RDC : Assassinat de Mamadou Ndala, quatre erreurs à ne plus répéter et à éviter par les FARDC au front

Par lescoulissesrdc.info/

Le Colonel Mamadou Ndala, Général de Brigade à titre posthume, a été assassiné à Beni sur l’axe Beni-Mavivi autour de 11 heures du 2 janvier 2014. Laissant les braves gardes du corps, il y allait en urgence au niveau de la MONUSCO « Recevoir un message confidentiel venu de la haute hiérarchie ».

L’assassinat du Colonel Mamadou nous a poussé depuis à relever quatre erreurs monumentales à mettre à l’attention des officiers des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) qui peuvent se retrouver au front pour qu’ils n’en commettent pas. Ces erreurs commises par le Colonel Mamadou lui ont été fatales.

Primo. La victoire militaire appartient au seul Commandant suprême et non aux militaires au front. Selon l’un des principes de l’Art de la guerre de Sun Tzu. Le Colonel Mamadou ayant revendiqué une victoire à laquelle il n’a pas participé a violé ce principe sacro-saint qui exige sanction. S’étant autoproclamé « Héros » de la guerre contre le M23 en lieu et place de ceux qui ont réellement combattu et en réussissant à manipuler une certaine opinion, le Colonel Mamadou violait ce principe qui fait l’honneur et les hauts faits des hommes politiques et dénigrait ses camarades d’armes.

Bien plus, contrairement à ce qu’une certaine opinion publique a avalé, le Colonel Mamadou n’avait jamais participé à la planification de l’offensive qui s’est fait autour de quatre commandants (FARDC, MONUSCO-FIB) pour éviter toute fuite. Lire utilement Nicaise Kibel’Bel Oka « Les rébellions rwandaises au Kivu. Une stratégie de la balkanisation de la RDC », Editions Scribe Bruxelles, 2024.

Secundo. Les femmes. Le front militaire exige une certaine chasteté pour une meilleure concentration. Le Colonel Mamadou Ndala a été visiblement trahi par deux concubines, la PMF major Viviane venue de Kinshasa qu’il a logée à Goma et qui, contre la volonté du Colonel, l’a suivi jusqu’à Beni et la nièce du faux Colonel Kamulete Jocker vendue aux ADF à 500 dollars $ et grâce au téléphone de qui les ADF ont réussi la géolocalisation du Colonel.

Partagée entre l’amour et la mission de liquider le colonel, la PMF major Viviane a joué un rôle ambigu dans l’assassinat du colonel. Elle fut arrêtée dans un avion à l’aérodrome de Rughenda à Butembo, voulant fuir, après avoir été à l’hôtel fouiller la chambre du colonel. La PMF major Viviane venait du PARECO/Museveni tout comme le bon tireur du 12.7 (mixage) qui a rejoint le colonel Mamadou à partir du Kasaï.

(L’ADF Mbale, magasinier des ADF et planificateur de l’embuscade reconstitue pour la compréhension de la cour l’embuscade. Archives Les Coulisses).

Tertio. Des civils en uniforme dans la ceinture rapprochée des officiers FARDC. Le Colonel Mamadou Ndala s’est fait entourer de son ancien photographe cameraman et homme de confiance devenu capitaine. N’ayant jamais tué un rat, il a été le premier à fuir lors de l’embuscade. S’il était un soldat formé, il allait répliquer contre les assaillants mais ce n’était qu’un brave civil en tenue de capitaine FARDC. Bien plus, on ne va pas au front comme dans une soirée dansante. L’escorte du colonel n’avait que trois jeeps (la sienne devant avec quelques gardes, suivie de celle des journalistes et la troisième du fameux capitaine). Ce qui était impossible de mener une contre-offensive.

Quarto. Bien traiter la garde rapprochée. La discipline étant la mère des armées, le Colonel Mamadou Ndala n’a pas respecté ce principe. Dans son escorte, le tireur du 12.7 portait une tenue différente de tous les autres gardes qui pouvait faire croire que c’était la consigne de garantie pour les ennemis. Bien plus, il n’a jamais tiré un seul coup de feu et a pris la fuite arguant que son arme avait enraillé. Alors que la PMF major Viviane avait à demi-mot dit au Colonel qu’elle n’avait pas confiance à certains de ses gardes du corps, ce dernier a fait fi de l’information.

Bref, le Colonel Mamadou Ndala ne devrait pas échapper à son destin. Il avait des ennemis partout. D’abord à Uvira où les musulmans n’ont pas apprécié son comportement. Il a échappé à la première embuscade sur l’axe Kasindi où il devait se rendre le 27 décembre 2013 sur insistance du Colonel Birotso Nzanzu pour faire passer du carburant par la fraude moyennant dix mille dollars $ qui devait servir à bien passer la fête de fin d’année 2013. C’est la PMF major Viviane qui va l’en dissuader. Au sein des FARDC, il s’était adjugé une victoire dont il ne maîtrisait ni les tenants ni les aboutissants. Enfin chez les ADF, lui musulman jouait à l’apostat en venant combattre les moudjahidines d’Allah.

(L’épave de la jeep du colonel Mamadou Ndala après l’incendie et destruction des preuves. Photo Les Coulisses)

Autres faits importants à souligner. La jeep du Colonel n’a pas attrapé une roquette. Les assaillants ont visé les pneus avec une AKA 47. Le chauffeur a roulé avec des pneus crevés près d’un kilomètre pour se mobiliser alors qu’il pouvait continuer. La jeep du Colonel n’avait jamais pris feu dans les dix minutes qui suivaient. Ce n’est qu’après qu’on a mis le feu après avoir verrouillé les portières.

Coïncidence ou hasard, le colonel Birotso Nzanzu a suivi le même chemin que la PMF major Viviane à la mort du Général Lucien Bauma (retourner chez lui pour fouiller). Aussitôt sa mort annoncée, Jamil Mukul avait abattu une vache au QG des ADF, selon les dires de Mbale, l’ADF qui avait préparé l’embuscade.

Le Colonel Mamadou a été assassiné par une coalition des FARDC et les ADF comme le journal Les Coulisses l’avait titré en son temps. Malheur aux peuples qui ont besoin de héros. Qu’il repose en paix, lui qui, en entretenant le mythe autour de ses hauts faits, a donné un certain sens du devoir aux FARDC.

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Mathias Ikem

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