mercredi, mars 12, 2025
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La souffrance n’a pas de calendrier : Pourquoi le concert « Solidarité Congo » doit avoir lieu ?

Dans l’Est de la République Démocratique du Congo, le temps s’est figé dans une boucle infernale de violence. Chaque jour apporte son lot de déplacés, de femmes violées, d’enfants orphelins. Pendant ce temps, une polémique enfle autour d’un concert caritatif. Le « Solidarité Congo », porté par des artistes de renoms à l’instar de Gims, Youssoupha, Gazo, Angélique Kidjo et tant d’autres programmé « le 7 avril 2025 à L’Accor Arena de Paris au profit de l’UNICEF en soutien aux Enfants Victimes du Conflit à l’Est du Pays » a créé un affolement dans certains milieux rwandais de la diaspora.

De la Belgique à la France, par des courriers et autres, des nébuleux militants extrémistes tutsi financés par le régime de Kigali s’agitent dans tous les sens avec le même refrain biaisé d’il y a plus de 30 ans par des attaques virulentes en y voyant une présumée « négation du génocide ». Une accusation qui révèle davantage sur les motivations politiques de ses auteurs que sur l’intention réelle des artistes.

La souffrance humaine ne connaît pas de calendrier réservé. Elle ne s’interrompt pas par respect pour les commémorations d’autres tragédies. Elle ne demande pas la permission d’exister. À l’heure où plus de sept millions de Congolais ont été arrachés à leurs foyers, où des villages entiers sont rayés de la carte par les terroristes du M23 –soutenus par le Rwanda selon tous les rapports des Nations Unies et autres organisations de Droits de l’Hommel’urgence d’agir transcende les considérations de dates et de protocole mémoriel.

« Les Congolais n’ont-ils pas eux aussi le droit de pleurer leurs morts ? » Cette question, posée par un internaute, résonne comme un appel à l’équité mémorielle. Près de 10 millions de morts congolais en trois décennies de conflit, un chiffre qui donne le vertige et qui pourtant semble peser moins lourd dans la conscience internationale que d’autres tragédies. Comme si certaines vies valaient moins que d’autres, comme si certaines souffrances méritaient moins d’attention, moins de compassion, moins de solidarité.

Le concert « Solidarité Congo » incarne justement cette solidarité que le monde refuse trop souvent à la RDC. Il représente un cri dans le silence assourdissant de la communauté internationale face au pillage organisé des ressources congolaises et à l’agression militaire rwandaise dont le pays est victime. Chaque note jouée sera un écho aux pleurs des enfants déplacés, chaque parole prononcée un hommage aux femmes violées comme arme de guerre, chaque applaudissement une reconnaissance de l’humanité niée des victimes congolaises.

L’accusation de négationnisme brandie contre ce concert relève d’une stratégie bien rodée d’instrumentalisation politique de la mémoire. Elle vise à détourner l’attention des responsabilités actuelles du régime de Kagame à Kigali dans la déstabilisation de son voisin. Comme le souligne un défenseur du concert : « Même pour un simple concert, pour vous c’est génocide. Cela démontre clairement l’état sombre dans lequel vous vous trouvez. Vous accusez une instabilité émotionnelle et psychique grave à un stade avancé ».

La liberté d’expression artistique

La liberté d’expression artistique est un droit fondamental qui ne saurait être limité par des considérations diplomatiques ou des pressions extérieures. Gims, Youssoupha et les autres artistes ont non seulement le droit mais peut-être même le devoir moral d’utiliser leur notoriété pour attirer l’attention sur une catastrophe humanitaire largement ignorée. « Gims a tout à fait le droit de se produire et d’exprimer ses opinions », rappelle un autre internaute, ajoutant que « critiquer un leadership politique est un élément fondamental de la libre expression ».

La vraie négation, la vraie offense à la mémoire des victimes de violences, n’est-elle pas plutôt dans le silence complice face aux atrocités qui se déroulent actuellement dans l’Est de la RDC ? N’est-elle pas dans cette indignation sélective qui s’émeut pour certaines victimes mais reste muette pour d’autres ? « Vous avez le droit de réfléchir sur le génocide, mais la vie des autres ne s’arrête pas le 7 avril », remarque judicieusement un commentateur, soulignant l’absurdité d’une vision monopolistique rwandaise de la douleur.

« Ce concert représente davantage qu’un simple événement culturel. Il est un acte politique au sens noble du terme : un engagement citoyen face à l’injustice, un refus de l’indifférence, une affirmation que les vies congolaises comptent ». Dans un monde où l’attention médiatique détermine souvent l’ampleur de l’aide humanitaire, ces artistes utilisent leur influence pour braquer les projecteurs sur une tragédie trop souvent reléguée aux marges de l’actualité internationale.

Ce n’est pas le Concert « Solidarité Congo » qui devrait être remis en question, mais bien l’hypocrisie d’un système international qui tolère depuis trop longtemps le martyre du peuple congolais. Comme le résume parfaitement un internaute : « La haine mène nulle part, il est temps que la solidarité prenne le pas sur les querelles mémorielles instrumentalisées, que l’humanité transcende les frontières nationales et que justice soit enfin rendue aux millions de victimes congolaises dont les souffrances méritent tout autant notre attention que celles des autres peuples meurtris de notre planète ».

La souffrance n’a pas de calendrier, le concert « Solidarité Congo » doit avoir lieu !

© FNK pour afriwave.com

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