La religieuse Denise Angotako Mawanzo, de la Congrégation des Sœurs Dominicaines, a présenté ce lundi 16 décembre 2024 sa thèse de doctorat sur la « Problématique du décrochage et de la réinsertion scolaire des filles en République démocratique du Congo de 1960 à 2010 » à l’Université Catholique de Louvain (KU Leuven), campus de Kortrijk (Kulak) en Belgique. La recherche a été limitée spécifiquement à la Province du Haut-Uélé dont elle est originaire.
Les résultats de recherche ont notamment mis en exergue un progrès dû à une forte représentation des filles en primaire et au cycle d’orientation, tout en soulignant que l’abandon des études par les filles au niveau du secondaire est dû principalement aux grossesses précoces et aux conflits armés qui les exposent à des dangers amplifiés notamment les violences sexuelles qui compromettent leur scolarité tout en engendrant par ailleurs une stigmatisation sociale.
Aussi, les structures de réintégration sont rares dans le Haut-Uélé où le taux de scolarisation des filles ne représente que 30%.
Mais pourquoi le taux d’abandon scolaire des filles reste-t-il toujours élevé au niveau secondaire ? Outre les difficultés financières et matérielles rencontrées par les parents qui font souvent le choix de privilégier les études des garçons au motif que les filles une fois mariées seraient à charge de leurs époux, Denise Angotako Mawanzo souligne que les grossesses précoces sont un hasard malheureux et la cause principale de l’abandon des études dans la tranche d’âge entre 15 et 17 ans.
Dans le même ordre d’idées, la Sœur Angotako Mawanzo rappelle que les inégalités scolaires des filles trouvent leurs origines dans l’époque coloniale, où la formation des filles était limitée à des rôles traditionnels. Et les réformes éducatives nationales post coloniales, bien que pertinentes sur le plan théorique, ont souvent manqué d’application et surtout négligé les réalités spécifiques des filles, notamment en milieu rural.
Pour Denise Angotako, la réinsertion scolaire est un potentiel d’émancipation des filles et une réponse au décrochage scolaire. Aussi, propose-t-elle que la compréhension approfondie de cette problématique serve de base à l’élaboration des stratégies efficaces de lutte contre le décrochage scolaire. Elle espère que cette approche est susceptible d’améliorer les pratiques éducatives.
La thèse de doctorat de Denise Angotako Mawanzo a été supervisée par les professeurs Marc Depaepe et Sarah Van Ruyskenvelde.
R. L.
