C’est vers une nouvelle alliance « politicienne » contre nature et sans lendemain que l’on se dirige depuis la rencontre tant vantée la fin de la semaine dernière entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi. Les deux hommes se seraient vus pour les uns à Addis Abeba en Ethiopie et pour les autres à Windhoek en Namibie, actuel lieu de résidence du Chef d’Etat honoraire congolais sans qu’on en sois sûre.
Autour de ce rendez-vous mesquin dont rien d’officiel n’a filtré jusqu’à présent et selon des indiscrétions, on y annonçait également un deuxième cercle composé d’autres « exilés volontaires » outre Kabila et Katumbi ; des personnages qui arpentent actuellement les pavés des capitales africaines et européennes, tous se réclamant de l’opposition politique contre le pouvoir du Président de la République Félix Tshisekedi. De leurs reproches on note sans que des preuves matérielles n’en soient fournies les restrictions des libertés, les arrestations arbitraires d’activistes et journalistes, d’opposants et d’autres citoyens, civils et militaires, du fait de leurs opinions ou de leur appartenance ethnique, et en exigent leur libération sans condition.
Et déjà comme s’ils n’étaient sûrs de rien pour leur avenir en commun, des propos attribués au Secrétaire Général Adjoint du PPRD sur les réseaux sociaux, Ferdinand Kambere en disent long : « Les deux personnalités se sont rencontrées à Addis-Abeba en Éthiopie le week-end dernier. Ce n’est qu’une première étape. Joseph Kabila et Moïse Katumbi restent ouverts à tous les autres partenaires, l’idée est de faire échec à ce régime qui veut exercer le pouvoir en violation de la Constitution. En attendant, ils ont fait l’évaluation de la situation politique dans notre pays. Et ils ont décidé de cheminer ensemble de nouveau, après s’être brouillés en 2015 ».
Qui ne se rappelle pas des embrouilles entre Kabila et Katumbi pour qu’aujourd’hui tout soit effacé d’un coup d’éponge magique ? Cette rencontre Kabila et Katumbi intervient quelques jours après celle entre Martin Fayulu Madidi et Moïse Katumbi Chapwe du samedi 07 décembre 2024 au Martin’s Hôtel du Château de Genval situé au bord du Lac du même nom dans la commune huppée de la province du Brabant Wallon en périphérie de Bruxelles pour dit-on une « séance de travail ». L’objectif de cette rencontre entre les deux hommes politiques, « renforcer l’unité et la cohésion de l’opposition face aux tentatives de changement de la Constitution », la même chose étant annoncée dans la rencontre Kabila et Katumbi.
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Si l’emballement de l’internet congolais a été immédiat sur les réseaux sociaux, les uns pour saluer cette énième tentative d’entente entre les personnes dont « tout et rien » oppose, la dérision des autres a aussi été immédiate soulignant le fait que « tout et rien ne rapproche » les deux protagonistes tellement les divergences de leur passé commun sont profondes.
Certes les deux politiques du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et Ensemble pour la République ont peut-être voulu faire dans la symbolique d’une réconciliation qui ne durera peut-être pas, l’on ne souvient pourtant de rien depuis leur « accolade » des retrouvailles au Forum pour l’Unité et la réconciliation des Katangais sous le thème « Frères et sœurs un jour, frères et sœurs toujours » tenu à Lubumbashi dans le Haut-Katanga du 17 au 19 mai 2022.
Sous la direction et sur l’initiative de l’Archevêque métropolitain de Lubumbashi aujourd’hui président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), Mgr Fulgence Muteba Mugalu ; cette rencontre qui réunissait les forces vives de l’espace Grand Katanga dont la majorité des politiques sensée être une célébration de l’unité et du vivre ensemble entre frères et sœurs est demeurée « lettre morte ».
Que dire alors du nouveau « front commun » en devenir contre le projet de changement ou révision de la Constitution porté par le Président de la République Félix Tshisekedi que voudrait aujourd’hui incarné les politiques congolais dont tout oppose et qui n’ont jamais d’accord sur la manière de conduire les choses de la Res Publica ? Depuis Joseph Kabila à Félix Tshisekedi aujourd’hui et comme on l’a toujours constaté, les accords signés entre les prétendus politiques congolais se sont toujours soldés par une divergence de vue révélant ce remake du bal des chauves poker menteurs, en réalité des frustrés aux ambitions personnelles démesurées qui prétendent défendre le pays alors qu’ils ont été exclus du « mangeoire » du pouvoir.
Pour une « courte mémoire sélective », les politiques congolais aujourd’hui vent debout contre le changement ou la révision de la constitution de 2006 sont à plaindre. Alors que bon nombre d’entre-eux étaient aux affaires entre 2006 et 2011, personne n’avait osé levé son petit bout de doigt lorsque Joseph Kabila avait révisé la même constitution en faisant passer l’élection présidentielle de deux à un seul tour. La manœuvre ayant été d’écarter Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’un deuxième tour qui lui aurait été fatal alors qu’en réalité, il n’avait pas gagné la présidentielle.
Toute chose restant égale par ailleurs, il y a lieu de se demander jusqu’à quand tiendraient toutes ces nouvelles « alliances » contre nature en perspective ; tellement le consensus entre des hommes comme Fayulu, Kabila, Katumbi et les autres étant difficile à établir. Autre considération et non de moindre, si à l’époque de Joseph Kabila, le « chevalier blanc » Katumbi se trouvait en « exil forcé » en Belgique, aujourd’hui il l’est volontairement dans le même pays la Belgique après son affaire de réfection d’un aérodrome à Mulonde sans les autorisations des autorités.
A lire aussi : « Forum pour l’unité et la réconciliation des Katangais » [MEMORANDUM] https://www.afriwave.com/2022/05/20/forum-pour-lunite-et-la-reconciliation-des-katangais-memorandum/
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com