« L’ennemi de mon ennemi, c’est mon ennemi » dit l’adage qui explique aujourd’hui les retrouvailles bras dans les bras entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi. La rencontre du 26 décembre 2024 à Addis Abeba et le communiqué de presse signé la tête pensante Olivier Kamitatu ne pouvait en étonner un car sans équivoque, les deux protagonistes prenant carrément pour eux les revendications du maître de Kigali Paul Kagame.
Qui aurait pu se l’imaginer que les deux hommes se retrouvent l’un dans les bras de l’autre si ce n’est « l’inconstance » politique de l’un comme « l’amnésie » de l’autre pour leurs intérêts mesquins que le bonheur du peuple qu’ils évoquent. Comme la charité qui se moque de l’Eglise, à quelles « forces politiques et sociales qui inscrivent leur action dans la lutte contre la dictature et pour le bien-être du peuple congolais, à joindre leurs efforts aux leurs » lancent-ils leur appel ?
De la Coalition Lamuka dont l’acte signé dimanche 11 novembre 2018 à Genève à l’Union Sacrée de la Nation de Tshisekedi en fin d’année 2020 et les reniements qui s’en sont suivis, aux retrouvailles sans lendemain d’avec Kabila à Addis Abeba en décembre 2024 ; Moïse Katumbi aura été de toutes les épopées. Son objectif final « accéder à tout prix un jour à la tête du pouvoir en RDC, tous les moyens étant bons » pourvue qu’il y arrive.
A la lecture du communiqué de presse sanctionnant cette rencontre, l’on se rend compte de la « mémoire sélective » caractéristique de « l’amnésie » de deux personnalités qui ont lancé un appel pressant « à la paix et à l’unité nationale, tout en soulignant l’importance et l’urgence du respect des droits fondamentaux des citoyens, de la préservation de la démocratie et l’Etat de droit qui ont laissé place, selon eux, à l’oppression et à la dictature ». Ces principes évoqués avaient-ils été respectés du temps de règne de fer de Joseph Kabila en commençant par son allié d’aujourd’hui Katumbi comme du peuple congolais en général ?
S’agissant de la question du changement ou révision constitutionnelle, Kabila et Katumbi disent non à toute réforme de la loi fondamentale de la RDC : « Ils expriment par ailleurs fermement leur opposition à toute réforme constitutionnelle qui, dans les circonstances actuelles, s’avère illégale et inopportune et dont le but ultime n’échappe à personne : la consolidation de la dictature à travers une présidence à vie en RDC. Tout en rappelant que personne n’est propriétaire mais locataire du pouvoir, le bail démocratique étant à durée déterminée dans les conditions prévues par la Constitution », lit-on dans ce communiqué signé par Olivier Kamitatu, porte-parole de Moïse Katumbi.
Kabila peut-il se rappeler à qui son régime avait-il posé la question sur la révision constitutionnelle opérée avant la présidentielle de 2011 pour faire passer cette élection à un seul tour en lieu et place de deux tours comme en 2006 ? En appeler aujourd’hui par ailleurs la population à résister à cette initiative de toucher à la Constitution ne serait qu’une malhonnêteté politique insupportable et une insulte à la mémoire des martyrs tombés de leur part : « Ils appellent tous les Congolais à résister activement face à la volonté affichée par le pouvoir en place de rompre le pacte républicain, fruit d’un large consensus national ayant permis la réunification et la stabilité du pays, ainsi que le rétablissement des institutions démocratiques, au risque d’exacerber les divisions au sein de la population congolaise et d’achever le délitement de notre Nation ».
Une observation pourtant dans ce communiqué qui fait ressortir plusieurs fois l’impersonnel « ILS », sans ne se nommer ni dire avec qu’ils sont dans leur nouveau deal. Ils définissent selon eux les causes de l’instabilité et seraient toujours disposés à discuter, mais avec qui ? Katumbi en coalition avec Kabila qui l’avait chassé du pays contre Félix qui l’a autorisé à y revenir au pays, qui l’eut cru dans cette amitié contre nature retrouvée qu’une jeune fille en « parle franchement » et refuse de « péter les plombs tous les jours » au risque « d’en mourir » un jour.
No comment ! pic.twitter.com/Pqs1Rr17Z3
— Roger DIKU (@DKapotho) December 27, 2024
A lire aussi : RDC : Joseph Kabila et Moïse Katumbi, « une alliance contre nature sans lendemain » https://www.afriwave.com/2024/12/26/rdc-joseph-kabila-et-moise-katumbi-une-alliance-contre-nature-sans-lendemain/
De ce « mariage contre nature » entre deux personnes opposées et aux objectifs différents, « la faim » justifierait elle les moyens comme un jeu des mots. Dans cette campagne, la main de l’Eglise catholique du Congo n’est pas si loin avec la « bénédiction épiscopale » de son cardinal l’Archevêque Fridolin Ambongo, la CENCO et son président Mgr Fulgence Muteba ainsi que tous les ennemis coalisés de la RDC dont la communauté internationale aveugle. Le timing et la coordination des différents acteurs en disant long !
TSHIKUYI TUBABELA