Face au carnage civil perpétré le 27 janvier 2025 avec la prise de la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu par la Rwanda Defence Force (RDF), l’armée rwandaise et ses supplétifs rebelles terroristes de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa Yobeluo associé au M23 de Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa ; un sommet entre la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de Développement d’Afrique Australe (SADC) a été convoqué d’urgence en Tanzanie pour le vendredi 07 février 2025.
Si les présences du Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi et le rwandais Paul Kagame y sont annoncées et que le but avoué est de trouver un apaisement entre la RDC et son belliqueux voisin le Rwanda, la majorité anglophone des pays membres de l’EAC semble cacher un « diable » dans le détail à savoir : vouloir pousser le Président congolais Tshisekedi dans une négociation directe avec les rebelles terroristes de la coalition AFC-M23 d’un côté. Et de l’autre, simplement de sauver la peau pour ne pas dire sauver la tête de Kagame aujourd’hui en mauvaise posture après la mort de deux casques bleus de l’ONU (Monusco) comme des 13 militaires sud-africains et deux malawites de la SADC sur le théâtre de Goma.
Alors que l’EAC n’a jamais condamné le Rwanda pour son invasion de l’Est de la RDC et pendant que la pression internationale devient de plus en plus constante, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait eu le courage politique de carrément pointé le Rwanda après l’intensification des combats à Goma qui sont « le résultat d’une escalade de la violence entre le groupe rebelle M23 et les milices des Forces de défense rwandaises (RDF) qui ont attaqué les Forces armées de la RDC (FARDC) et les Casques bleus de la Mission de la SADC en République démocratique du Congo (SAMIDRC) ».
Des fâcheux antécédents
Le Président Tshisekedi devrait se méfier de cet empressement des anglophones de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est et de leur sommet de la Tanzanie où il ne doit pas se rendre. A l’heure des nouvelles technologies de l’Information et de la Communication, il peut bien assister à ce sommet tout en étant confortablement et sécuritairement assis dans ses bureaux de la Cité de l’Union Africaine ou du Palais de la Nation dans Kinshasa.
De toute la grande « communauté internationale aphone et hypocrite », qui ne se souvient pas qu’en pleines négociations de paix avec le Front Patriotique Rwandais (FPR), la rébellion tutsie au pouvoir depuis 30 ans, c’est Paul Kagame qui déclencha le feu à l’origine de la tragédie qui détruit la partie Est de la RDC aujourd’hui. S’érigeant en défenseur existentiel de son ethnie tutsi qu’il prétend protéger, c’est lui Paul Kagame qui est à la base de la folle décision d’abattre l’avion présidentiel revenant d’Arusha en Tanzanie le 06 avril 1994.
Cet attentat perpétré au-dessus de l’aéroport de Kigali par le tir d’un missile contre le Falcon 50 présidentiel qui transporte les deux Chefs d’État, de Juvénal Habyarimana, président du Rwanda, et de Cyprien Ntaryamira, président nouvellement élu du Burundi et tous deux Hutus ; entraina leur mort ainsi que des dix autres occupants de l’appareil. Un événement à la base du coup d’État du FPR de Kagame qui déclencha le massacre des partisans des Accords d’Arusha, des milices extrémistes hutu se livrant à des représailles sanglantes, exterminant près de 800 milles Tutsi et de Hutu modérés aujourd’hui érigé seulement en génocide des Tutsis.
L’une des premières des victimes ne fut autre que la Première ministre du pays, Agathe Uwilingiyimana, une Tutsi. Les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) prendront à leur tour l’initiative, poussant des Hutus à se réfugier dans des pays voisins, principalement en RDC qui en paie de son hospitalité depuis 30 ans déjà. L’envergure du carnage amènera les occidentaux à déployer davantage de troupes qui incitera également l’Organisation des Nations unies (ONU) à mettre sur pied un Tribunal pénal international à Arusha, en Tanzanie.
Un « cessez-le-feu unilatéral » mensonger
Après son attaque suivie de l’occupation de la ville de Goma, Chef-lieu de la province du Nord-Kivu, l’armée rwandaise de la RDF par ses affidés de l’AFC-M23 décrétait un « cessez-le-feu » unilatéral pour des raisons dites « humanitaire » censé être en vigueur depuis mardi. Utilisant sa technique de leurre de « talk and fight =parler et attaquer », les rebelles terroristes n’ont-ils pas lancé une nouvelle offensive depuis l’aube de ce mercredi 05 février 2025 dans l’Est du pays. Des troupes rwandaises ayant traversé nuitamment la grande barrière de Goma pour attaquer la Cité de Nyabibwe dans le territoire de Kalehe en province du Sud-Kivu où « elles font face actuellement à une réponse des FARDC plus que déterminées à défendre la patrie » selon Patrick Muyaya, le porte-parole du gouvernement congolais. Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves conclus entre le Rwanda via ses affidés n’ont jamais été respectés dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans.
Les renforts des rebelles terroristes en provenance du Rwanda entrant dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu occupée par l'armée rwandaise de la RDF. pic.twitter.com/v89wvXw8W8
— Roger DIKU (@DKapotho) February 5, 2025
La question qui demeure reste celle de savoir le pourquoi même de la participation de la RDC au sommet convoqué en Tanzanie avec la présence de son Chef de l’Etat qui peut s’avérer une idée plus que dangereuse. La seule qui préoccupe maintenant devrait être la revendication de la souveraineté nationale et soutenir par tous les moyens les FARDC et les patriotes Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), les Wazalendo.
Mais aussi programmer le « retrait immédiat et inconditionnel de la RDC de l’EAC » comme les pays du Sahel l’ont de la CEDEAO. Annoncer clairement la rupture définitive des relations diplomatiques avec le Rwanda avec la fermeture de toutes les frontières terrestres quoi qu’il en advienne, et aussi réévaluer la coopération bilatérale avec certains pays occidentaux comme la Belgique, la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ainsi que l’Union européenne avec la possibilité de rupture.
Le Président de la République Félix Tshisekedi devrait donc se méfier de ce sommet rendez-vous piège de Tanzanie pour ne pas s’y rendre. Ne dit-on pas qu’un homme avertit en vaut toujours deux dit-on !
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com