sur le prochain gouvernement d’Union nationale dont toute la ville parlait déjà. J’aurai l’opportunité de vérifier que non seulement l’homme restait pugnace, mais qu’il n’avait pas que des affabilités à l’endroit de Mobutu : « Un démocrate non contrôlé peut glisser vers la dictature, mais un dictateur ne deviendra jamais démocrate. Mobutu ne changera jamais, il continuera à semer la confusion dans l’esprit du peuple ; son départ reste une nécessité pour sauver la démocratie…Sa seule réussite dans ce pays demeure la corruption et la terreur pour empêcher la vérité de s’exprimer avec spontanéité » déclarait-il à Kasongo Mwema.

Tshisekedi n’avait jamais caché ses sentiments vis-à-vis de Mobutu qu’il considérait comme le véritable fossoyeur du pays. Mais il avait aussi une opinion claire de ce qu’est et devrait être un démocrate. C’est en des termes crus qu’il dépeignait son vieil adversaire qualifié de « monstre à visage humain, sans ami, ni dans sa propre famille ni auprès de ses propres enfants ».

Même ton de discours radical de la part de son épouse Marthe Kasalu, celle que dans l’opposition et la population entières ; tout le monde à Kinshasa comme dans le reste du pays appelle « affectueusement » maman Marthe, épouse légitime jusqu’à la fin de sa vie du leader de l’UDPS depuis plus de 60 ans. À la vue physiquement de Kasongo Mwema, ne s’était-elle pas exclamée : « Kasongo Mwema ango nde ye oyo = C’est lui Kasongo Mwema en question ? » 

Devenu porte-parole du fils, mon ancien Assistant à l’ISTI racontera cette anecdote en mai 2019 sur le plateau de la RTNC lors des obsèques de feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire, le père de l’actuel Président de la République. L’emblématique Tharcisse Kasongo Mwema Yamba-Y’amba que j’avais l’habitude d’appeler Mzé ou Tonton et qui m’appelait Rodger’s comme son épouse Da Hubertine ne sont plus de ce monde des vivants et je n’en crois pas un seul instant. Journaliste, producteur, Professeur et Porte-parole du Président de la République Félix Tshisekedi depuis mars 2019, il venait à peine d’être nommé Président du Conseil d’Administration (PCA) de l’Agence Congolaise de Presse (ACP). Avec leur disparition brutale, ce sont deux voix qui se sont éteintes à jamais dans le monde de la communication comme de l’enseignement universitaire en RDC.

A lire aussi : DIASPORA : La mémoire du Professeur Tharcisse Kasongo Mwema célébrée à Paris en France https://www.afriwave.com/2022/12/01/diaspora-la-memoire-du-professeur-tharcisse-kasongo-mwema-celebree-a-paris-en-france/

Un témoignage de Roger DIKU, leur fils par adoption.

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Rédaction

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