Après la Belgique avec laquelle Kigali s’est embrouillée concernant la coopération bilatérale, c’est autour du Royaume-Uni de prendre du moins ses distances dans son idylle avec le Rwanda en rapport avec la situation dans l’Est de la RD Congo, une décision jugée « regrettable » par les autorités rwandaises sur les « mesures du Royaume-Uni » contre leur pays.
Les six mesures prises mardi 25 février 2025 avec les suspensions dans plusieurs domaines comme l’aide financière bilatérale directe au gouvernement rwandais, les formations militaires ou encore les activités de promotion commerciale avec le Rwanda ont fissuré le plafond de verre dans l’idylle entre Kigali et Londres. Et comme première réaction, le Rwanda n’a pas tardé en parlant d’une décision « regrettable et irraisonnable » et des « mesures punitives », accusant au passage Londres qui a « clairement choisi son camp ».
Dans une diplomatie de la culpabilisation et surtout l’externalisation forcée des responsabilités du génocide dont le FPR devrait endosser une large part, Olivier Nduhungirehe tente de justifier maladroitement la position inexplicable du régime Kagame.
Pourtant, le ministre travailliste des Affaires étrangères, David Lammy ; avait fin janvier 2025 averti Kigali que « les accords qui lient les deux pays pourraient être réexaminés ». Une menace donc mise à exécution après ses visites à Kinshasa et à Kigali, les 21 et 22 février, lors desquels il avait insisté qu’il ne « pouvait y avoir de solution militaire à cette guerre et que les processus de paix en cours sont les seules voies de sorties envisageables ».
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Alors serait-ce la fin de l’idylle entre Londres et Kigali ? On ne sait l’affirmer car jusqu’à juillet 2024 dernier, le Rwanda et le Royaume-Uni entretenaient de très bonnes relations. Les deux pays ayant même conclu un accord, qui prévoyait l’envoi de migrants en situation irrégulière sur le sol britannique vers le Rwanda. Mais c’était sans compter avec l’avènement du nouveau gouvernement travailliste qui a suspendu ledit accord adopté en avril 2024 et pour lequel le précédent gouvernement Conservateur avait déjà déboursé 280 millions d’euros que Kigali refuse aujourd’hui de rembourser.
Le nouveau Premier ministre britannique Keir Starmer confirmait le 6 juillet 2024 qu’il n’était « pas prêt » à poursuivre le projet controversé du précédent gouvernement conservateur lancé en 2022 avec l’objectif d’expulser des migrants irréguliers ou demandeurs d’asile au Rwanda. Ce projet « était mort et enterré avant même de commencer. Il n’a jamais été dissuasif […], je ne suis pas prêt à continuer avec des mesures gadget. Il n’y a jamais eu d’effet dissuasif, c’était peut-être même l’inverse. Tout le monde a compris, notamment les réseaux mafieux, que les chances d’aller réellement au Rwanda étaient si mince, moins d’1 %, que cela n’a jamais été dissuasif… » affirmait-il.
Le précédent Parlement britannique avait adopté une loi permettant ces expulsions, après un précédent texte retoqué par la Cour suprême du pays fin 2023 qui prévoyait d’envoyer des migrants au Rwanda, sans possibilité de revenir au Royaume-Uni en vue de dissuader et de stopper l’immigration illégale. Et pour cela, « Le gouvernement britannique a tout de même dépensé des centaines de millions de livres. Cela a servi à construire des infrastructures d’accueil. Aux dernières nouvelles, puisqu’il n’y avait pas de migrants envoyés au Rwanda, ces logements ont été occupés par des Rwandais » comme le rappelait François Gaulme, chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Institut Français des Relations Internationales (Ifri).
Ce projet controversé, très critiqué notamment par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et par des organisations de défense des droits humains l’était également pour son coût. Plus de deux ans après la première signature de l’accord, en avril 2022, le Royaume-Uni avait déjà versé près de 300 millions d’euros au Rwanda pour préparer l’accueil de ces migrants dans le pays. Un paiement que Kigali n’avait aucune obligation de rembourser comme il refuse aujourd’hui.
Toutes choses restant égales par ailleurs, le « soft power » de Kigali sur son « fonds de commerce de génocide » lié à la tragédie de 1994 est entrain de se fissurer. Le monde entier a compris que le Rwanda ne peut lier indéfiniment la question de sa sécurité intérieure à l’occupation d’une partie de la RDC, l’objectif réel étant le pillage des ressources naturelles sur les massacres des populations autochtones.
Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com
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