Après le faux départ du mardi 18 mars 2025 avec le début raté du dialogue entre le gouvernement de Kinshasa et les rebelles armés de l’AFC-M23 et le « coup de poker » du même jour avec la rencontre inattendue entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame de Doha au Qatar, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 vont enfin échanger.
C’est l’annonce choc faite par Thérèse Kayikwamba Wagner, Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, Coopération Internationale et Francophonie de la RDC lors de son Café Presse du samedi 22 mars 2025 à Kinshasa. Les deux parties ayant réaccepté de participer au dialogue organisé à Luanda par l’Angola, but de la manœuvre ; mettre fin à la violence dans l’Est du pays.
Ce deuxième coup de poker intervenait le même jour où les rebelles sous une pression constante avec les bombardements intenses des avions Sukhoi 35 et autres drones des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), annonçaient unilatéralement leur désengagement de la localité de Walikale-Centre. C’était depuis le jeudi 20 mars 2025 qu’une partie de Walikale-Centre situé à environ 400 kilomètres à l’Est de Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo ; avait été occupé par les « proxys » de l’armée rwandaise dits AFC/M23.
C’est depuis un peu plus de trois décennies que la RDC est confrontée à une succession de rébellions soutenus par ses voisins, l’Ouganda et le Rwanda en tête de gondole. Malgré les multiples « Accords de paix » signées à plusieurs reprises, le pays éprouve des difficultés à retrouver sa stabilité. Cette nième annonce est-elle un autre nième « coup de bluff » de part et d’autre pour enfin signer une paix des braves ?
L’on sait que le même jour, les rebelles de l’AFC-M23-RDF disaient se désengager en repliant leurs « forces de la ville de Walikale et ses environs » sous une pression constante avec les bombardements intenses des avions Sukhoi 35 et autres drones des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) depuis vendredi 21 mars 2025 sur l’ensemble des fronts allant du Nord-Kivu au Sud-Kivu.
A moins d’une nième malice de la part des rebelles nourris à la mamelle de l’« ubwenge » cette « culture du mensonge » rwandaise qui combine à la fois intelligence, mensonge, ruse, malignité, duplicité, dissimulation, et fourberie. Ils feront semblant de négocier tout en vous contournant par derrière et vous achever par une attaque surprise comme on l’a vécu jusqu’à maintenant.
Certes, ces négociations représentent une option majeure pour Kinshasa à cause de la pression militaire de la RDF, l’armée rwandaise sur terrain par ses affidés de l’AFC/M23 qui dicte leur agenda par des prises territoriales et des tensions comme à Minembwe et Walikale actuellement. L’armée congolaise infiltrée ne pouvant faire face efficacement à cause des traitres à la solde de l’ennemi.
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Des négociations à n’en finir…
De ces dialogues sans fin, celle directe finalement annoncée avec les « terroristes » de l’AFC/M23 a franchi la ligne rouge que s’était fixée le gouvernement congolais et qui apparemment n’existe plus. Est-ce un tournant majeur pour une paix des braves, lorsque l’on sait que chacune des parties a ses exigences dans cette recherche pour le retour de la paix afin de mettre fin un temps soi-peu aux souffrances de la population selon la ministre Kayikwamba.
L’annonce de ces négociations directes intervient aussi dans un contexte des sanctions prises lundi 17 mars 2025 par l’Union européenne contre des responsables du M23 ainsi que les officiers rwandais accusés de déstabiliser l’Est du Congo. Parmi eux, Bertrand Bisimwa, le chef politique du mouvement rebelle ; une situation qui avait fait rougir les rebelles qui annonçaient du coup leur non venue à Luanda.
Conflit dans l’Est de la RD Congo : l’Union européenne sanctionne 9 individus et entité [URGENT] https://www.afriwave.com/2025/03/17/conflit-dans-lest-de-la-rd-congo-lunion-europeenne-sanctionne-9-individus-et-entite-urgent/
De Lusaka en Zambie à Sun City en Afrique du Sud, de Nairobi au Kenya en passant par Luanda en Angola ; des négociations politiques à n’en finir entre les différents régimes de Kinshasa de deux Kabila à Tshisekedi et les rebellions armées ont toujours eu lieu sans qu’une vraie stabilité ne s’installe durablement dans le pays.
Qui ne se souvient pas de cette humiliation infligée au Maréchal Mobutu par Laurent Désiré Kabila le 14 mai 1997 sur le navire de guerre sud-africain Outeniqua au large de Pointe Noire au Congo-Brazzaville. Une dernière tentative de médiation sud-africaine menée par Nelson Mandela ne mènera à rien, trois jours plus tard soit le 17 mai 1997 ; les troupes rwandaises faisaient leur entrée dans Kinshasa pour offrir le pouvoir à Laurent Désiré Kabila, chassant ainsi Mobutu qui mourut quelques mois plus tard, le 06 septembre 1997 en exil au Maroc. Et depuis lors, c’est une véritable saga du désordre politique qui a élu domicile dans le pays ; le plongeant un peu plus chaque jour qui passe dans une instabilité permanente.
Du Dialogue inter congolais en Afrique du Sud à Sun City entre le pouvoir de Joseph Kabila et les factions rebelles armées pour mettre fin à la partition du pays avec la deuxième guerre du Congo d’août 1998, encore une fois suscité par le Rwanda avec le RCD-Goma. Une dizaine d’année plus tard, n’est-on pas bis repetita revenu à la case départ avec la signature en décembre 2013, par le même régime Joseph Kabila sous la médiation du nigérian Olusegum Obasanjo de l’accord avec les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), un groupe rebelle actif dans les deux provinces du Nord et Sud Kivu de 2006 à 2009.
Une fois encore piloté par le Rwanda, le CNDP dirigé par Laurent Laurent Nkunda, de son vrai nom Laurent Nkundabatware Mihigo réfugié au Rwanda depuis plus d’une dizaine d’années. N’est-ce pas le CNDP d’hier qui est le géniteur du M23 dont on parle aujourd’hui depuis le retour de sa rébellion armée en 2023 ?
La grande équation qui demeure est celle de savoir « A quand la paix véritable pour le Congo et sa population dans l’Est du pays ? ». Surtout lorsque l’on sait que depuis le début de l’année 2025, les deux villes capitales du Nord-Kivu, Goma, et du Sud-Kivu, Bukavu ; sont occupées par l’armée rwandaise.
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Roger DIKU et Thaddée Luaba Wa Ba Mabungi pour afriwave.com
