Devant le corps diplomatique accrédité à Kigali, Paul Kagame s’est lancé dans un monologue que lui seul pouvait comprendre. Il s’est défoulé sur le président Félix-Antoine Tshisekedi. Malheureusement sur un sujet qui lui colle à la peau de dictateur : les élections démocratiques. Les propos du président du Rwanda comportaient trois parties.
La première partie contre Félix Tshisekedi dont voici la teneur « Certaines personnes nous disent qu’elles veulent de la démocratie partout. Elles encouragent les élections. La personne qui cause des problèmes dans cette situation dont je parle, entre la RDC et le Rwanda, n’a jamais été élue deux fois, et vous le savez. Cet homme, Tshisekedi, n’a jamais été élu la première fois, pas du tout, et vous le savez. Donc, je ne vous dis rien de nouveau. La seule différence est que nous n’en parlons pas publiquement. Mais maintenant, j’en parle publiquement – c’est la seule différence. Vous le savez. La deuxième fois, rien ne s’est passé, et vous le savez. Alors, quelle valeur cherchez-vous à nous expliquer ? »
Paul Kagame a l’habitude des crises de colère quand il aborde des sujets sur lesquels il est médiocre tels que le dialogue entre Rwandais, la réconciliation Hutu-Tutsi, la démocratie, l’agression de la RDC et son soutien aux nombreuses rébellions sur le sol congolais.
Sur ces sujets délicats pour son régime, Paul Kagame donne libre cours à ses émotions. On ne s’attaque pas à un président élu dans une élection ouverte où les opposants ont eu droit au chapitre. Surtout quand on sait que chez soi, à travers une Constitution taillée sur mesure qui ressemble totalement à un Code pénal qu’à la Loi fondamentale, le score est toujours de 99,99 % de voix.
La colère de Paul Kagame est compréhensible à partir des résultats sur le terrain des affrontements militaires. Des images des Rwandais déchiquetés au front, la perte des localités mais surtout une guerre d’usure voulue la plus courte possible et, enfin, la prise en charge coûteuse des rebelles du M23.
Tout cela à cause de cet homme, Tshisekedi. Il y a de quoi en vouloir à son homologue et voisin Félix-Antoine Tshisekedi. Et pourtant, Paul Kagame qui avait « checké » Tshisekedi avait prévenu les rebelles de faire attention à un homme, Félix Tshisekedi, aussi imprévisible, le seul qui lui donne des sueurs froides.
Paul Kagame, telle la voix qui crie dans le désert et dont les échos lui reviennent et l’énervent, s’adressait à des diplomates qui s’ennuyaient pour un discours qui sonnait tout faux.
La deuxième partie contre les Occidentaux, donneurs de leçons de démocratie, et contre qui Paul Kagame garde toujours une haine : « Non, non. Vous voulez que les choses se passent d’une certaine manière. Peu importe ce que vous leur dites. Mais pendant que cela peut arriver, cela vous affecte le moins et moi le plus. Je ne peux pas me permettre de me comporter comme vous voulez que je me comporte face à ce problème ». Si monsieur le président de la République du Rwanda, vous pouvez changer le cours de l’histoire si vous ouvrez votre régime aux autres Rwandais, si vous instituer une commission « Vérité et Réconciliation » et une justice équitable qui n’a rien de gaçaça.
Enfin, la troisième partie, c’est Paul Kagame, homme comme nous, qui étale ses heurs et malheurs, sa souffrance intime qui passe inaperçue au regard de ceux qui le prennent pour un superman : « C’est une question de vie ou de mort pour moi et mon peuple, mais pour vous, c’est juste quelque chose dont vous parlez. Vous appelez et donnez des instructions pendant que vous jouez au football, au tennis ou au golf. C’est aussi simple que cela pour vous. Mais pour moi, même cligner des yeux au mauvais moment est une question de vie ou de mort. Donc, je dis simplement : s’il vous plaît, comprenez-nous aussi et comprenez les personnes avec qui vous avez affaire. Nous ne sommes plus les idiots d’il y a 50 ans ». Jamais le président du Rwanda, souverain absolu qui digère mal les injonctions et les critiques positives fussent-elles, ne s’est plaint à haute voix et sincèrement depuis qu’il dirige de main de fer le petit Rwanda.
Coincé dans l’application de la Feuille de route de Luanda et poussé à opérer un choix cornélien entre les FDLR et le M23, Paul Kagame se réfugie dans des diatribes sachant que signer Luanda, c’est lui retirer tout prétexte qui fait sa stratégie machiavélique.
Est-ce le début de la fin ? Difficile de le prédire. Une chose est pourtant certaine. Paul Kagame a trouvé sur sa route deux figures, deux voisins qui lui donnent des insomnies, le Burundais Évariste Ndayishimiye et le Rd-congolais Félix-Antoine Tshisekedi.
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Nicaise Kibel’Bel Oka
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