C’est depuis le jeudi 23 janvier 2025 que les combats s’intensifient entre les forces loyalistes des FARDC et Wazalendo contre l’armée rwandaise de la RDF et ses supplétifs du M23 aux environs de Saké, non loin de la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu et sur plusieurs autres fronts notamment à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, dans le groupement de Kibumba.
L’escalade militaire comme celle verbale ont pris de l’ampleur depuis l’impasse diplomatique avec l’échec de la réunion du 15 décembre 2024 à Luanda entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame dans le cadre de la médiation angolaise conduite par João Lourenço pour mettre fin à la violence. Annulant sa venue en dernière minute, Kagame reprochait à Kinshasa son refus de négocier directement avec le M23, Félix Tshisekedi considérant cette demande comme étant une « ligne rouge » à ne pas franchir tout en reprochant aussi au Rwanda d’avoir délibérément bloqué le processus de paix.
C’est dans ce contexte difficile avec l’intensification des combats dans divers endroits que sur terrain, l’armée congolaise reconnaissait le 21 janvier 2025 « une percée » des rebelles soutenus par l’armée rwandaise avec pour objectif d’isoler Goma. Dans la foulée, des rumeurs persistants annoncent que le Général Major Peter Chirimwami Nkuba, gouverneur militaire de la province du Nord Kivu serait mort le 23 janvier 2025. Plusieurs sources, à la fois sécuritaires, l’Agence France Presse (AFP) y compris dans l’entourage du Président de la République Félix Tshisekedi en faisant allusion pendant que la force régionale de la SADC évoquait une blessure ayant nécessité et un rapatriement à Kinshasa. Jusqu’à ces heures, aucune communication officielle n’est venue le confirmer.
La dernière fois que Peter Chirimwami Nkuba avait été vue vivant sans aucune protection spéciale comme en temps de guerre, [notre photo d’illustration] c’est le jeudi 23 janvier 2025 sur la ligne de front proche de Mubambiro pour rassurer la population et remonter le moral des troupes engagées sur le terrain. En fonction depuis septembre 2023 comme gouverneur militaire et selon plusieurs rapports du groupe d’expert des Nations unies, il avait entre autres comme rôle de coordonner les groupes armés locaux, les patriotes Wazalendo ; qui opèrent en soutien aux FARDC.
En cet endroit se trouvent plusieurs bases militaires, notamment celles de la mission de la SADC et de la Monusco, dont les contingents indiens, uruguayens et guatémaltèques participaient aux opérations. La force militaire régionale (SAMIDRC) de la SADC, sous commandement sud-africain, est composée de 2 900 soldats sud-africains et dispose d’une base dans la ville de Saké. Deux soldats sud-africains avaient été tués lors d’une précédente attaque du M23 en juin 2024 contre cette base.
Ayant écourté sa présence à Davos en Suisse au Forum Economique Mondial où il était arrivé le 20 janvier2025, Félix Tshisekedi est rentré à Kinshasa pour tenter d’organiser la riposte. Ainsi a-t-il réuni ce vendredi 24 janvier 2025 un Conseil supérieur de la défense et animer la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. La veille déjà et tard dans la nuit, il avait reçu à la Cité de l’Union africaine, la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, ainsi que les ministres de l’Intérieur Jacquemin Shabani et de la Défense Guy Kabombo Muadiamvita. Ce dernier devant se rendre d’urgence sur terrain à Goma dans les heures qui suivent.
Dans l’entretemps, Kinshasa a réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU dans une session publique en raison de l’aggravation de la situation dans le Nord-Kivu. Dans un communiqué, Thérèse Kayikwamba Wagner, la cheffe de la diplomatie congolaise, souligne également « que cette crise à l’Est est avant tout le fruit de l’inaction décisive du Conseil, malgré l’internationalisation du conflit et les preuves claires de la présence rwandaise sur le sol congolais ».
Nous y reviendront.
Thaddée Luaba Wa Mabungi pour afriwave.com