Le 4 décembre 2024. Le président des États-Unis, Joe Biden s’est rendu en Angola pour un projet de chemin de fer « Corridor de Lobito » de 1300 kilomètres à réhabiliter financé par Washington pour assurer l’exportation de la production minière de la République démocratique du Congo et de la Zambie vers l’Occident via le port de Lobito (Angola) sur l’océan Atlantique.
Au demeurant les États-Unis et la Chine. Terrain de bataille, la RDC.
Le premier s’était désintéressé un moment du Congo en faveur du second qui a misé sur les routes transocéaniques africaines. Le premier avait opté ainsi que l’Union européenne à soutenir et intensifier les agressions de la partie est du Congo et procéder à la déstabilisation de la RDC.
Depuis 30 ans, la guerre d’agression de la RDC sous-traitée par le Rwanda jouant à la milice russe Wagner de la France est sans conteste l’œuvre de Washington. En effet, depuis 30 ans, à travers le Rwanda et l’Ouganda, Washington ne fait que renouveler les conflits à l’Est de notre pays instrumentalisant les ethnies du Kivu et de l’Ituri avec comme objectif pillages des minerais et balkaniser le Congo.
Lorsque la Chine lance le Plan « Made in China 2025 » pour un grand bond en avant technologique visant ainsi à rattraper voire dépasser les États-Unis sur les technologies de pointe, c’est en RDC qu’elle trouve le marché des minerais stratégiques. L’on se rappelle l’affaire Tenke Fungurume avec Hillary Clinton. C’est en retard que les Occidentaux, blessés dans leur arrogance, leur hypocrisie et leur orgueil, se réveillent et montent des plans de déstabilisation totale de la RDC sur fond de guerres et de pillages de minerais. Avec le marché du cobalt du Congo, la Chine devenait le leader mondial dans le domaine des batteries électriques et en récolter tous les avantages stratégiques.
Cela créa un phénomène unique à son genre comme le décrivait un auteur : « Ce qui se passe au Congo dépasse ce qu’on appelle les crises mais c’est une combinaison hybride de guerres civiles et internationales ».
Les Occidentaux ont créé un « chaos contrôlé » pour contenir la Chine et saboter le mégaprojet de la Route transocéanique africaine Nord et la partie du Katanga de son homologue sud, le barrage Inga 3, ou avec l’achat de la mine de cobalt Tenke. C’est dans ce sens-là qu’on doit interpréter et comprendre la messe noire à Genval et toute la littérature des chiens de garde occidentaux contre le Congo.
Faute d’avoir réussi à balkaniser le Congo, les États-Unis reviennent à la case départ, à savoir le chemin de fer de Lobito/Angola. Sa relance a double objectif, drainer les minerais de la RDC et de la Zambie vers l’Occident et faire échec à la Chine dans son rôle de grande puissance concurrente des États-Unis.
Pékin et Washington dans la guerre
Au milieu des années 2010, la Chine fait savoir qu’elle n’a aucune envie de se fondre dans un reste du monde dominé par les États-Unis. Elle veut changer le monde et, pourquoi pas, le dominer. Pour de nombreux américains, les États-Unis sont confrontés à un nouveau rival idéologique et stratégique, la Chine.
Pékin et Washington sont engagés dans la guerre commerciale qui répond au « coup pour coup » dans un bras de fer gigantesque pouvant conduire à un nouvel équilibre mondial. La bataille pour l’avenir se joue dans les semi-conducteurs (les puces que l’on trouve dans les smartphones, les machines à laver, les voitures et les avions de guerre), des semi-conducteurs quantiques spécialisés dans l’Intelligence artificielle. C’est la guerre pour la téléphonie mobile et les réseaux dans un monde où les armes sont contrôlées par Internet.
Et le pays qui contrôle la 5G gagne un avantage économique, un avantage militaire et de renseignement pour le reste du siècle. Malheureusement, ces minerais critiques sont logés généreusement sous le sol de la République démocratique du Congo. Ce pays, mis à genou depuis Patrice Lumumba par les impérialistes occidentaux, continue de payer le prix de la convoitise et de la déstabilisation avec des milliers de morts et des populations déplacées, en errance perpétuelle, parfois sous des bombes.
Que gagne le Congo-Kinshasa dans cette guerre ?
Joe Biden n’a pas foulé le sol de la RDC. Il a préféré l’Angola mais il compte sur la RDC pour réussir sa guerre contre la Chine. La RDC est dépecée, écarlate. Ce projet empiète sur celui de la construction du port en eau profonde de Banana. La logique aurait voulu qu’on terminât la construction du port en eau profonde de Banana afin que nos minerais passent du Katanga à Banana via Sakania. Mais le rapport de force nous impose un itinéraire détourné et de contournement.
Des projets fusent de partout prenant le Congo dans le tourbillon.
D’un côté, la Chine, en contrepartie des activités minières, avait promis de réaliser des infrastructures modernes notamment la construction d’une voie ferrée qui se connecterait à celle traversant l’Ouganda et le Kenya jusqu’au port de Mombasa. Un autre projet de construction de rails du Katanga à Dar-es-Salaam. Le Burundi et la RDC ont un projet intégrateur en commun de construction de rails Uvira-Katanga via Kalemie. De l’autre, c’est vraiment la réplique américaine à la Chine sur le sol congolais. Comment se comporte la RDC face à ce foisonnement de projets ? On risque de trop embrasser.
Que transporteront les wagons de train dans la direction opposée ? des produits alimentaires, du bœuf brésilien, des céréales ukrainiennes ou des produits laitiers français ? En clair, tout le long de cette voie ferrée, il faudrait des projets au bénéfice des populations. A court terme (hic et nunc), la RDC devrait exiger de Washington de mettre fin à la guerre d’agression à travers le Rwanda, au pillage des minerais et à la déstabilisation du pays.
Mais, il est important de rappeler que la RDC possède un Plan Directeur d’Industrialisation (PDI) et une politique de transformation de nos minerais au Congo. Ce qui signifie que la RDC gagnerait plus en créant des industries qui transforment les minerais sur son sol.
Pour rappel, l’Angola, la République démocratique du Congo et la Zambie (les deux pays considérés comme enclavés par rapport à l’Angola) ont signé un accord le 27 janvier 2023 instituant une Agence de Facilitation de Transport en Transit de trois pays jusqu’au port de Lobito pour un système de transport routier, ferroviaire et maritime appelé « Corridor de Lobito », en sigle AFTTCL, parrainé par Washington et qui justifie la visite de Joe Biden en Angola.
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Nicaise Kibel’Bel Oka
Article à lire sur : Les deux superpuissances économiques sur un même ring. Que gagne le Congo-Kinshasa ? https://lescoulissesrdc.info/les-deux-superpuissances-economiques-sur-un-meme-ring-que-gagne-le-congo-kinshasa/#google_vignette