L’Est de la RDC, le Rwanda et le « bal des hypocrites » coalisés ! [Billet d’humeur]

Depuis plusieurs jours déjà, des féroces combats avec des nombreuses victimes continuent de faire rage entre la Rwanda Defense Force (RDF), l’armée rwandaise via ses affidés rebelles du mouvement terroriste dit M23 et leurs alliés de l’Alliance Fleuve Congo. Face aux troupes loyalistes des FARDC appuyées par les patriotes Wazalendo, le morale et la résistance dans la région de Masisi et ses environs sont bons.

La conquête par les insurgés de Masisi Centre en province du Nord-Kivu dimanche 05 janvier 2025avait été une nouvelle occasion d’illustration du grand « bal des hypocrites », ces « Tartuffes » modernes coalisés de l’extérieur comme de l’intérieur ainsi que les médias occidentaux, tous membres du grand complot mondial contre le pays sont à découvert.

La tartufferie de notre époque n’ayant plus aucune limite, et même la main dans le sac ; il en est qui continuent à pourtant protester de leur innocence. Dans sa préface parlant de l’individu tartuffe en question, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière écrivait déjà que sa pièce avait un but moral : « Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts. Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d’être de faux dévots et des hypocrites ».

Une dévotion outrée

En lieu et place de se taire, dans leur piété outrée ; si les opposants extérieurs comme ceux intérieurs s’en prennent au pouvoir en place dans le but à tout prix à décourager les forces loyales des FARDC et les patriotes ; de L’Union européenne aux les États-Unis en passant par l’ONU via sa force d’interposition de la Monusco, tous sont dans la même lignée à un degré de différence, faisant leur oeuvre charitable de condamnation de la montée de la violence avec l’offensive menée depuis ce début d’année par les rebelles du M23, soutenu par le Rwanda en violation du « cessez-le-feu dans l’Est de la RDC pourtant décrété dans le cadre du processus de Luanda, ces négociations de paix entre Congolais et Rwandais sous médiation angolaise ».

Dans la déclaration du porte-parole de l’Union européenne datée du 06 janvier 2025 sur les derniers événements on pouvait ainsi lire : « L’UE condamne fermement l’occupation récente par le groupe armé M23 de la ville de Masisi et ces environs, au Nord-Kivu. L’avancée continue du M23 constitue une violation flagrante du cessez-le-feu convenu dans le cadre du processus de Luanda. Ces développements compromettent considérablement les efforts entrepris en faveur d’une résolution pacifique du conflit dans l’est de la RDC. L’UE exhorte le M23 à se retirer immédiatement et à respecter pleinement le cessez-le-feu. L’UE demande instamment au Rwanda de mettre fin à sa coopération avec le M23 et de retirer ses forces militaires du territoire de la RDC. L’UE souligne qu’il est important que toutes les parties au conflit désamorcent la situation et mettent rapidement en œuvre toutes les décisions et tous les engagements convenus dans le cadre du processus de Luanda, auxquels l’UE réaffirme son soutien et son engagement pleins et entiers. L’UE exhorte également la RDC de cesser toute coopération avec les FDLR et autres groupes armés. L’UE est prête à envisager de nouvelles mesures restrictives à l’encontre des responsables du conflit armé, de l’instabilité et de l’insécurité en RDC ».

De leurs côtés, sur USA en Français @USAenFrancais· 7 janv, le compte X officiel du Département d’Etat des États-Unis en français on pouvait lire : « Les USA condamnent les violations du cessez-le-feu dans l’est de la RDC. Les avancées du M23 et la prise de la ville de Masisi nuisent aux efforts pour une paix négociée. Nous appelons la RDC et le Rwanda à respecter les engagements pris dans le cadre du processus de Luanda ».

Et pour clore la mascarade dans la valse des communiqués, celui de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco) ; la plus grande mission de l’ONU déployée sur terrain depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Dirigée par la guinéenne Bintou Keïta, la représentante des Nations unies condamnait verbalement comme dans ses habitudes « l’offensive récente menée par le Mouvement du 23 mars (M23), le 2 janvier 2025 », ayant fait sept victimes parmi les civils et entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes.

Des médias occidentaux anti pourvoir de Kinshasa aux politiques locaux à la solde des intérêts sournois, le « bal des hypocrites » n’a fait que révéler ce « double langage » des mensonges qui ont fait disparaitre « l’élitisme républicain », ce pacte sensé réunir les vrais démocrates pour le bien de la Patrie. Et comme les « Etats n’ont pas des amis que des intérêts », pour sa survie comme Nation ; c’est à la RDC seule de savoir comment survivre dans un monde en pleine désorganisation.

Trois jours après la prise de Masisi Centre, les nouvelles du front de ce mercredi 08 janvier 2025 font état qu’après Ngungu, les vaillants FARDC appuyés par les patriotes Wazalendo ont repris l’avantage sur l’ennemi. Le chef-lieu du territoire de Masisi passé sous le contrôle de la coalition RDF-M23-AFC appuyée par le Rwanda serait contrôlé par les troupes loyalistes après avoir récupérer d’autres villages comme Kaniro et Mushaki Centre.

Le territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. (Image d’illustration). © ALEXIS HUGUET / AFP

En attendant le retour de Donald Trump

Avec son slogan « American First –l’Amérique d’abord– », ont dit de l’imprévisible Donald Trump, élu 47^ème président des Etats-Unis peu enclin aux autres continents, l’Afrique en premier. Avec son retour aux affaires ce 20 janvier 2025 pour un nouveau mandat de quatre ans, on ne sait toujours pas de quoi serait fait le monde. Dans ce « come-back », il ne sera pas seul car floqué d’un compère aussi célèbre comme lui en la personne d’Elon Musk, un entrepreneur, chef d’entreprise, homme politique et milliardaire sud-africain (1971), canadien (1989) et américain (2002).

La propension et l’interventionnisme de Trump tout comme ceux de son ami Musk sont connus de tous. L’homme le plus riche du monde avec une fortune évaluée à plus 400 milliards de dollars, cofondateur et président-directeur général de la société astronautique SpaceX et directeur général de la société automobile Tesla, depuis octobre 2022 propriétaire de Twitter devenu X par un achat à 44 milliards de dollars n’a pas des limites non plus.

Renouer les contacts

Et quoi qu’on en fasse ou en dise, c’est dans cette perspective qu’une délégation congolaise a séjourné en décembre dernier à Washington, où elle a eu des multiples rencontres avec des responsables américains proches du nouveau président élu. Conduite Jacques Tshibanda Tshisekedi, frère du président et Coordinateur de la sécurité interne au sein des services personnels du Chef de l’Etat qu’accompagnait Serge Tshibangu, ancien Haut représentant limogé il y a quelques mois par Félix Tshisekedi.

Ils avaient pour mission de renouer le contact avec la future administration de Donald Trump. Aussi ont-ils rencontré J. Peter Pham, l’ex-envoyé spécial de Donald Trump pour les Grands Lacs, puis le Sahel, aujourd’hui reconverti dans le privé sous le mandat de Joe Biden. Probable successeur de Mary Catherine Phee, dite Molly Phee, à la tête du sous-secrétariat d’État aux affaires africaines, Peter Pham connait bien le dossier congolais.

Les Etats-Unis n’ont-ils pas tout intérêt à collaborer avec la RDC lorsque l’on sait par exemple que le futur des entreprises automobiles électriques comme Tesla ainsi que la transition énergétique mondiale sont en RDC, premier pays producteur mondial du cobalt et autres minerais critiques comme le coltant et l’or. La dernière rencontre entre Félix Tshisekedi et le président sortante américain Joe Biden  du mercredi 04 décembre 2024 à Lobito dans la province angolaise de Benguela pour une journée historique consacrée aux discussions sur le corridor de Lobito #LobitoCorridor #RDC #Angola faisant bien partie de cette stratégie. 

Malgré le peu d’intéressement des Etats-Unis pour les sujets liés à l’Afrique, la partie congolaise à Washington s’est employée à « mettre en exergue le rôle clé de la RDC dans la course à ces ressources précieuses, l’un des points déterminants de la rivalité avec Pékin ». Surtout lorsque l’on se souvient que la place clé de la RDC avait fait « l’objet d’une certaine attention lors du premier mandat de Donald Trump, entre 2016 et 2020, lorsque Washington avait soutenu en sous-main la renégociation des contrats miniers passés sous la présidence de Joseph Kabila (2001-2019) avec la Chine » comme le notait le journal online Africa Intelligence dans son édition du 05septembre 2022.

Certes que trois grands pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies avec droit de veto, en l’occurrence les Etats-Unis, la France et le Royaume Uni sont aujourd’hui les grands soutiens du Rwanda et ne l’ont jamais condamné publiquement dans sa guerre d’agression contre la RDC. Il était grand temps d’anticiper un activisme diplomatique par rapport à la rébellion du M23, un mouvement terroriste affidé à l’armée rwandaise qui tue et pille les ressources dans l’Est de la RDC depuis 30 ans déjà. Ce dont du reste « les représentants du Parti républicain jugent durement la gestion par la présidence Biden de ce conflit, notamment concernant le processus de Luanda, dont les résultats peinent encore à se concrétiser » à ce jour.

Du « bal des chauves » dénoncé en son temps par feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire sous le règne de Mobutu avec des opposants changeants à celui grand « des hypocrites » d’aujourd’hui, la RDC n’a qu’un seul devoir, le « droit de se défendre » contre les « Tartuffes » internes et externes, mais aussi contre la « fausse communauté internationale » qui a depuis très longtemps demissioné de son rôle en se lavant chaque fois les mains de ses responsabilités.

Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi