On a presque du mal à y croire, mais c’est officiel : la gare de Mons accueillera ses premiers navetteurs ce mercredi (18 décembre 2024) , vers 4h30, à l’heure du passage du premier train. Cette mise en service marque la fin d’un chantier qui a accumulé de nombreux retards et dépassé largement son budget initial. Prévue pour début 2015, la gare sera finalement inaugurée près de 10 ans plus tard, le 31 janvier 2025, à l’occasion du festival « Mons en lumières ».
Une gare gigantesque
Ce moment tant attendu par de nombreux navetteurs, qui commençaient à perdre espoir, est enfin arrivé. Les 57.000 voyageurs qui transitent chaque semaine par la Gare de Mons vont découvrir, après une décennie de travaux, une gare passerelle aux dimensions impressionnantes : 165 mètres de long, 16 mètres de haut et 33 mètres de large.
Cette nouvelle gare, dite « Calatrava », du nom de l’architecte espagnol à l’origine du projet, permet de relier la place Léopold à la place des Congrès, reliant ainsi le centre historique de Mons au quartier des Grands Prés. Quatorze commerces s’installeront progressivement à l’intérieur de la gare. Ce mercredi, une seule cellule commerciale sera ouverte. Pour les autres enseignes il faudra encore attendre le courant du mois de janvier. Un espace comprenant des guichets de la SNCB et de la TEC sera également présent. Les voyageurs pourront y acheter des billets et poser des questions. Des automates permettront également aux voyageurs d’acheter des tickets.
La gare de Mons se veut accessible. La SNCB évoque une gare conçue pour permettre à tous les voyageurs, valides et moins valides, de voyager sans obstacle et de manière autonome. La nouvelle passerelle est donc équipée de 12 ascenseurs, de quais rehaussés et de chemins podotactiles pour les personnes malvoyantes.
Autre point essentiel : l’intermodalité. La gare de Mons vise à intégrer les différents modes de transports. Elle dispose de 7 voies dont 5 destinées aux trains. Les deux autres voies sont réservées aux bus et aux taxis. Côté voiture, deux parkings sont aménagés, offrant un total de 800 places. Plusieurs centaines de places pour vélos sont également prévues.
La passerelle provisoire, quant à elle, ne disparaîtra pas du jour au lendemain. Son avenir sera décidé ultérieurement. Pendant un certain temps, les voyageurs auront donc le choix entre les deux passerelles.
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10 ans de retard
Pour rappel, la gare de Mons devait être inaugurée en 2015, année où Mons est devenue capitale européenne de la culture, mais le chantier a accumulé un retard considérable.
Revenons en 2006 : la SNCB organise un concours pour sélectionner l’architecte chargé du projet. Initialement, l’objectif est de construire une simple passerelle au-dessus des quais, permettant de relier le centre de Mons au quartier des Grands Prés. C’est Santiago Calatrava, architecte de renommée mondiale, qui est retenu avec un projet estimé à 37 millions d’euros.
Cependant, en 2012, le projet subit une transformation majeure, devenant une gare intégrée avec une passerelle couverte et des quais multimodaux, ce qui implique la démolition de la gare des années 50.
Le chantier rencontre également de nombreuses difficultés, avec la faillite de plusieurs entreprises impliquées. Fin 2015, les travaux sont suspendus en raison de la nécessité de relancer un nouveau marché public. Les travaux reprennent en 2017, mais l’échéance est à nouveau reportée. Depuis lors, la date de mise en service n’a cessé d’être repoussée.
Un budget multiplié par 13
A l’origine, cette gare ne devait initialement coûter « que » 37 millions d’euros. Mais plus de 20 ans plus tard, le budget a explosé, atteignant les 480 millions d’euros. Soit presque 13 fois le budget initial. Une hausse vertigineuse qui a suscité de vives polémiques.
Comment en est-on arrivé à un tel montant ? Cela s’explique en grande partie par le fait que le projet initial n’a plus rien à voir avec la gare telle qu’elle est aujourd’hui. Le retard accumulé au fil des années a également entraîné des coûts supplémentaires. Les dépenses liées à la construction et à l’aménagement de la gare de Mons ont augmenté au fil du temps. De plus, il a même fallu rénover la gare provisoire en raison des retards du chantier. En 2022, l’estimation du coût des travaux avoisinait déjà les 330 millions d’euros. Un coût qui sera finalement loin du montant final de 480 millions annoncé en novembre dernier.
À qui la faute ? L’année dernière, #Investigation revenait sur le rapport accablant de la Cour des comptes.
Le coût de l’entretien
Et même si le chantier est désormais terminé, la gare de Mons continuera de coûter cher. En effet, l’entretien s’ajoute à la facture, et le montant est élevé : il est estimé à près d’un million d’euros par an. Au cours des deux premières années, le coût annuel d’entretien sera de 750.000 €, couvrant à la fois le nettoyage quotidien et spécifique. À cela s’ajoutera une somme de 200.000 € pour la maintenance des équipements de levage, tels que les ascenseurs et les escalators.
De son côté, la SNCB admet les difficultés et comprend les incompréhensions. Elle promet qu’on ne l’y reprendra plus avec ce genre de projet pharaonique. En novembre dernier, Patrick Couchard, le directeur des gares de la SNCB assurait même que, désormais, la société travaillait de manière tout à fait différente, sur la base d’un programme d’investissement à dix ans qui évite ce genre de « surprise ».
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