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Accord Kabila-Tshisekedi : La Vérité entre Ombres et Rumeurs [OPINION]

Sept ans depuis le changement de pouvoir à Kinshasa, tout le monde en parle mais personne n’en a jamais vue ni la couleur du papier, encore moins une copie du fameux « accord » entre Félix Tshisekedi, l’actuel président de la République, et son prédécesseur Joseph Kabila, juste avant la publication des résultats du scrutin présidentiel de décembre 2018.

La seule chose certaine depuis cette époque jusqu’à ce jour reste que le 24 janvier 2019, il y a eu une passation pacifique de pouvoir sans effusion de sang entre un président entrant et un autre sortant après 22 ans de régime partagés entre les 18 de règne de terreur de Joseph Kabila, mais aussi des quatre ans de l’épopée du 17 mai 1997 de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de triste mémoire avec à sa tête Laurent-Désiré Kabila poussé par l’Ouganda et le Rwanda avant que ces deux pays ne conspirent dans son assassinat le 16 janvier 2001.

Dans les coulisses politiques d’un pays où la corruption d’une classe politique comme les trahisons sont endémiques, un récit persistant a longtemps circulé : celui d’un accord « frauduleux » pour les uns, un accord « secret » pour les autres entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, scellé devant des témoins qui aurait orchestré une transition politique calculée. Chose bizarre jusqu’à ce jour, c’est une « chappe de plomb » qui persiste malgré l’apparition sur les réseaux sociaux d’un faux document présumé être une copie du fameux « deal » au titre évocateur « Accord pour la stabilité de la République démocratique du Congo ».

La confusion est encore devenue trop grande lorsque Corneille Nangaa Yobeluo, ancien président de la Commission Electorale nationale Indépendante (Céni), devenu président d’un parti politique et autoproclamé candidat à la présidentielle du 20 décembre 2023 affirmait lui-même en être le co-auteur tout en menaçant de le révéler. Pourtant, il n’en a jamais donné pas plus de précision sur son contenu, un accord disait-il, « pour la stabilité du pays », « qui a permis la première passation du pouvoir en RDC, sans effusion de sang » et qui a été certifié par trois chefs d’Etat africains. Et selon certains médias, il s’agirait de l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Kenya ; sans que ces pays ne confirme ni n’infirme rien jusqu’à ce jour.

Corneille Nangaa qui accuse aujourd’hui Félix Tshisekedi de tous les maux, n’a-t-il pas lui aussi a menti s’il a caché cet accord durant tout ce temps, alors qu’il était garant des résultats officiels. Est-il lui-même crédible pour poser cet acte, vu le rôle qu’il a joué, d’autant plus qu’il n’a jamais été dans la repentance tout en assumant ce deal s’il a existé sans pour autant le critiquer.

Ayant berné tout son monde plusieurs années durant, Corneille Nangaa sous la férule de la Rwanda Defence Force (RDF), l’armée rwandaise ; a aujourd’hui revêtu un nouveau « costume » pas à sa dimension comme rebelle à la tête d’une coalition armée composée de son Alliance Fleuve Congo (AFC) alliée à la milice ethnique terroriste tutsi rwandaise dit M23. Sur les corps des milliers des morts dans le Nord-Kivu comme le Sud-Kivu, il veut renverser les institutions démocratiques du pays pour s’emparer du pouvoir.

Ombres et rumeurs

La rumeur, relayée par une presse aux motivations douteuses et des politiciens friands de sensationnalisme, suggérerait que Kabila aurait délibérément concédé sa victoire à Tshisekedi, privilégiant la stabilité nationale et consacrant ce qui était présenté comme la première alternance démocratique véritable du pays. Pourtant, le mutisme assourdissant qui a suivi est éloquent.

Comme l’on s’en souviendrait et face aux spéculations sans fin, Félix Tshisekedi lors d’une conférence de presse à New York, en marge de la 78ème Assemblée générale des Nations-Unies avait coupé court en rejetant tout en bloc : « Il n’y a jamais eu d’arrangement entre le vainqueur de ces élections, qui est face à vous, et son prédécesseur. Je veux dire d’arrangements frauduleux. Ceux qui parlent de fraude, doivent en apporter les preuves déclarait-il.

Dans sa dernière sortie médiatique flop de tribune dans un média sud-africain qui n’aura duré que le temps d’un buzz, Kabila aujourd’hui complice des rebelles armés n’a jamais daigné confirmer ou infirmer ces allégations. Ni lui, ni ses proches collaborateurs à l’instar de Nangaa, Emmanuel Shadary, ou encore les membres de son Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) n’ont jamais apporté le moindre éclairage sur ces fameux accords.

Ce silence devient lui-même révélateur, l’histoire n’était qu’un montage sophistiqué, un mensonge audacieux destiné à manipuler l’opinion publique. Les journalistes, témoins et acteurs politiques gardent une discrétion qui frise la complicité. La vérité se cache entre les non-dits, dans les zones d’ombre d’une transition politique aussi complexe que fragile jusqu’à ce jour. On aurait voulu qu’on nous montre ce fameux Accord… malheureusement, il n’existe pas apparemment.

FNK

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