Le sommet pour la paix dans l’Est de la RD Congo préparée de longue date et prévue en Angola pour le dimanche 15 décembre 2024 a été annulé en dernière minute. Et pour cause, le non déplacement à Luanda du « maître » de Kigali, Paul Kagame.
Avec son geste d’inélégance, « l’autocrate de Kigali » qui n’a pas ainsi respecté ni l’hôte de la rencontre, le président angolais Joao Lourenço, médiateur désigné de l’Union africaine (UA) dans le conflit entre Kigali et Kinshasa. Mais aussi et encore plus le Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi arrivé sur place tôt le matin, mettant dans l’impasse toute la procédure.
Le document de l’accord intitulé « Pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’Est de la RDC », sur la table avait pourtant été âprement discuté deux jours avant le sommet par toutes les parties qui se disaient optimistes pour arriver à la signature du texte. En posant des injonctions fallacieuses de dernières minutes à la partie congolaise et des nouveaux préalables pour la signature dudit accord que la « RDC mène un dialogue direct avec le M23», et en dénonçant en passant ce que le régime dit être « le contexte des menaces constantes émanant des responsables de la RD Congo, y compris du président, en vue d’un changement de régime au Rwanda » ; il y a lieu de constater que la peur a changé de camp et le gouvernement congolais devrait demeurer constant même en cas de reprise des négociations entre les deux pays.
Le communiqué du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale traduit ni simple ni moins la « fébrilité » qui s’est emparée du régime de Kigali alors que 2025 commencera sur des bouleversements de la géopolitique mondiale qui risquent de lui priver de ses soutiens inconditionnels dans ses dérapages expansionnistes. Les Démocrates américains et le Parti conservateur anglais hier encore et qui avaient toujours porté à bout des bras Kagame n’étant plus au pouvoir et remplacés par les Républicains et les Travaillistes, Kigali vacille sous ses fondements. La France souvent malmenée du bout du nez par les accusations de complicité du génocide de 1994 se trouve dans une turbulence politique sans précédent après la dissolution de son Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin 2024.
Parler du « report du sommet de Luanda et de la non-résolution de points critiques » n’est qu’une fuite en avant alors qu’il a fait sciemment capoter la rencontre, le Rwanda endosse toute la responsabilité de ce qui en adviendra de la situation dans les Grands Lacs.
Pour le journaliste congolais Joseph-Emmanuel Bunduki Kabeya qui connait bien la scène politique dans les Grands Lacs, « Ce revirement de dernière minute du Rwanda ne peut étonner que ceux qui pensent que Kigali a une parole. Depuis la création du FPR aux RDF, l’ADN est le même et repose sur un triple axe qui est « fight » (combattre), « talk » (négocier) et « deny » (renier sa parole donnée). Il faut remonter aux négociations d’Arusha, qu’est-ce que le FPR avait respecté comme engagements face au régime Habyarimana ? Et tout près de nous, qu’avait respecté le FPR comme engagement aux côtés de l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila qu’il avait soutenu pour renverser Mobutu ? ».
Joseph-Emmanuel Bunduki Kabeya poursuit : « Kagame a la dent dure et la rancune tenace. Il n’a jamais digéré que le FPR, armée qualifiée d’invincible, ait été stoppée net à 2 reprises. La première fois par le Général Donatien Mayele Lieko Bokungu d’heureuse mémoire et la Division Spéciale Présidentielle (DSP) de Mobutu sur le territoire rwandais à la demande du président Habyarimana. Le FPR était à l’époque commandé par Fred Rwigyema qui après cette défaite, il a disparu des radars. [Lire à ce sujet un excellent rapport Annexe 51 : Les assassinats des opposants et des témoins …RWANDA de la guerre au génocide http://rwandadelaguerreaugenocide.univ-paris1.fr] ».
Bunduki Kabeya conclut que « La seconde fois, ce sont des kinois désarmés en 1998 dans les faubourgs de N’Djili qui ont mis en déroute l’armée rwandaise du FPR dans sa deuxième tentative pour renverser Laurent-Desiré Kabila par le RDC-Goma interposé. Kagame n’a jamais accepté toujours en 1998, l’humiliation de retirer ses troupes militaires en mauvaise posture du Bas-Congo sous la protection des forces armées angolaises. Kagame ne reconnaîtra jamais sa défaite militaire via le M23 à moins d’être écrasé militairement et d’être chassé du pouvoir ou tué dans les combats. Kagame ne signera jamais de paix car il s’est toujours positionné comme un fin stratège militaire. Il n’est pas un homme de paix ».
Et une internaute congolaise, Marie-Francine B. d’ironiser à propos de la défection du rwandais en rappellant une boutade du Chef de l’Etat congolais : « Comme quoi, Kagame n’avait jamais réellement prévu de se déplacer de Kigali à Luanda, d’une part. D’autre part, voici accomplie la prophétie de Fatshi, qui annonçait que sa prochaine rencontre avec Kagame n’aurait lieu qu’au ciel ! ».
Kagame, le président qui joue avec la mémoire de son peuple
En accusant tout le temps Paris d’avoir participé au génocide, Paul Kagame tente de masquer ses dérives autoritaires. Trente ans après le génocide et le supplice de plus de 800 000 Rwandais, en majorité tutsis, mais aussi des hutus modérés ; le discours de Kagame est resté le même fustigeant les Français, qui avaient « l’audace de rester là sans s’excuser » à propos de « l’Opération Turquoise » ratée.
Son incrimination va aussi au grand voisin congolais qui avait eu pitié d’accueillir des millions des refugiés fuyant les troupes rebelles du Front Populaire Rwandais (FPR) en majorité tutsi et dirigé par Kagame en personne. Trente ans après, Kagame continue d’accuser la RDC d’abriter les prétendus « génocidaires » des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), en kinyarwanda : Urugaga Ruharanira Demokarasi No Kubohoza U Rwanda).
Ce groupe armé qui a vue jour en RDC en l’an 2000 formé des rescapés ayant fui les troupes du FPR dit défendre les intérêts des Hutus rwandais réfugiés en RDC et se déclare opposé à la présidence de Paul Kagame. Prenant la suite de l’Armée de libération du Rwanda (ALiR) et compterait dans leurs rangs des responsables du génocide des Tutsis de 1994 selon le régime Kagame, ce que le groupe nie. Son objectif est de retourner au Rwanda et de renverser le régime Kagame.
Il s’avère que depuis 30 ans qu’il règne en monarque absolu avec sa famille sur le Rwanda, Haut du formulaireBas du formulaireKagame n’a jamais changé de « narratif ». Il a toujours accusé la communauté internationale comme coupable de n’avoir pas réagi pendant le génocide, en visant particulièrement la France ; mais aussi son voisin le Congo qu’il « exploite et pille » au travers des supplétifs terroristes armés déguisés en rébellion congolaise alors que son régime fragilisé vacille déjà. Une question pourtant, pourquoi n’a t’il jamais chercher à dialoguer avec ses frères hutus exilés en RDC afin de rassembler son pays comme il l’exige de la RDC a s’entendre les rebellions armées qu’il a fomenté ?
Pauvreté
Malgré la sobriété et la fascination que l’homme Kagame tente de démontrer dans le monde, derrière se cache une autre réalité patente : la majeure partie de la population rwandaise qui vit sous le seuil de la pauvreté dans les campagnes, beaucoup se sentant exclus de la croissance tant miroitée. « Les statistiques sont excellentes, mais il faut voir ce qui se cache derrière », comme l’explique An Ansoms, professeure à l’université catholique de Louvain et spécialiste du développement rural dans la région des Grands Lacs. « En modernisant le pays à marche forcée, le pouvoir a laissé sur le bord du chemin ceux qui ne peuvent se la permettre. Il y a une dynamique de consolidation des terres, mais certains ne peuvent payer les droits d’accès et perdent leur lopin ou vendent leurs bêtes. Cette ingénierie sociale qui essaie de réinventer la société fabrique des mécontents, même si, dans l’ensemble, l’essor du pays est réel » poursuit An Ansoms.
Cofondateur du Front patriotique rwandais (FPR), force tutsie en Ouganda qui se préparait à renverser le gouvernement hutu de Juvénal Habyarimana soutenu par la France, au Rwanda, Kagame envahira le Rwanda le 1er octobre 1990. L’exilé retrouvant ainsi son pays, trente ans après l’avoir fui et quatre ans plus tard, le 6 avril 1994, il plonge le Rwanda plonge dans le cauchemar : L’attentat contre l’avion de Juvénal Habyarimana étant l’élément déclencheur du génocide des Tutsis et Hutus modérés.
Le FPR atteint Kigali le 4 juillet 1994, mettant fin aux massacres. Le 19 juillet 1994, Kagame devient ministre de la Défense et vice-président. Il est élu président en avril 2003, réélu en 2010, 2017 et 2024. La Constitution fixant la limite à deux mandats ayant été modifiée en sa faveur pour se représenter et demeurer au pouvoir.
Assassinats
Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien général du FPR en exil en Afrique, a-t-il été victime d’une tentative d’assassinat. Il a affirmé que le régime était derrière l’attaque. Patrick Karegeya, ancien des services de renseignement qui avait accusé le gouvernement d’avoir commandité l’assassinat de Juvénal Habyarimana, a, lui, été retrouvé étranglé à Johannesburg le 1er janvier 2014 ; ce qui n’a jamais été apprécié par le gouvernement sud-africain. Auparavant, le journaliste Jean-Léonard Rugambage, Rédacteur en chef adjoint du journal bimensuel Umuvugizi avait été assassiné le 24 juin 2010, abattu de quatre balles à bout portant devant son domicile à Kigali.
Les menaces à répétition proférées par Kagame sont connues de tous lorsqu’il parle de ceux qui lui ont tourné le dos : « La trahison a des conséquences. Quiconque trahit notre cause ou souhaite du mal à notre peuple deviendra une victime. Ce qui reste à voir, c’est comment il deviendra une victime ». Malgré les interrogation, une partie de la communauté internationale, notamment l’Union européenne et certains pays versent beaucoup d’argent au Rwanda tout en sachant pas exactement à qui va l’aide au développement.
Les organismes comme Reporter Sans Frontières, Amnesty International ou Human Rights Watch tirent la sonnette d’alarme. L’homme, sous ses dehors calmes et un anglais parfait, cache décidément une face sombre. Malgré son charme, il suffit de lui aborder les sujets qui fâchent comme celui des « dissidents rwandais qui le traitent de tyran » ; l’on verrait Kagame qui se tend, avec cependant des coups de sang violents, redoutés même par ses collaborateurs.
Qui ne se rappelle pas qu’après le génocide, le FPR a poursuivi les Hutus au Zaïre, où il avait fait des dizaines de milliers de morts. Tous les rapport des Nations unies et des organisations internationales depuis presque 15 ans révèlent l’appui de troupes rwandaises de la RDF (Rwanda Defense Force) au mouvement rebelle terroriste du M23, qui sème la terreur dans l’Est du pays. De quoi fatiguer le plus tolérant des alliés, résultat, les États-Unis et le Royaume-Uni diminuent leur aide au Rwanda.
Lorsque Kagame affirme en public que « le temps écoulé ne doit pas occulter les faits, amoindrir les responsabilités ou transformer les victimes en méchants », c’est une allusion aux critiques américaines. Déstabilisé, il attaque. Jeter à la figure de la France son rôle peu glorieux pendant le génocide, à un moment où le monde entier a les yeux tournés vers le Rwanda, est un bon moyen de ranimer l’indignation. Pendant que le peuple rwandais, lui, tente de se reconstruire.
« Kagame falsifie la vérité historique »
Les militaires français ont-ils participé au génocide des Tutsis ? Le président rwandais, Paul Kagame, a toujours soutenu à sa manière en répétant que la France aurait tenu un « rôle direct dans la préparation du génocide » et que les troupes françaises auraient participé à « son exécution même ». Il est exact que François Mitterrand avait longtemps soutenu le président hutu Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat, le 6 avril 1994, a déclenché le massacre. Les dirigeants français confortaient au nom de la francophonie un régime menacé par les troupes de Kagame, organisées et soutenues par l’Ouganda anglophone.
C’est ce qu’on appelle souvent le « complexe de Fachoda », du nom de cette localité soudanaise que la France avait dû abandonner aux Anglais, en 1898. Pour autant, il est absurde d’accuser l’armée française d’avoir participé au génocide, d’autant qu’elle est la seule à être intervenue sur place, de fin juin à fin août 1994, durant l’opération Turquoise, qui s’est déroulée alors que l’essentiel des massacres avait été commis.
Dans ses accusations, Kagame a toujours oublié que l’Onu disposait au Rwanda, au sein de la Minuar, de 2 548 soldats commandés par le général canadien Dalaire, impuissants à protéger qui que ce soit après le début du génocide. Pis : l’Onu a ramené la Minuar à 250 hommes le 21 avril, avant de lancer la Minuar II le 10 août, pour remplacer les Français de Turquoise. Rappelons également qu’aucune armée d’un pays développé n’avait accepté d’aider la France dans cette mission.
A l’époque chef de l’opération Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade jugeait les accusations de Kagame « très graves, infondées, inacceptables. Le président rwandais instrumentalise le génocide, il falsifie la vérité historique ». Durant les années précédant le génocide, la France avait de toute évidence privilégié sa volonté d’influence dans cette région naguère colonisée par la Belgique. L’ancien patron de la DGSE Claude Silberzahn avait quant à lui estimé, devant la commission d’enquête dirigée par Paul Quilès, qu’au « début des années 90 l’attitude de la France au Rwanda a relevé d’une » bavure d’ingérence (…) essentiellement due à un appareil militaire français présomptueux quant à ses moyens, décalé par rapport à la réalité et inconscient de son ignorance du terrain ». Les services secrets avaient tenté de s’opposer à cette intervention.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi
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