De revers en revers, l’horizon du Rwanda s’assombri jour après jour. Alors que des sanctions commencent à tomber par des américains d’abord et d’autres sont en cours, les convocations des ambassadeurs se multiplient chez les européens comme à Berlin et Londres. Et pour cause, l’aventure militaire du Rwanda en RDC par son soutien avéré aux affidés supplétifs de son armée dits AFC/M23. Kigali continue ainsi d’accumuler des tuiles malgré son « pouvoir de convaincre » tant vanté à l’internationale dit le « soft power ».
Dans le bras de fer qui l’opposait aux Pays-Bas, Paul Kagame a fini par se resigner en nommant un nouvel ambassadeur du Rwanda au Royaume des Bataves. C’est l’ancien sénateur Dushimimana Lambert qui a été choisi en remplacement d’Alfred Gasana, ancien ministre de l’Intérieur retoqué, Kigali encaissant ainsi le refus d’accréditation de son premier ambassadeur désigné aux Pays-Bas.
La nomination de l’ancien chef de la sécurité intérieure du pays avait suscité une sérieuse inquiétude au sein de la diaspora rwandaise aux Pays-Bas et dans les pays voisins, particulièrement la Belgique. Les opposants affirmant que sa mission incluait entre autres de « cibler » et éventuellement de « nuire » aux personnes impliquées dans le projet de révélation par des journalistes d’investigation sur le comportement oppressif du régime du président Kagame.
Nommé en juin 2024, Gasana avait vu son accréditation officielle refusée après un profond examen de son dossier en rapport avec ses antécédents d’actes de répression et d’actions extrajudiciaires considérés comme une menace sérieuse pour les voix critiques contre le régime de Kigali en Europe.
Un précédent Karega en Belgique
La saga Alfred Gasana ressemble à s’y méprendre à celle de son compatriote Vincent Karega, ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur en Afrique du Sud et en RDC. Plus d’un an depuis sa nomination comme nouvel ambassadeur à Bruxelles, il n’avait toujours pas reçu son accréditation officielle ; ce qui avait provoqué une colère verte de Kagame et des représailles contre l’Union européenne en refusant à son tour l’accréditation de l’ambassadeur désigné à Kigali, le libéral belge Bernard Quintin.
Pourtant, c’est la même Union européenne sous l’incitation de la France qui lui accordera 20 millions d’Euros pour soutenir ses troupes militaires déployées au Mozambique en protection des puits de pétrole et de gaz de l’entreprise française Total Énergie. Après les violences post-électorales, les troupes rwandaise sont-elles aujourd’hui honnies par la population locale qui ne demande que leur retrait.
Pourquoi alors la diplomatie belge avait-t-elle refusé d’accréditer Vincent Karega comme nouvel ambassadeur du Rwanda, en Belgique ? La réponse se trouve quelques années en arrière. Karega avait été, entre 2011 et 2019, ambassadeur en Afrique du Sud. Durant sa mission et sa présence dans ce pays, trois hommes (deux Belges dont un d’origine rwandaise et un dissident rwandais) avaient perdu la vie dans des conditions jugées suspectes.
Désigné par son gouvernement pour remplacer Dieudonné Sebashongore et nommé ambassadeur en juillet 2020 à la tête de ce qui est le plus important service diplomatique du Rwanda sur le continent européen, Vincent Karega n’aura jamais occupé son nouveau poste malgré sa présence à Bruxelles et alors qu’il venait d’être déclaré persona non grata et expulser de Kinshasa le 30 octobre de la même année au plus fort des tensions entre la RDC et le Rwanda.
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Le fait le plus grave lors du mandat de Vincent Karega en Afrique du Sud fut notamment l’assassinat du général rwandais Patrick Karegeya, ancien chef des services secrets rwandais dont le corps avait été retrouvé le 02 janvier 2014 dans l’hôtel « Michelangelo » à Johannesburg.
Tutsi né dans le camp de réfugiés rwandais à Mbarara en Ouganda en 1960 et jadis très proche de Kagame, cet officier était devenu son poil à gratter comme son farouche opposant. Des indiscrétions racontent qu’il avait été éliminé justement parce qu’il détenait beaucoup de secrets sur les nombreux crimes de guerre et crime contre l’humanité commis par Paul Kagame. Parmi ces crimes figurait la planification par Kagame du génocide rwandais de 1994 dont Karegeya s’apprêtait à livrer les preuves accablantes à la justice française.
Mais aussi et surtout de la tentative d’assassinat contre un autre général tutsi rwandais Kayumba Nyamwasa le 19 juin 2010 qui l’avait échappé de belle en pleine coupe du monde toujours en Afrique du Sud.
Natif du Congo à Walikale, dans la province du Nord-Kivu où il a vu le jour, Vincent Karega autrefois connu comme « Zaïrois » ne serait officiellement redevenu rwandais qu’en 1995 ; un an après la prise par la force du pouvoir à Kigali de Kagame et son Front Patriotique Rwandais (FPR) au lendemain du 04 avril 1994. Son passage comme ambassadeur en RDC avait aussi été controversé, il fut à maintes reprise accusé de nier le rôle du Rwanda dans les massacres de civils dans l’Est du Congo en 1998.
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