Le Kenya, un des pays influents de La Communauté d’Afrique de l’Est (en anglais East African Community, EAC) serait-il entrain de devenir un « Etat voyou » ? C’est le moins que l’on puisse se demander vue la gestion des relations avec et entre les Etats de son actuel chef de l’Etat William Ruto.
Tenez, Les autorités soudanaises, installées à Port-Soudan depuis le début de la guerre civile ; ont rappelé leur ambassadeur au Kenya comme l’a annoncé le ministère des Affaires étrangères hier, jeudi 20 février, à l’agence de presse Suna. La colère du gouvernement soudanais intervient après la tenue cette semaine, à Nairobi, de réunions préparatoires en vue de créer un gouvernement parallèle.
Un projet, à l’initiative du général Hemedti, commandant des Forces de soutien rapide (FSR) en guerre contre l’armée soudanaise. Le ministère des Affaires étrangères soudanais dénonce un « nouvel acte hostile du Kenya «. Pour le ministère soudanais des Affaires étrangères soudanais, c’est un « nouvel acte hostile du Kenya » après que William Ruto avait reçu en grandes pompes le général Hemedti à Nairobi en 2024. Le Kenya « encourage la conspiration en visant à établir un gouvernement pour une milice génocidaire. Nairobi est ainsi devenue l’un des principaux centres d’activités politiques, financières et logistiques de la milice », poursuit le communiqué.
Le ministère des Affaires étrangères kényan se défendant que ces réunions de travail de représentants soudanais sur son territoire s’insèrent dans une démarche de médiation, un argument qui a du mal à convaincre, tant sur la scène nationale qu’internationale jusqu’à l’ONU où le porte-parole du secrétaire général de l’ONU a mis en garde contre cette démarche qui, selon lui, renforcerait la « fragmentation du pays ».
Un précédent avec le congolais Corneille Nangaa Yobeluo
L’événement du 18 février 2025 avec les rebelles soudanais a des airs de déjà-vu. En décembre 2023, c’est en effet aussi à Nairobi qu’est née l’Alliance fleuve Congo (AFC), la prétendue la branche politique du M23 ce groupe rebelle terroriste armé aujourd’hui en pleine offensive dans l’Est de la RDC.
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Sous sanctions américaines lorsqu’il fut président de de la Commission Electorale nationale Indépendante (Céni), Corneille Nangaa et d’autres individus politiques congolais s’étaient vus reprochés leur implication significative dans des affaires de « corruption, d’enrichissement personnel et le fait de saper le processus démocratique ».
Dans son communiqué, le Département d’Etat annonçait que ces personnes et leurs familles sont désormais interdits d’entrée sur le territoire des Etats-Unis : « Ces individus se sont enrichis personnellement par la corruption ou en supervisant des violences contre des personnes exerçant leur liberté d’expression et leur droit à se rassembler pacifiquement ».
Un Etat « voyou » en perspective ?
« Aujourd’hui, nous accueillons des seigneurs de guerre. Nous faisons la Une des journaux pour avoir découvert une nouvelle façon d’embarrasser la Nation », écrivait sur X, l’ancien vice-président kényan Rigathi Gachagua qui a eu maille avec Ruto avant d’être destitué. De son côté, l’avocat et militant pour une bonne gouvernance, Willis Evans Otieno rappelait que le « Kenya ne peut se permettre de devenir un terrain fertile pour les insurrections étrangères ».
« Nairobi est non seulement devenu le refuge des persona non grata, mais aussi la capitale de l’oppression transnationale », soulignait Martin Mavenjina, de la Commission kényane des droits de l’homme. Qui ne se souvient pas que depuis plusieurs années, les enlèvements d’opposants politiques étrangers se multiplient.
En novembre 2024, l’Ougandais Kizza Besigye n’a-t-il pas été kidnappé à Nairobi, avant de réapparaître quelques jours plus tard devant une Cour martiale de son pays. « Le Kenya ne respecte plus aucune loi internationale », se désespère Otsieno Namwaya de Human Rights Watch (HRW), qui s’interroge sur le devenir du pays sur la scène internationale.
Aujourd’hui embourgeoisé comme on le sait dans une gestion opaque du pays autour de sa famille avec son épouse et leur fille, l’ancien vice-président de Uhuru Kenyatta s’est trouvé un nouvel ami dans sa croisade de déstabilisation de l’Afrique en la personne du rwandais Paul Kagame. C’est ainsi qu’il a tout fait pour mettre les bâtons dans les roues de son prédécesseur qui pilotait le « processus de Nairobi », ces discussions pour réinstaurer la paix entre le gouvernement congolais et plusieurs groupes armés du pays ; le M23 s’étant autoexclu avec son agenda caché dirigé par le Rwanda avec les conséquences que l’on connait aujourd’hui.
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Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com