Fille de journaliste et pionnier de l’indépendance Joseph Mbungu Nkandamana dit le « Mukandier » pour ses « éditoriaux salés », épouse et compagne fidèle d’un grand journaliste et enseignant de journalisme reconnu Tharcisse Kasongo Mwema Yamba Y’Amba d’heureuse mémoire ; elle-même journaliste et grande-sœur de feu la journaliste Jeanne Mbungu, Hubertine Mbungu Tshibangu devenue Hubertine Mwema à la ville aura marquée plus d’une génération de ses consœurs jeunes journalistes.
Initiatrice du « Journal Télévisé au féminin » sur l’Office Zaïrois de Radiotélévision (Ozrt) redevenu Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) et présentatrice de l’émission chrétienne « Heure du Seigneur », Hubertine Mbungu fut aussi la grande sœur de Jeanne Mbungu, une jeune femme journaliste talentueuse sortie de la même école de journalisme de Kinshasa ISTI-Gombe mais partie trop tôt dans les années 2000 de l’autre côté dans le séjour des morts.
Malgré le temps qui passait et bien avant le décès inattendu de son mari en novembre 2022 qu’elle n’aura pas du tout supportée, Da Huby comme on l’appelait affectueusement trouvait encore de la force pour des projets dans son domaine de formation, les jeunes et son pays la RDC dont elle parlait avec passion. Deux témoignages de ses dernières interviews accordées à Tshisabi Wanuke et Blada Mfukidi, deux jeunes dames respectivement sorties de l’ISTI et l’IFASIC aujourd’hui UNISIC (Université des Sciences de l’Information et de la Communication), la grande école de journalisme du pays.
Face à Tshisabi Wanuke à l’occasion de la Journée Internationale de la femme Africaine, elle évoquait le travail son feu père Joseph Mbungu au travers de son journal « Présence Congolaise » et sa propre volonté de relancer ce média de l’indépendance du Congo dont elle voulait en faire un Groupe de Presse Présence Congolaise avec trois produits : un journal papier comme son feu papa, un magazine du nom de « Super Maman » dédié à la femme et un concours « Le Mukandier » en souvenir de l’éditorial de son papa intitulée La Mukande de la Semaine littéralement La Lettre de la Semaine. Ce dernier devant récompenser une fois l’an le meilleur éditorialiste de la jeune génération des journalistes d’aujourd’hui dans leur travail du quotidien.
Face à Tshisabi Wanuke sur la RTNC, la journaliste Hubertine Mbungu Mwema parle de ses projets avec la relance du Journal Présence Congolaise jadis œuvre de son feu père, le journaliste Joseph Mbungu Nkandamana, pionnier de l'indépendance du Congo. pic.twitter.com/R6QbdKQh4x
— Roger DIKU (@DKapotho) November 19, 2024
De Joseph Mbungu son père, il faut retenir que c’est à partir de 1954 qu’il commence une nouvelle carrière de journaliste pour « Présence Congolaise », un complément au magazine belge « Courrier d’Afrique » au sein d’un groupe d’une vingtaine des correspondants.
En 1958, « Présence Congolaise » devient indépendant et Joseph Mbungu en prend la direction comme le Président. Durant deux ans, « Présence congolaise » sera la tribune du nationalisme dit « modéré », ses bureaux installés dans le quartier de Dendale (actuelle commune Kasa-Vubu) en plein cœur de la capitale non loin de son Quartier d’ambiance dit Matonge. Entre 1959 et 1960, il est ainsi en contact avec les personnalités congolaises de premier plan comme Joseph Kasa-Vubu, Joseph Ileo, Cyrille Adoula, Alphonse Nguvulu…
En octobre 1958, avec notamment Patrice Lumumba, il cofonde le Mouvement National Congolais (MNC). Avec les différends et la dissension au sein du parti et le M.N.C, le parti politique sera scindé en deux tendances : celle de Lumumba contre celle Kalonji Ditunga dit Mulopue ayant sa zone d’influence au-delà de la Province Orientale pour le MNC/Lumumba alors que celui de Kalonji restant confiné à la région Luba du Sud-Kasaï. S’étant montré critique envers Lumumba, Joseph Mbungu s’était alors rapproché de Kalonji en se repliant sur la région Luba du Sud-Kasaï. Aux premières élections de mai 1960, Lumumba obtiendra 33 sièges tandis que Kalonji s’en sortira avec seulement 8 sièges.
Une anecdote personnelle sur ce grand homme au propre comme au figuré : « Nous sommes en 1992 à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) tout au début de ma carrière de journaliste professionnel face à ce géant qui en avait déjà des années. Et la scène se déroule au Centre de Presse de ces assises que présidait feu l’éditeur de l’Hebdomadaire KYA du Bas Zaïre Sassa Kasa Yi Kiboba en présence d’un autre Editeur, Joseph Mbungu qui y représentait son Journal « Présence Africaine ». Les journalistes Reporters à ce forum rouspétaient bruyamment concernant leur perdiem non payé que Joseph Mbungu de sa voix imposante voulu prendre cause pour soutenir son collègue éditeur. La clameur de colère des journalistes s’accentua davantage et on entendit de la foule à son encontre des propos comme « Editeur Hiboux » du surnom de ces forces de répression sous Mobutu qui faisaient taire les opposants et les médias. En lieu et place de se démonter face à ces jeunes confrères qui avaient l’âge de ses petits-fils déjà nombreux à l’époque, Joseph Mbungu tonna de sa voix grisaille que tout le monde se tût comme des bébés. Pour mémoire, cette scène se passe en présence de son beau-fils, Tharcisse Kasongo Mwema Yamba Y’Amba qui se trouvait à la CNS sous le quota de l’Office Zaïrois de Radiotélévision (OZRT) » …
Son virus de communication et de journalisme, Joseph Mbungu l’aura transmis à ses enfants dont Dieudonné Mbungu Kalimasi décédé en août 2022 à Kinshasa, un des grands techniciens à la Ratelesco du côté des studios de Notre Dame de Fatima à la Gombe, sa fille Hubertine Mbungu Mwema ; épouse à la ville d’un autre journaliste Henri-Tharcisse Kasongo Mwema. Mais aussi Jeanne Mbungu, une jeune femme journaliste talentueuse sortie de l’école de journalisme de Kinshasa ISTI-Gombe.
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Face à Blada Mfukidi, journaliste et membre de l’Aumônerie Catholique de Paris en France, une même détermination de Hubertine Mbungu Mwema en parlant de son pays la RDC. Encore à une date toute proche de nous le 15 août 2023 lors d’un pèlerinage à la Sanctuaire Mariale de Lourdes dans le sud de la France, elle exprimait sa joie d’être revenue en ce haut lieu du catholicisme en parlant de son pays la RDC.
La chrétienne catholique engagée déclarait s’être rendue en cet endroit de dévotion après plusieurs années pour aussi « prier » en faveur de la RDC à la veille des élections générales et présidentielles de décembre 2023. Evoquant l’image des Noces de Cana avec la présence de Marie face à son fils Jésus avec son premier miracle du vin, elle eut cette phrase : « Quand Marie intercède, Jésus cède ».
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Un goût d’inachevé…
De tous les projets qui fourmillaient encore en elle, Maman Hubertine ne les accompliraient plus de son vivant. Ayant rejoint son époux Tharcisse Kasongo Mwema dans l’éternité et selon leur volonté, elle effectuera un dernier voyage terrestre vers Paris dans cette ville d’Argenteuil qui les avaient accueillis des années durant dans le Val d’Oise en région parisienne pour se reposer définitivement à ses côtés.
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Roger DIKU