Le deuxième procès en appel des assaillants du matin de pentecôte 19 mai 2024 contre le domicile du président de l’Assemblée nationale en devenir Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi et le Palais de la Nation, siège de l’administration présidentielle est arrivé à sa fin. Le verdict final dans la lugubre « Affaire Christian Malanga » serait bientôt rendu devant la Cour d’ordre militaire siégeant en matière répressive de terrorisme dans la prison militaire de Ndolo, commune de Barumbu à Kinshasa.
Sur les 53 individus hagards qui comparaissaient en première instance dont 14 acquittés pour lesquels l’instruction avait démontré qu’ils n’avaient « aucun lien » avec l’affaire selon le tribunal et un prévenu du nom de Tikimo Gunuma Makulu ayant bénéficié de circonstances atténuantes et déclaré atteint de « troubles psychologiques », 37 autres prévenus condamnés avaient interjeté appel.
Au départ, ils avaient été tous poursuivis pour tentative de déstabilisation du régime au travers d’un présumé coup d’Etat raté, ils sont également accusés « d’attentat, terrorisme, détention illégale d’armes et munitions de guerre, tentative d’assassinat, association des malfaiteurs, meurtre et financement du terrorisme ».
Le cerveau moteur présumé de ce coup fourré en compagnie des illuminés pieds nickelés qui n’avait aucune chance de réussir, Christian Malanga Musumari ayant été neutralisé pour ne pas dire tué dans des conditions qui restent à élucider, quelques autres individus étant tombés devant le domicile attaqué de Vital Kamerhe et sur place au Palais de la Nation. Outre les quelques étrangers et des congolais interpellés, la question qui demeure est celle de savoir si Malanga aurait-il eu d’autres complicités externes et internes pour monter son coup raté ?
Car dans son impossible aventure congolaise sans lendemain, outre les accusés pour la plupart Congolais autochtones, mais aussi comprenant un naturalisé Belge, un naturalisé Canadien et un naturalisé Britannique ; Christian Malanga avait entrainé son propre fils Marcel Malanga (21 ans), né de son ex-compagne Brittney Sawyer à Salt Lake City dans l’Etat américain de l’Utah dont il est originaire. Mais aussi Tyler Thompson Jr. (21 ans) ami d’école et d’enfance de Marcel qui était venu en Afrique avec le jeune Malanga pour ce que sa famille croyait être des vacances, et Benjamin Reuben Zalman-Polun (36 ans), qui aurait connu Christian Malanga par l’intermédiaire d’une société minière d’or ; tous trois citoyens de nationalité américaine.
Devant la Cour militaire, Marcel Malanga, dans un lingala « approximatif » appris durant son incarcération à la prison militaire de Ndolo a commencé par déclarer ses « origines congolaises » [qu’il ne renie pas NDLR] avant de poursuivre en anglais, sa langue maternelle : « Je suis originaire de Bandundu, mais je veux regagner les États-Unis. Je dois organiser les obsèques de mon père pour qu’il repose en paix avant de reprendre ma vie là-bas », a-t-il déclaré, appuyé par ses avocats.
Pour sa part, Benjamin Reuben Zalman-Polun a rejeté toute implication dans le complot : « Ma relation avec Christian Malanga était purement professionnelle. Je n’ai jamais participé à un crime ni eu connaissance de cette tentative de coup d’État. J’ai tout perdu : mes entreprises, ma famille. Je demande à la Cour de m’acquitter », a-t-il plaidé.
C’est dans ce contexte que sur des réseaux sociaux depuis les Etats-Unis, sa maman, Brittney Sawyer ; a publié une vidéo dans laquelle elle supplie le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi de « pardonner » son fils en lui rendant sa liberté pour qu’il rentre aux Etats-Unis d’Amériques. Pour elle, Marcel est un « innocent » qui n’a fait que suivre simplement son père qui se considérait comme président d’un gouvernement en exil.
Faut-il ici le dire que l’Amérique n’abandonne jamais ses citoyens arrêtés ou enlevés à l’étranger. L’administration comme le gouvernement ayant changé à Washington avec l’avènement de Donald J. Trump depuis le 20 janvier 2025, il y a lieu de se demander si des « pressions » diplomatiques ne seront pas faites sur le gouvernement congolais. L’ancien porte-parole du Département d’État américain Matthew Miller sous Biden ayant assuré à l’époque que « l’ambassade des États-Unis en RDC, qui a assisté au procès, continuera à suivre la situation » pour peut-être négocier leur retour au pays de l’oncle Sam.
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Le cas des binationaux naturalisés
Mais aussi des binationaux naturalisés belge Jean-Jacques Wondo Omanyundu et canadien Nkiele Mbuela Ruphin. Le premier, Expert en Sécurité et Défense sorti de l’Ecole Royale Militaire belge de Bruxelles a déclaré devant « Dieu et la nation » son innocence : « Je n’ai jamais été impliqué dans ces actes que je condamne. Je pardonne à ceux qui sont derrière cette cabale politique contre moi », a-t-il affirmé. Le deuxième ayant insisté sur son innocence et son absence de lien avec le groupe incriminé : « Je ne connais pas Christian Malanga ni son organisation. Mon séjour en RDC était uniquement motivé par des affaires. Libérez-moi pour que je reprenne mes activités », a-t-il demandé.
Si le cas Jean-Jacques Wondo étonne comme il demeurera énigmatique, avait-il calculé les risques qu’il prenait de rentrer au Congo et de travailler pour les services des renseignements ? S’il lui était reproché une certaine proximité d’avec Christian Malanga considéré comme le chef présumé des auteurs de la tentative de déstabilisation du pouvoir de Kinshasa avec le coup d’État manqué et qu’il aurait rencontré à plusieurs reprises à Bruxelles en Belgique ; rien d’autre n’a pourtant été prouvé formellement contre lui par la justice militaire.
Jadis un proche de Félix Tshisekedi alors dans l’opposition à Bruxelles, Wondo ; frère aîné de feu Serge Welo de l’Ecidé de Martin Fayulu avait finalement rejoint Moïse Katumbi et son parti Ensemble dont il était devenu « Conseiller » avant que leurs routes ne se séparent avant les présidentielles de décembre 2023. Devenu collaborateur depuis février 2023 à l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) en qualité de « Conseiller spécial chargé des réformes » sur demande de son administrateur, le colonel à la retraite Daniel Lusadisu ; il avait pour mission de participer à la reforme de services avec comme tâche principale « humaniser et professionnaliser » l’ANR.
Selon des sources et malgré les divergences politiques et idéologiques apparues entre Wondo et Tshisekedi, l’approbation de ce dernier avait été accordée alors que le premier était devenu un critique acerbe du pouvoir en place qu’il ne manquait pas d’égratigner à chacune de ses sorties depuis Bruxelles. Outre Wondo en personnes, d’autres agents de l’ANR avaient également été appréhendés et l’ancien n°1 de ce service, le colonel à la retraite Daniel Lusadisu limogé depuis lors et remplacé par Justin Inzun Kakiak qui retrouve ce poste qu’il avait déjà occupé de mars 2019 à décembre 2021, avant de devenir ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la RDC au Congo-Brazzaville
Lusadisu et Wondo se sont connus après leur passage respectif à l’Ecole Royale Militaire de Bruxelles où ils avaient été envoyés par les Forces Armées Zaïroises (FAZ) sous le régime Mobutu. Replaçant Jean-Hervé Mbelu Biosha réputé conflictuel, Daniel Lusadisu ; sexagénaire proche du Chef de l’Etat, cardiologue fut un ancien du corps de santé militaire sous le maréchal Mobutu. Il devrait selon son ami Jean-Jacques Wondo « humaniser et professionnaliser » l’ANR. Sa famille vivant dans la banlieue bruxelloise d’Alost comme certains de ses proches multiplient les interventions pour obtenir son élargissement en mettant en avant sa nationalité belge et le présentant comme une victime de la guerre de « clans » entre les services congolais.
Une autre source fin connaisseur du Congo comme de Wondo sous anonymat explique son parcours jusqu’à son arrestation : « Jean-Jacques est un condisciple de Lusadisu à l’Ecole Royale Militaire où les deux ont été envoyé en formation. Quand Lusadisu devient chef de l’ANR, il demande à Jean-Jacques de venir l’aider comme consultant sur des réformes à faire à l’ANR. Avant de venir, Jean-Jacques a contacté le président qui l’a assuré de son appui car les deux se connaissent bien. Donc il avait des assurances de ce côté-là et il a été loyal en convainquant même l’ambassade belge de publier un communiqué félicitant et soutenant le président de son élection en décembre 2023. Parmi autres choses ».
Cette source poursuit : « Mais il prenait trop d’importance et ses analyses qu’il envoyait à l’ANR et je crois aussi au Président pointaient aussi du doigt des actions mal exécutées ou des décisions erronées du point de vue de la sécurité du pays. Cela n’a pas plu à tout le monde. En plus, des membres des services civiles et militaires pensaient qu’il pouvait être nommé à un poste d’importance qu’eux-mêmes convoitaient. Alors l’affaire Malanga fut l’occasion pour le descendre, et Jean-Jacques, et Lusadisu. Ce dernier est aujourd’hui en Belgique mais Jean-Jacques toujours à Ndolo. Je me demande ce que cela apporte au pays ! Son dossier est totalement vide, aucun argument de l’accusation ne tient debout et même les « experts » en cybersécurité ont reconnu qu’ils ont reçu des ordres sur ce qu’ils devaient écrire. Je crois et c’est mon hypothèse, que des jaloux au sein des services ont convaincu le président que la libération de Jean-Jacques représente un risque de sécurité pour le pays à cause de ce qu’il sait après avoir travaillé à l’ANR ».
Notre source anonyme conclut : « Sur le fond, j’ai beaucoup de mal à m’imaginer que Jean-Jacques connait des grands secrets qui ne sont pas déjà connus -on sait combien il est difficile de garder un secret en RDC-. Et Jean-Jacques n’étaient pas si haut placé qu’il pouvait avoir accès à des grands secrets d’Etat. En plus, Jean-Jacques a toujours travaillé pour la RDC et est resté loyal mais objectif et sans parti pris. Si on pense réellement qu’il travaille pour les services belges alors il n’aurait pas fallu l’engager et le Président ou son Conseiller spécial aurait dû refuser cette nomination dès le début. En ce moment ce dossier est nocif pour la diplomatie congolaise et ne leur apporte rien, au contraire. En plus il a des problèmes de cœur et de diabète. Laisser mourir un citoyen belge en prison serait très mal pris. La justice congolaise se dévalorise en continuant à faire un procès qui foule aux pieds les règles élémentaires de l’investigation sérieuse des preuves ».
Toujours selon la même source anonyme, « Certes Wondo avait déjà quitté Katumbi et avant de se rendre au Congo où il s’était assuré de l’accord du Président. Mais il est aussi vrai qu’il avait mal évalué les risques et qu’il avait trop compté sur le soutien de Lusadisu…. Sa détention me semble vraiment nocif pour le régime. De ce qu’on m’a dit, on a voulu le descendre au niveau des services …est-ce que Tshisekedi jouerait tellement un double jeu en l’autorisant de travailler en RDC avec l’intention de se venger ? Là demeure la question ».
Pour rappel, Jean-Jacques Wondo avait été trop dure avec Félix Tshisekedi lors de l’interpellation de son jeune frère feu Serge Welo Omanyundu qui était proche de Fayulu. Wondo avait nommément cité Tshisekedi que « si quelque chose arrivait à son frère, il en endosserait la pleine responsabilité ». Finalement libéré, Welo mourra à Brazzaville le 5 novembre 2023 alors qu’il était candidat député national sur la liste Ecidé dans la ville de Kinshasa.
Revenu enterré son frère, rien n’avait été fait contre Wondo pourtant. La politique étant un monde de rancune, on ne l’a pas appâté avec ce poste pour lui faire payer sa fronde contre le chef ? C’était absolument suicidaire de sa part comme décision même avec les garanties de son condisciple Lusadisu qui se retrouve aujourd’hui en Belgique et lui en prison à Kinshasa.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi et CIKUYI TUBABELA pour afriwave.com
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