Le dernier Plan harmonisé entre la RDC et le Rwanda soulève des points d’interrogation dans le choix de mots et dans le comportement des experts congolais. Là où le Chef de l’État et le peuple congolais exigent le retrait des troupes rwandaises du sol congolais, les experts de la RDC signent « Levée des mesures défensives et arrêt des opérations militaires transfrontalières » comme si les mots n’avaient pas leur sens.
Tout le monde est unanime à reconnaître que « Levée » n’égale pas « Retrait ». Et les deux mots ne sont même pas synonymes. De deux, la RDC s’engage à neutraliser les FDLR et leurs alliés. Les alliés des FDLR sont-ils Rwandais ou Congolais ? Comment arrive-t-on à signer pareil document jusqu’à en être fier ? Serait-on dans une sorte de servitude involontaire envers Kagame ?
On serait tenté de croire que les négociations se passent dans une sorte d’envoûtement collectif des Congolais par les Rwandais. Au point de signer à l’aveuglette sans apercevoir les pièges. En lieu et place de l’envoûtement collectif, utilisons le terme « confusion entretenue ». La confusion, loin d’être une maladie psychique, est une technique dans l’art de la négociation. L’on crée délibérément la confusion dans l’esprit de l’adversaire pour en tirer bénéfice. La confusion repose dans le fossé entre la parole (jeu des mots) et les actes.
Cette confusion bien entretenue dont le bénéfice principal résulte du mélange savant des vérités et des mensonges fondus en un amalgame destructeur prépare le lit de la balkanisation du Congo. Pourquoi ne ferions-nous pas comme l’équipe de football de mon collège ?
Avant d’affronter un adversaire, l’équipe de mon collège, avec l’autorisation de l’abbé recteur, allait au cimetière de la mission pour rendre visite à nos morts. Et au cimetière, on leur interdisait de toucher le corps de femmes avant le derby. Et nous gagnions les rencontres sportives face aux « vieux barbus » de l’athénée. C’est ce qui s’est passé aussi avec le CHAN à Kigali.
Avant d’aller discuter avec le Rwanda, il serait mieux que les experts se rendent d’abord au cimetière pour parler avec nos morts et durant les négociations qu’on veuille à ce qu’ils ne touchent pas le corps de femme. C’est le seul remède contre l’envoûtement rwandais. Autrement, tous seront vaccinés et anesthésies contre la raison comme ce fut le cas de tous les rebelles congolais qui ont été chez Kagame. Pour négocier, il faut étudier les intentions de l’adversaire et le pénétrer jusque dans son subconscient.
Avec le FPR, c’est la présence du passé dans le présent qui le hante. Ce passé qui appelle « vengeance » sur le Muhutu. On négocie avec un régime obsédé par une revanche suicidaire contre son frère Hutu. Vu sous cet angle-là, l’intelligence seule ne suffit pas.
La stratégie de Kigali est de confondre des choses distinctes en leur imposant une identité virtuelle fictive à travers le choix de mots diplomatiquement bien ajustés. Voilà pourquoi Kigali entretient des confusions intéressées depuis la première tentative de prendre le pouvoir en octobre 1990.
Les experts rd-congolais devraient passer une nuit au cimetière avant toute négociation avec les Rwandais. Autrement, vive l’envoûtement.
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Nicaise Kibel’Bel Oka
Article à lire sur : Confusion bien entretenue https://lescoulissesrdc.info/confusion-bien-entretenue/
