Daniel Ngoy Mulunda Nyanga, ancien Président de la Commission Nationale Electorale Indépendante (Céni) de 2006 à 2011, devenu réfugié politique en Zambie serait interpellé depuis ce matin du mercredi 18 décembre 2024 à Lusaka en Zambie. C’est ce que rapporte des sources concordantes sur les réseaux sociaux sans qu’aucune déclaration officielle des autorités ne vienne confirmer la nouvelle.
Cette nouvelle interpellation dans les milieux congolais suscite des interrogations lorsque l’on sait qu’il y a quelques semaines déjà, un groupe d’individus d’origine congolaise avait été arrêté par les autorités de Lusaka et transféré à celles congolaises à Kinshasa. Soupçonnés de vouloir orchestrer une déstabilisation du pays depuis la Zambie, aucune confirmation ni infirmation officielles n’ont été faites par Kinshasa jusqu’à ce jour ; sûrement le complément d’enquêtes et autres interrogatoires minutieux se poursuivant selon des sources sous anonymat.
Pasteur protestant de l’Eglise Méthodiste de son état, l’homme n’en serait pas à sa première interpellation. C’est rudement qu’il avait été appréhendé à son domicile dans la nuit du 18 janvier 2021 suivie d’une longue audition dans les locaux de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR) avant d’être transféré dans la prison centrale de Kassapa. Le procès en flagrance contre lui entamé le 19 du même mois se déroulant malgré la contestation de ses défenseurs et la récusation par lui des trois juges sitôt remplacés s’était terminé par une condamnation à trois ans de prison ferme.
Trois chefs d’accusation avaient été reprochés à Ngoy Mulunda Nyanga à savoir « l’incitation à la haine tribale, la propagation des faux bruits et l’atteinte à la sureté d’Etat ». Proche de l’ancien chef de l’Etat Joseph Kabila dont il n’a jamais caché leur relation privilégiée, ce pasteur de la Nouvelle Eglise Méthodiste fut à la tête de la centrale nationale des élections, la Céni en 2011 pour proclamer nuitamment la victoire de Kabila sur feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, père de l’actuel président de la République Félix Tshisekedi.
Son mandat terminé, l’homme s’était replié dans son Katanga natal sans être avare en paroles sur les réseaux sociaux, principalement X (ex-Twitter) comme dans ses prêches dominicales en se distinguant au travers d’un discours extrême. Membre du Front Commun pour le Congo (FCC) autour de Kabila, il atteindra son summum de l’extrémisme le jour de la commémoration du 20ème anniversaire de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, le 16 janvier 2021.
En effet au cours d’un sermon enflammé, Ngoy Mulunda avait notamment dénoncé ce qu’il considérait être une « nouvelle dictature qui s’installe dans le pays » sous le régime de Félix Tshisekedi sans le citer nommément. Outrepassant les limites d’une prédication, le pasteur avait posé des conditions au maintien du Katanga dans le giron de l’unité nationale congolaise. Dans vidéo devenue virale partagée sur les réseaux sociaux, il mettait en garde dans son homélie le pouvoir central de Kinshasa et ses dirigeants : « S’ils ne veulent pas que le Katanga se coupe du reste de la RDC, ils doivent respecter nos dirigeants et plus particulièrement notre leader du Katanga, le président honoraire, le sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange, mais aussi son épouse notre maman Olive Lembe Kabila… ».
A lire aussi : RDC-JUSTICE : Ngoy Mulunda Nyanga malade, son procès se poursuit https://www.afriwave.com/2021/01/24/rdc-justice-ngoy-mulunda-nyanga-malade-son-proces-se-poursuit/
Au cours de la même prêche devant les responsables politiques du PPRD dont le SG Emmanuel Ramazani Shadary et en des termes à peine voilés, l’homme pasteur avait publiquement et violement menacé les reste de la République d’une « réaction de l’espace Katanga (Haut-Katanga, Lualaba, Lomami et Tanganyika) » face à ce qu’il prend comme une « déconsidération des Katangais » par les autres congolais du reste du pays.
Menaçant clairement d’une nouvelle « sécession » de l’ancienne province du Katanga si ceux qu’il prend pour « les autres » ne sont pas pour un vivre ensemble correcte, Ngoy Mulunda vociférait qu’on ne pousse pas à bout les Katangais qui sont prêts à agir, « les machettes pour couper étant déjà aiguisées » ; sous les « amen » des fanatisés brandissant des photos représentant le drapeau de l’éphémère Katanga indépendant sous Moïse Tshombé.
Reconverti en politique et dans une tentative d’un « comeback » raté, Ngoy Mulunda Nyanga s’était vue sa candidature aux élections législatives du 23 décembre 2018 invalidée. Candidat député national dans son fief de Malemba-Nkulu pour le compte du petit parti politique Le Centre de Germain Kambinga, le pasteur s’est vu sa candidature recalée pour cause de doublon. Il lui était reproché le dépôt de dossiers de candidatures dans plusieurs circonscriptions pour le compte de différents partis politiques.
Dans ce stratagème, son deuxième suppléant ; un certain Schadrack Numbi, avait été aussi enregistré comme suppléant du propre frère du pasteur à savoir Christopher Ngoy Mulunda dans la circonscription de Kambove. « Cette tentative de tricherie de la part de l’homme qui a régné sur la CENI entre 2006 et 2011 l’aurait été dans le but boulimique de « maximiser » les chances d’avoir des élus à tout prix » dénonçait un proche sous anonymat.
Toute chose restant égale par ailleurs, il ne suffit pas d’avoir été président d’une CENI qui a torpillé les élections de 2011 entachées d’innombrables irrégularités pour se voir ses turpitudes acceptées. Et cela, Daniel Ngoy Mulunda en avait appris à ses dépens !
A lire aussi : RDC : L’Affaire Ngoy Mulunda Nyanga, une préméditation séparatiste accomplie ? https://www.afriwave.com/2021/01/23/rdc-laffaire-ngoy-mulunda-nyanga-une-premeditation-separatiste-accomplie/
Cette « nouvelle affaire » d’interpellation dans son pays d’asile révèle bien les intentions de ceux qui veulent voir les crises multiformes persistaient dans le pays dont Ngoy Mulunda Nyanga. Après près de deux ans de détention à la prison de Kasapa et sa sortie du lundi 19 septembre 2022, après avoir bénéficié d’une liberté provisoire lui accordée par la Cour de Cassation ; ne lui auront rien appris décidément.
Un dossier à suivre…
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi